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Iran-Israël : les diplomaties secouées par le spectre nucléaire de Téhéran

(Rome, Paris, 14 avril 2024). Après l’attaque iranienne contre Israël (pratiquement annoncée et de fait déjouée) c’est le spectre nucléaire qui agite désormais les diplomaties. L’escalade redoutée, avec des alliés exhortant Tel-Aviv à ne pas répondre à l’attaque, pourrait venir de là selon certains analystes occidentaux. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que Téhéran a fait des progrès depuis 2018, lorsque Washington, sous l’administration Trump, s’est retiré de l’accord sur le contrôle de l’ONU de l’énergie atomique iranienne signé en 2015 à Vienne avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni, en plus des États-Unis, ainsi que de l’Allemagne et l’UE. Selon le Wall Street Journal, il est en effet aujourd’hui le seul acteur au monde ne disposant pas d’un arsenal nucléaire capable « d’enrichir l’uranium à 60 % ». Et bien qu’il ne semble pas avoir franchi le dernier kilomètre vers la reprise des opérations d’assemblage de bombes concrètes, comme le confirme la dernière mise à jour du rapport annuel du renseignement américain, il est considéré comme capable de disposer du combustible nucléaire « presque prêt » pour pas moins de trois bombes atomiques, écrit «Il Fatto Quotidiano».

Une perspective inacceptable pour Israël, selon les termes de Netanyahu, qui depuis longtemps, évoque la nécessité d’une solution militaire définitive face à une menace présentée comme potentiellement « existentielle » pour Israël. Bien que, dans le passé, il ait également été freiné sur le front intérieur par les dirigeants militaires et du renseignement israéliens, convaincus de l’impossibilité de réussir sans l’implication militaire directe dans la guerre du grand frère d’outre-mer. Un précédent souvent rappelé par les médias israéliens est d’ailleurs celui de la frappe menée en 1981 par des avions à réaction portant l’étoile de David sur le réacteur de la centrale électrique d’Osirak (Tammouz) en Irak, cœur des projets nucléaires attribués au régime de Saddam Hussein, alors au pouvoir à Bagdad.

Mais pour l’Iran, les choses sont plus complexes, note Daniel E. Mouton, analyste militaire au «Scowcroft Middle East Security Initiative», avertissant que sans l’aide américaine (loin d’être acquise après l’absence d’avertissement de Netanyahu à Joe Biden concernant le raid sur Damas) Israël aurait du mal à sortir l’araignée du trou. Même en alignant tous ses appareils F-35, F-15 et Jericho-2 ou Jericho-3, décrits par le «London Telegraph» comme ses meilleures cartes actuelles à moyenne ou longue portée, avec respectivement 1.500 kilos de capacité explosive et 3.500 kilomètres de portée, et avec 750 kilos et 6.500 kilomètres.

Armes testées en 2022 dans un vaste exercice ad hoc conçu précisément sur le scénario d’une éventuelle attaque à longue distance contre des cibles iraniennes, comme le soulignait alors chef d’état-major des forces israéliennes (Tsahal), le général Aviv Kochavi. Et cela s’est encore manifesté plus récemment dans le cadre d’une simulation d’alerte coordonnée avec les États-Unis et Chypre, où se trouve une base cruciale de la RAF britannique en Méditerranée orientale. Des armes que l’Iran peut contrer avec une production et un stock désormais massifs de drones et de missiles balistiques. Mais surtout, une dispersion d’installations militaires, aériennes, de renseignement et nucléaires indiquées par les médias comme d’hypothétiques cibles clés. Des installations protégées ou cachées comme les réacteurs de recherche de Bonab, de Ramsar et de Téhéran ; l’usine de production d’eau lourde d’Arak ; la centrale électrique de Bouchehr (Cette dernière construite en son temps avec la coopération de la Russie et au centre de controverses récurrentes sur de prétendues inspections internationales, en partie démenties) ; ou la mine d’uranium de Gachin ; ainsi que l’usine de conversion d’Ispahan et les laboratoires d’enrichissement de Natanz, Qom ou Fordow. Ce dernier étant enterré comme un bunker dans les profondeurs de la terre persane.

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