Ce qui nous attend en 2024: des guerres aux élections

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(Rome, Paris, 30.12.2023). Les combats se poursuivent en Ukraine et en Israël. La paix semble être un mirage. De grandes attentes pour les deux rendez-vous électoraux les plus importants : les élections du Parlement européen (début juin) et celles pour choisir le nouveau président des Etats-Unis

Que sera 2024 ? Pour tenter une réponse, il faut évidemment partir des questions non résolues, en premier lieu les deux guerres les plus importantes (parmi bien d’autres dans le monde), celle en Ukraine et celle au Moyen-Orient. Il y aura ensuite deux événements électoraux cruciaux, les élections du nouvel occupant de la Maison Blanche et celles pour le renouvellement du Parlement européen.

La guerre dans la bande de Gaza

Tout a commencé à l’aube du 7 octobre 2023. Les terroristes du Hamas, par le biais d’une déclaration de leur commandant Mohammed Deif, ont annoncé le début de l’opération «Déluge d’Al-Aqsa», lançant une attaque massive aux missiles depuis la bande de Gaza vers Israël. Dans le même temps, les terroristes ont attaqué des postes militaires israéliens gardant la frontière, détruisant des tours de surveillance et pénétrant dans la barrière de séparation située à la frontière. Environ 2.500 terroristes du Hamas sont entrés sur le territoire israélien avec des moyens motorisés (y compris des deltaplanes). Un véritable film d’horreur, avec des enfants, des personnes âgées, des femmes et des civils sans défense, victimes de la brutalité du Hamas. Le bilan s’élève à 1.140 Israéliens tués lors de l’attaque du 7 octobre, au cours de laquelle 250 personnes ont également été enlevées. Aujourd’hui encore, plusieurs otages sont aux mains des terroristes palestiniens. La réponse d’Israël ne s’est évidemment pas fait attendre : jusqu’à présent, elle a causé la mort d’au moins 21.320 Palestiniens (selon les données publiées par le Hamas). Les civils ont été contraints de se déplacer vers le sud. La guerre se poursuit et il est actuellement impossible d’en prédire la fin. Personne n’est prêt à céder d’un pouce et la présence, en coulisses, d’autres forces internationales (comme l’Iran qui a toujours soutenu le Hamas), laisse penser que le Moyen-Orient est, aujourd’hui plus que jamais, une poudrière prête à exploser. Parvenir à limiter le conflit dans cette zone serait déjà une importante réussite. Mais la paix semble pour l’instant n’être qu’un mirage, nous explique Orlando Sacchelli dans son décryptage dans le quotidien «Il Giornale».

La guerre en Ukraine

Le 24 février prochain marquera deux ans de guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cette date coïncide avec l’invasion russe, bien que le conflit russo-ukrainien soit en réalité un affrontement politico-diplomatique (ainsi que territorial) avant d’être militaire, qui a débuté de facto en février 2014. L’aggravation des affrontements ces dernières semaines n’est pas de bon augure. Il va sans dire que tout dépendra de l’aide que l’Union européenne et les Etats-Unis garantiront (ou non) à Kiev. Ce n’est qu’à cette condition que l’Ukraine pourra continuer à se défendre. Le récent rejet des nouveaux crédits, décidés par le Congrès américain à la demande des républicains, constitue un sérieux avertissement pour Kiev. Si les États-Unis abandonnaient l’Ukraine à son sort, ce serait une victoire certaine pour Poutine. Et il en sera de même si les États-Unis et l’Union européenne obligent Kiev à accepter une négociation avec Moscou, en cédant une partie de son territoire (le Donbass). Poutine pourra revendiquer la victoire. Une guerre sans fin est évidemment impensable. Tôt ou tard, les acteurs devront s’arrêter et s’asseoir autour d’une table. Nous verrons dans quelles conditions. Évidemment, abandonner certaines terres mais rejoindre l’UE (et l’OTAN) serait peut-être acceptable pour Kiev. Mais pas pour Moscou. Pour continuer à se défendre, Volodymyr Zelensky a besoin d’argent (mais aussi de promesses). Le rêve d’adhésion à l’UE est important et constitue sans aucun doute une aide notable pour le président ukrainien. Mais les 50 milliards d’euros d’aide d’abord promise par Bruxelles, puis gelés en raison du veto du président hongrois Viktor Orban (même si d’autres pays ne mouraient pas d’envie de l’accorder) étaient un mauvais signe pour l’Ukraine, qui s’est vu refuser même les 6,2 milliards de dollars demandés par le président Joe Biden.

