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L’œil de Poutine sur l’Occident. D’abord l’Ukraine, ensuite l’Europe

(Paris, Rome, 20 janvier 2024). Alors que les rapports des agences de renseignement sur d’éventuels scénarios d’escalade se multiplient, l’OTAN et l’Union européenne se préparent au pire des scénarios. Pendant ce temps, la rhétorique russe à l’égard des pays Baltes devient de plus en plus prononcée

L’Ukraine n’est qu’un début. L’alerte lancée par plusieurs agences de renseignement européennes est sans équivoque : la Russie de Vladimir Poutine regarde déjà vers l’Europe. Les estimations divergent, les services de Tallinn prévoyant une action offensive à caractère militaire dans un délai allant de trois à cinq ans, tandis que les services allemands parlent plutôt d’une éventuelle attaque à l’été 2025. Quant aux services de renseignement britanniques, ils partagent d’ailleurs des craintes similaires. Ces risques sont évidemment pondérés par certaines variables, telle que l’évolution du conflit actuellement en cours entre Kiev et Moscou et l’issue des élections américaines ; le pire des scénarios qui reste néanmoins à prendre en compte, écrit Lorenzo Piccioli dans «Formiche.net».

C’est le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius qui souligne le danger de la situation : « Nous entendons presque tous les jours des menaces de la part du Kremlin… nous devons donc tenir compte le fait que Vladimir Poutine pourrait attaquer un pays de l’OTAN à l’avenir », tout en précisant que pour l’heure cette éventualité reste toutefois « peu probable ». Quelques jours plus tôt, l’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, avait souligné la nécessité d’une « transformation de l’OTAN en temps de guerre » afin d’«être pleinement efficace aussi à l’avenir». Bauer a souligné que nous vivons « une époque dans laquelle nous devons nous attendre à l’inattendu » et que « nous sommes confrontés au monde le plus dangereux de ces dernières décennies ».

Ce qui est effrayant, ce n’est pas seulement l’affirmation militaire renouvelée de Moscou, mais aussi la rhétorique promue par ses dirigeants. Tant dans les petites choses, comme le choix d’utiliser des phrases ambiguës dans les affiches de propagande diffusées dans tout le pays à l’approche des élections, que dans les grandes choses, comme l’utilisation de tons particulièrement hostiles et agressifs en référence à un hypothétique recours à son arsenal nucléaire.

Avec cette menace qui se profile à l’horizon, quelque chose commence à bouger en Europe. « Après la guerre en Ukraine, nous devons repenser toute notre base industrielle et de Défense, non seulement du point de vue militaire mais aussi du point de vue de l’interopérabilité des armées des pays membres », a ainsi déclaré la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l’occasion de l’annonce de la nouvelle stratégie européenne de défense, prévue pour mars de cette année. Il s’agit d’une étape fondamentale dans le processus le plus large de préparation militaire et de réalisation de l’autonomie stratégique, un objectif qui, compte tenu des données disponibles, est encore loin d’être atteint.

Entre-temps, l’Alliance atlantique se prépare à effectuer le plus grand exercice militaire depuis la guerre froide. «Steadfast Defender 2024» sera entièrement articulé autour du scénario d’une escalade militaire avec la fédération de Russie le long des frontières orientales de l’Alliance, et en particulier dans la zone qui comprend la Pologne et les pays baltes.

Récemment, c’est précisément contre ces pays que les dirigeants de Moscou ont concentré leur attention : comme le souligne l’Institut pour l’étude de la guerre, le président russe lui-même, à travers ses récentes interventions, a considérablement amplifié les efforts déployés de longue date par le Kremlin visant à créer les conditions nécessaires à de futures escalades contre les pays baltes, probablement dans le cadre d’un effort plus large visant à affaiblir l’OTAN. Et ce sont précisément les pays baltes qui pourraient être le théâtre de la prochaine aventure militaire de la Fédération de Russie.

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