(Rome, Paris, 31.07.2023). Une enquête du parquet d’Agrigente tente de faire la lumière sur un phénomène nouveau qui concernerait principalement d’anciens pêcheurs tunisiens qui se consacreraient désormais aux activités criminelles les plus rémunératrices
La Méditerranée pourrait être à nouveau traversée par des pirates, comme aux siècles passés. Une enquête du parquet d’Agrigente (une ville située au centre de la côte sud de la Sicile) tente de faire la lumière sur ce phénomène qui, pour l’heure, semble concerner principalement les barges chargées de migrants, attaquées et pillées lors de leurs trajets d’espoir vers les côtes européennes. Les investigations, à l’heure actuelle, ont abouti à l’arrestation de quatre personnes, un capitaine et trois membres de son équipage, tous originaires de Tunisie. Selon les hypothèses des enquêteurs, les pêcheurs se seraient recyclés, se consacrant à l’activité plus lucrative de la piraterie maritime, pillant les nombreuses petites embarcations qui continuent de partir des côtes de Sfax, en Tunisie, avec à leur bord, pour la plupart, des migrants sub-sahariens et des Asiatiques, rapporte le quotidien «Europa Today».
Ces agressions mettent gravement en danger la vie des personnes qui tentent de traverser le Canal de Sicile, et c’est pourquoi le parquet d’Agrigente a mis en place (autour d’une table) un groupe technique chargé d’enquêter sur le phénomène afin d’étudier le retour de la piraterie en Méditerranée centrale. « Pour la première fois, sur la célèbre route migratoire de la Méditerranée centrale, les suspects sont accusés de crime de piraterie maritime, prévu par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer », a souligné le procureur général par intérim, Salvatore Vella. « Il y a plusieurs bateaux de pêche qui pillent, avec de véritables barrages navals, les petites embarcations chargées de migrants. Les pirates emportent les bien les plus précieux, c’est-à-dire le moteur de la ‘charrette’, qui de ce fait reste à la dérive, mais aussi de l’argent liquide et des téléphones mobiles, en d’autre terme, ce qui est nécessaire pour appeler à l’aide et au secours », a déclaré Vella, comme le rapporte «Agrigento News».
Les membres d’équipage arrêtés auraient, en effet, menacé les migrants avec des couteaux, leur barrant le passage et leur ordonnant de remettre leur argent et leurs téléphones portables. Les quatre interpellés étaient accusés par certains rescapés du naufrage survenu le 23 juillet dernier, dans les eaux maltaises, au cours duquel cinq personnes, dont un enfant, avaient disparu. 37 migrants, originaires de Côte d’Ivoire, de Gambie, de Guinée et du Cameroun, ont été débarqués à Lampedusa. Seize d’entre eux ont été transportés à l’hôpital pour des brûlures et d’hypothermie. Ces migrants ont déclaré être partis de Sfax en Tunisie. Le petit bateau sur lequel voyageaient les migrants, selon leurs témoignages, a chaviré après avoir été abordé par un bateau de pêche tunisien qui a tenté de voler son moteur.
L’histoire de la tentative de vol n’était pas nouvelle pour les enquêteurs et pour les procureurs, car déjà fin avril dernier une fillette de quatre ans est tombée à la mer et s’est noyée parce que le bateau avait été arraisonné par un bateau de pêche tunisien qui avait tenté de voler le moteur. Comme le rappelle l’agence «ANSA», la première fois que des migrants ont parlé de vol, c’était le 26 mars. Puis un bateau de sept mètres, avec 42 personnes à bord, avait alors été retrouvé à la dérive, sans moteur et les migrants ont parlé d’un bateau de pêche tunisien dont l’équipage avait volé le moteur. Près de la moitié des petites embarcations secourues sont dépourvus de moteur. En Méditerranée il y aurait de véritables gangs de Tunisiens, à bord des bateaux de pêche, qui volent puis revendent les moteurs des petites embarcations à d’autres contrebandiers.