Les élections européennes

Du 6 au 9 juin 2024, les citoyens européens voteront pour élire le nouveau Parlement européen. Le vote sera décisif pour déterminer quelles forces politiques composeront la nouvelle Commission européenne. Selon les derniers sondages, la majorité actuelle (les forces du PPE, les libéraux et les sociaux-démocrates) devrait conserver son leadership, mais le soutien d’une autre force pourrait être nécessaire. Laquelle ? Tout reste à découvrir. Les partis politiques d’extrême droite anti-UE, qui font partie du groupe «Identité et Démocratie» (ID) au Parlement européen, remporteraient 87 des 705 sièges si le vote avait lieu aujourd’hui (ils en contrôlent actuellement 60). L’ID est composé, entre autres, du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, en tête des sondages en France, du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AFD), en deuxième position dans les sondages allemands, et de la «Ligue» de Matteo Salvini. «Fratelli d’Italia», le parti de Giorgia Meloni, pourrait choisir de soutenir la nouvelle majorité de centre droit. Mais il n’est pas encore certain que cela se produira, cependant FDI et Forza Italia, comparés à la «Ligue», sont certainement dans des camps différents. Les sondages prédisent l’effondrement électoral des Verts, voués à chuter de 72 à 52 sièges, et le recul du groupe libéral «Renew», qui pourrait passer de 101 sièges actuels à 89. Le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit pourrait rester la principale force politique, obtenant pratiquement le même nombre de sièges qu’aujourd’hui, soit 175, contre 141 pour les socialistes. Sur la base de ces chiffres, une nouvelle coalition pro-européenne composée du PPE, des socialistes, démocrates et des libéraux pourrait voir le jour.

Les élections présidentielles aux États-Unis

Le 5 novembre 2024, les citoyens américains éliront le nouvel occupant de la Maison Blanche. Il s’agira de la 60e élection présidentielle de l’histoire des États-Unis. Le président actuel, Joe Biden, et le vainqueur des primaires du Parti républicain seront en compétition. Le grand favori est l’ancien président Donald Trump. Mais il faudra voir comment les choses évolueront sur le plan judiciaire pour le magnat, qui a des procédures en cours contre lui. Reste par ailleurs à savoir comment la Cour suprême jugera, en début d’année, la question de l’inéligibilité soulevée par les cours suprêmes de certains États (Colorado et Maine), faisant appel à l’article numéro trois du 14e amendement. Approuvée en 1868, cette règle (de rang constitutionnel) prescrit l’interdiction des fonctions publiques à toute personne ayant participé à une rébellion ou à une insurrection. Trump est pointé du doigt, le tenant pour responsable – de fait – de la prise d’assaut du Capitole survenu le 6 janvier 2021. Faire chauffer les moteurs, en cas de problèmes insolubles pour Trump, c’est le gouverneur de Floride (et ancien dauphin de Trump) Ron DeSantis et l’ancienne ambassadrice américaine auprès des Nations Unies Nikki Haley.

L’immigration

Certains facteurs macroéconomiques mondiaux (notamment l’inflation et la récession) pourraient avoir des conséquences importantes sur les conditions socio-économiques de certaines populations, avec une éventuelle augmentation des flux migratoires vers l’Europe. Les «voyages de l’espoir» vont probablement se multiplier en Méditerranée orientale et centrale, ainsi qu’à partir des frontières extérieures de l’UE. Le nouveau Pacte européen sur la migration et l’asile, celui qui, (pour être clair) a envoyé à la poubelle le règlement de Dublin, mettant noir sur blanc une plus grande solidarité entre les États membres, sera mis à l’épreuve des faits. Nous verrons si cela fonctionne ou non. Pour certaines organisations humanitaires, il s’agit d’ériger de nouveaux murs, et d’abolir les droits de l’homme. Mais l’accueil sans limite est difficile à maintenir, dans l’intérêt même de ceux qui émigrent.

Les défis du gouvernement italien

Face à une opposition de plus en plus divisée qui peine à créer une alternative viable, la majorité est appelée à relever un défi important : donner une continuité à son action gouvernementale, en respectant les engagements pris et, si possible, en mettant en œuvre les réformes souhaitées. En premier lieu, la réforme institutionnelle, visant à renforcer les pouvoirs de la Première ministre. Sans oublier pour autant la réforme de la justice, attendue depuis des années. Par ailleurs, il faudra trouver les ressources nécessaires pour rendre structurelles les réductions d’impôts et l’abaissement du coin fiscal, financées seulement pour un an à partir de la dernière mesure financière. Il est inutile de cacher que les résultats des prochaines élections européennes auront une certaine importance, soulignant le rapport de force des pouvoirs entre les différentes forces politiques, compte tenu également de la nouvelle majorité qui soutiendra le nouvel exécutif européen.