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Les raisons pour lesquelles le Hezbollah fait monter la tension avec Israël (et l’Italie)

(Rome, Paris, 30.12.2023). Les miliciens libanais pro-iranien savent que dans la phase d’opérations qui suivra l’invasion de la bande de Gaza, ils seront également au centre de la ligne de mire israélienne. C’est pourquoi ils font monter la tension et les menaces

Le Hezbollah est nerveux. Le Parti de Dieu sait que si Israël entre dans une nouvelle phase opérationnelle, concluant l’invasion à grande échelle de la bande de Gaza en quelques semaines et démarrant une campagne incessante d’éliminations ciblées, alors les cibles de Tsahal incluront non seulement les miliciens palestiniens du Hamas, mais aussi ceux du Liban. C’est pourquoi il réagit en rugissant, menace d’étendre les combats et tente de maintenir une image de force associée à un message adressé principalement vers l’intérieur, où le consensus est totalement idéologique et doit être maintenu par les besoins de la propagande, nous explique Emanuele Rossi dans le journal «Formiche».

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C’est dans cette perspective qu’il faut lire les provocations de Naïm Qassem, religieux libanais et commandant en second avec le titre de Secrétaire général adjoint du Hezbollah, qui accuse, entre autres, l’Italie de faire partie de ce qu’il appelle la «coalition du mal». Il fait référence aux activités de sécurité maritime en mer Rouge visant à endiguer la déstabilisation du trafic commercial produite par les Houthis.

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Le nommé «Cheikh Naïm» Qassem sème le chaos en affirmant qu’«il est nécessaire de former un front uni, contre la «coalition du mal» représentée par l’Amérique, Israël, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Allemagne, avec la «coalition du bien» des forces de la résistance anti-israélienne en Palestine, au Liban, en Iran, au Yémen et en Irak ». Le leader chiite libanais (pro-Iran) évoque l’Axe de la Résistance, le groupement idéologique dirigé par l’Iran dont le Hezbollah se perçoit comme un modèle et le point de référence, compte tenu des succès en termes de consensus au Liban et de sa capacité opérationnelle militaire.

Jusqu’à présent, le Hezbollah a tenté de maintenir son engagement contre (l’ennemi sioniste, Ndlr) Israël à un double niveau : sur le plan rhétorique, il continue à proférer des menaces et à faire des déclarations belliqueuses continues ; sur le plan pratique, cependant, il a évité de s’impliquer ouvertement, restant à un niveau d’intensité moyenne. Il a tiré des roquettes de manière quasiment constante depuis le 7 octobre jusqu’à aujourd’hui, mais dans son discours tant attendu une fois la guerre déclenchée, le plus haut dirigeant, Hassan Nasrallah, a placé le groupe à un pas du théâtre de la guerre. Implication spirituelle, soutien narratif, mais pas d’entrée en guerre, et assistance technique et logistique limitée.

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Comme l’a également souligné Téhéran, la guerre est une affaire entre Israéliens et Palestiniens, dans laquelle l’Axe apporte son soutien contre l’ennemi existentiel, l’État hébreu, mais pour l’heure, il ne se bat pas de jure. À tel point que même Israël ne considère pas les activités militaires dans le sud du Liban comme des attaques du Hezbollah, bien qu’elles le soient de facto. En effet, les opérations militaires n’ont pas concerné ce territoire, où les Israéliens n’ont cependant pas renoncé à certaines ripostes à l’artillerie et ont, surtout, mené des raids aériens.

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La campagne d’attaques ciblées contre les positions de l’Axe est en partie déjà en cours, elle implique non seulement la bande de Gaza, mais aussi la Syrie et le Liban, elle peut potentiellement atteindre l’Irak et s’étendre d’une manière ou d’une autre au Yémen. De hauts responsables de l’administration Biden en parlent déjà avec leurs homologues israéliens et arabes, et le secrétaire d’État fera de même lors de sa prochaine tournée au Moyen-Orient. Les États-Unis pourraient participer avec une plus grande présence à la prochaine phase (dont le calendrier n’est pas formellement fixé).

D’autre part, c’est une chose de soutenir la légitimité et le droit de l’invasion de la bande de Gaza, dans laquelle les morts dépassent vingt mille et au moins six cent mille civils se trouvent dans des conditions humanitaires complexes, comme en témoigne l’appel téléphonique agacé de Joe Biden à Benyamin Netanyahu qui fait la une des journaux ; C’en est une autre, qui consiste à participer à des initiatives contre un axe terroriste qui met la région en crise. Washington, par exemple, estime qu’en mer Rouge et en mer d’Oman, il est nécessaire de passer d’une ligne purement défensive à des actions offensives contre les positions des Houthis. Il s’agirait d’une dynamique peu coûteuse et sur laquelle il ne serait pas impossible de trouver un large consensus au sein de la communauté internationale.

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Hier ont eu lieu les funérailles de Razi Moussawi, le général de la Force Al-Qods (unité d’élite des Pasdaran) tué lors d’un raid israélien en Syrie. Étaient présents aux funérailles le commandant en chef des Pasdaran, Hossein Salami, le chef de la Force Al-Qods, Esmail Qaani, et son adjoint, et même le guide suprême Ali Khamenei (accompagné de son fils Mostapha) a béni le cercueil. Les dirigeants iraniens envoient un message d’unité, mais ne cachent pas leur tension pour la suite.

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