Benyamin Netanyahu bombarde Damas, mais le message est destiné à Joe Biden

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(Rome, Paris, 1er avril 2024). Comme cela apparaît clairement depuis des mois, le seul pays du Moyen-Orient qui ne craint pas une aggravation du conflit est Israël. Parce qu’il peut se prévaloir d’une supériorité militaire claire et évidente. Mais comme Téhéran a pour mandataires les Houthis du Yémen, le Hezbollah du Liban et le fragile régime syrien de Bachar al-Assad, l’État hébreu a pour mandataires les États-Unis, autrement dit, la première puissance mondiale. Cette dernière qui «donne» chaque année à l’État hébreu 4 milliards de dollars en armes. La même qui, en jouant avec les résolutions de l’ONU, fait gagner du temps à la guerre de Netanyahu. La même qui, depuis 1967 accompagne la politique israélienne d’expansion des colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés, rendant ainsi impossible la fameuse solution «deux peuples, deux États» dont elle se contente aujourd’hui d’en parler, écrit Fulvio Scaglione dans «Inside Over».

C’est dans ce contexte que s’explique le dernier raid israélien sur la capitale syrienne Damas, où un bâtiment de l’ambassade iranienne a été bombardé, tuant six personnes, dont Mohammed Reza Zahedi, un officier supérieur des forces d’Al Qods, les soi-disant pasdarans iraniens. Les premiers rapports indiquent que l’incursion était planifiée pour éviter de toucher l’ambassadeur iranien. Mais ce n’est pas la question. Au-delà de la « satisfaction » de frapper un représentant d’un régime ennemi, cette énième incursion en Syrie n’a pas grand-chose à voir avec la crise de Gaza. Les services secrets américains, alors entendus par le Sénat, ont exclu ce que tout le monde était enclin à penser, à savoir que la main de l’Iran était à l’origine du massacre organisé par le Hamas le 7 octobre dernier. Et ce ne sont certainement pas les forces iraniennes présentes en Syrie, malgré toute leur hostilité envers Israël, qui influencent les opérations en cours à Gaza.

Plus intéressant encore, cette opération s’est déroulée alors que les protestations contre le gouvernement d’extrême droite dirigé par Netanyahu se multipliaient en Israël. Pour la deuxième journée consécutive, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer des élections anticipées, qui seraient le moyen de se débarrasser enfin du Premier ministre Netanyahu. Une ville de tentes a surgi devant le Parlement à Jérusalem pour appeler les législateurs à une stratégie politique différente. Et le Forum des familles des otages a mis en garde les négociateurs qui font la navette entre le Qatar et l’Egypte de ne pas retourner en Israël sans un accord prévoyant la libération de leurs proches toujours détenus par les terroristes du Hamas. Les États-Unis qui voudraient se débarrasser de Netanyahu sans avoir à revenir sur la politique aveuglément pro-israélienne qu’ils ont maintenue au cours des dernières décennies, ont clairement fait comprendre par tous les moyens que l’assaut contre Rafah devait être évité. Parce que cela provoquerait une avalanche de victimes parmi les civils et, selon nous, parce que cela mettrait en danger l’équilibre déjà précaire de l’Égypte, un pays économiquement pénalisé en raison des stratégies inertes des militaires qui contrôlent les finances de l’État et qui, si le pays était contraint d’accueillir un million et demi de Palestiniens fuyant la bande de Gaza, risquerait de voir exploser le Sinaï, déjà en proie au djihadisme, de tribalisme et à des rébellions hétéroclites.

Ces bombes sur Damas sont donc avant tout un avertissement que l’Israël de Netanyahu (clairement voué à l’échec dans l’idée «d’éradiquer le Hamas», dépourvu d’un véritable plan stratégique pour l’après-guerre, contesté à l’extérieur et déchiré à l’intérieur) lance aux États-Unis, étant donné que l’UE ne compte pas : ne nous abandonnez pas, n’essayez pas de prendre vos distances, ne pensez même pas à prendre des mesures pour nous arrêter. Sinon, nous ferons tout sauter et à ce moment-là, vous serez vraiment obligés de vous lancer dans la mêlée pour nous défendre. Cher Biden, ouvrez vos oreilles : vous souciez-vous de votre réélection ? Voulez-vous vous présenter aux élections de novembre comme le président qui a trahi les 7 millions de Juifs d’Israël et les 7 millions de Juifs des États-Unis ? Cela vous convient-il ?