(Rome, Paris, 28.07.2023). Fabio Minniti, directeur du bureau de Niamey de l’Agence italienne de coopération au développement (AICS), s’adressant à l’agence de presse «AGI», 48 heures après le coup d’État militaire qui a renversé Mohamed Bazoum
«Une grande confusion règne au Niger. Le président est détenu au palais présidentiel. La situation est toujours convulsive et tendue, il est donc tôt pour émettre des hypothèses sur les scénarios futurs. En effet, une première lecture pourrait dire que le dernier bastion de la région du Sahel, tombe», s’est ainsi adressé à l’agence «AGI», Fabio Minniti, directeur du bureau de Niamey de l’Agence italienne de coopération au développement (AICS), 48 heures après le coup d’État militaire qui a déposé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, comme rapporté par Veronique Viriglio.
Le responsable, actuellement hors du pays africain, est en contact téléphonique permanent avec les personnels italien et nigérien de garde, « qui se trouvent chez eux depuis mercredi ». Revenant sur les événements récents, l’interlocuteur rapporte que « mercredi, vers 10 heures, l’ambassade d’Italie nous a informés que de mouvements anormaux se déroulent autour du palais présidentiel. Nous avons organisé la fermeture du bureau de l’AICS et le personnel nigérien et italien est rentré chez lui. Nous nous sommes coordonnés avec l’ambassade et avec les opérateurs de la société civile italienne présents dans ce pays ».
La présence physique de la coopération italienne avec son propre bureau au Niger est encore récente, après avoir été dirigée pendant des années par le bureau du projet AICS à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. L’ouverture officielle du bureau de Niamey remonte à février dernier et coïncide avec la nomination de M. Minniti en tant que directeur.
L’ouverture d’un bureau de l’AICS est la preuve de la bonne entente entre les gouvernements italien et nigérien. La présence renforcée de l’Italie au cours de la dernière période est en fait le résultat d’un processus qui a commencé dans le pays sahélien au milieu des années 1980, avec un projet très réussi et particulièrement apprécié par la population locale.
« Entre les années 1980 et la fin des années 1990, le projet de développement rural intégré mis en œuvre par la coopération italienne, avec la FAO et d’autres acteurs, a totalement changé le visage de la vallée de Keita, avec le reboisement de milliers d’hectares dans le cadre d’une approche proactive avec les populations locales, conformément au mode de fonctionnement des ONG italiennes », explique Minniti.
« Depuis mon arrivée en février dernier, j’ai reçu un excellent accueil, et la collaboration avec les différents ministres a jusqu’à présent été positive, avec beaucoup de potentiel de coopération à développer », ajoute le directeur. Pour l’heure, l’Italie et les partenaires occidentaux s’accordent sur le fait qu’«il n’y avait pas d’éléments permettant de dire qu’il pourrait y avoir un coup d’Etat, mais les faits nous disent clairement le contraire ».
Dans un pays pauvre et instable, au tissu socio-économique très fragile, la coopération italienne est essentiellement centrée sur le développement rural, le développement social intégré, avec des projets dans les secteurs de l’éducation, de la santé et le soutien aux personnes à mobilité réduite.
« Les relations entre Rome et Niamey se sont renforcées depuis 2010, grâce à la bonne entente entre les récents gouvernements italien et nigérien. Une douzaine d’ONG italiennes opèrent dans le pays, en partie financées par l’AICS, dont les opérateurs sur le terrain collaborent de manière fructueuse avec les autorités locales telles que les communes, les régions et les départements, ainsi qu’avec les associations locales», précise le chef de la coopération italienne.
En décembre dernier, le président Bazoum était venu en visite officielle à Rome, pour s’entretenir avec la Première ministre, Giorgia Meloni. Le Niger est un pays d’intervention prioritaire pour la coopération italienne, au développement, ainsi que la présence de diverses missions militaires européennes, y compris la «Misin», la mission italienne bilatérale de soutien à la République du Niger, avec plusieurs centaines de soldats italiens.
Sur le plan de la coopération économique, un sommet d’affaires entre l’Union européenne et le Niger, s’est tenu à Niamey en février dernier afin de relancer le partenariat commercial, auquel a participé une délégation d’entreprises italiennes. Le Niger est le dernier pays de la région du Sahel à avoir connu un coup d’État militaire (entre 2020 et 2022), après ceux menés au Mali et au Burkina Faso, anciennes colonies françaises.
Bamako comme Ouagadougou ont rompu les liens historiques avec Paris, entraînant la sortie de scène des missions militaires des alliés français et occidentaux dans la région, avec l’émergence de nouveaux équilibres géopolitiques dans un Sahel instable, de plus en plus aux mains des djihadistes. Contre les terroristes, les dirigeants de divers pays de la région s’appuient sur les mercenaires russes du groupe Wagner. Le coup d’État de Niamey a été condamné par les dirigeants de l’Union européenne, de l’ONU, de l’Union africaine, des États-Unis et de la France.
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