«Il y aura une attaque nucléaire russe contre l’OTAN», prédit un ancien analyste de la CIA

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(Rome, Paris, 22.12.2023). Selon un ancien analyste de la CIA, il est «très probable» que Poutine décide de lancer une attaque nucléaire contre un pays de l’OTAN

Joe Biden a tort de ne pas prendre au sérieux les menaces nucléaires de Vladimir Poutine en se focalisant sur le mauvais scénario. En effet, il est «très probable» que le Tsar puisse lancer une attaque atomique contre un pays membre de l’OTAN. C’est le sens du discours inquiétant de Peter Schroeder, ancien analyste de la CIA et expert en politique étrangère russe du «Center for a New American Security», qui vient d’être publié sur le site de la revue «Foreign Affairs». Une analyse qui jette une ombre lugubre sur une éventuelle escalade de la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine, nous explique Valerio Chiapparino dans le quotidien «Il Giornale».

« Nous n’avons aucune indication que Poutine ait l’intention d’utiliser des armes de destruction massive, et encore moins des armes nucléaires », a déclaré en janvier John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis. Le recours à l’arsenal atomique est « très improbable », répétait quelques mois plus tard Avril Haines, directrice du renseignement national et ancienne directrice de l’agence «Langley». Ce sont quelques-unes des déclarations citées et contestées, dans son article, par Peter Schroeder qui estime que même l’actuel chef de la CIA, William Burns, n’a pas pleinement compris les plans de Poutine. Le chef du renseignement américain affirme notamment que le président russe use d’une rhétorique intimidante sans vouloir donner suite à ses propos.

Les responsables de l’administration Biden et le président lui-même considèrent comme plus crédible une attaque nucléaire contre l’Ukraine mais selon Schroeder la menace la plus réaliste serait plutôt celle d’une attaque menée à l’arme nucléaire contre un pays de l’OTAN, en premier lieu la Pologne. Un scénario catastrophe qui, selon les dispositions du traité fondateur de l’organisation, entraînerait l’ensemble de la coalition occidentale dans un conflit direct avec la Russie. « Poutine ne craint pas une impasse nucléaire et se considère comme le seul capable de gérer une telle crise », résume l’expert.

Selon Schroeder, la possibilité d’une attaque conventionnelle contre l’un des pays du Pacte atlantique ne peut pas non plus être exclue. Dans ce cas, Moscou agirait rapidement, laissant aux États-Unis une marge de manœuvre limitée. Le Kremlin aurait conclu que les Américains ne seraient pas disposés à payer un prix élevé pour l’Ukraine, qui est pourtant au cœur de la politique russe actuelle.

L’ancien analyste de la CIA estime toutefois que le scénario catastrophe n’est pas « imminent » et qu’il serait donc encore possible d’intervenir pour l’éviter. À cette fin, Washington devrait adopter « des politiques visant à renverser le processus décisionnel russe », de sorte que si Poutine s’engageait dans la voie de l’escalade, il se heurterait à une résistance interne. Établir des contacts directs avec des responsables moscovites opposés aux initiatives inconsidérées du Tsar devient vital, et même si ces dernières années le dialogue entre les deux pays s’est rompu, pour Schroeder le moment est venu d’ouvrir un canal de communication avec une partie des dirigeants et de l’élite russe, tout en impliquant des pays neutres pour délégitimer l’utilisation des armes nucléaires par le Kremlin. Toutefois, pour que cela fonctionne, le plan de l’ancien analyste de la CIA doit être mis en œuvre dès maintenant. Poutine a peut-être déjà amorcé le compte à rebours.