Russie: Evgueny Prigozhin frappe à nouveau. Voici ce qu’il a dit dans son dernier message audio

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(Paris, Rome, 27.06.2023). Dans un message audio de 11 minutes, le leader wagnérien explique son intention de défendre l’autonomie du groupe et non de faire un coup d’État derrière la mutinerie d’il y a quelques jours. Mais les critiques à l’encontre des dirigeants de l’appareil militaire ne manquent pas

48 heures après la fin de son aventure sur le sol russe, Evgueny Prigozhin se fait à nouveau entendre avec une diffusion audio de 11 minutes via Telegram. Dans ce très long message enregistré, le chef de Wagner (qui selon certaines sources serait déjà arrivé à Minsk) donne sa version des faits, expliquant les raisons qui l’ont poussé à mener à bien ce qu’il a lui-même défini comme une « Marche pour la Justice ».

Dans son décryptage, Lorenzo Piccioli, dans les colonnes du quotidien italien «Formiche», fait la lumière sur la prétention de Prigozhin quant à l’intention de l’establishment militaire de Moscou d’intégrer dans ses structures les capacités militaires et les hommes du groupe Wagner, qui devait être dissous le premier jour du mois de Juillet.

Les commandants du groupe Wagner auraient refusé d’exécuter ces « ordres », étant en riposte visés par des attaques de missiles et des tirs d’hélicoptères : ces actions auraient causé la mort de 30 hommes. A la suite de ces événements, l’ensemble du groupe aurait rapidement décidé de réagir et de marcher à la fois vers Rostov et vers la capitale, non pas dans un objectif de renverser le gouvernement de Poutine mais pour répondre aux provocations des ennemis jurés de l’establishment militaire, faisant déjà l’objet des attaques de Prigozhin au cours des semaines précédentes.

En une seule journée, la colonne de Wagner aurait parcouru environ 780 kilomètres, sans tuer un seul soldat des garnisons de l’armée rencontrées sur son chemin. En annonçant son intention d’aller jusqu’à Moscou pour « demander des comptes de leurs responsabilités » vis-à-vis des coupables du déroulement désastreux de l’Opération militaire spéciale, Prigojine souligne non seulement le très fort soutien populaire manifesté par des drapeaux et des acclamations, mais aussi le soutien des soldats de l’armée régulière, les encourageant à avancer au fur et à mesure que la colonne passait devant leurs positions.

En ce qui concerne les avions abattus, le chef du groupe affirme qu’il a agi en pure légitime défense, et que les tirs anti-aériens, n’aurait en fait été que des tirs de riposte.

Seule l’intervention des unités Specnaz de Moscou, qui auraient déployé les pièces d’artillerie et effectué les opérations d’acquisition d’objectifs, semble avoir convaincu Prigozhin et les dirigeants de Wagner de s’arrêter afin d’«éviter un bain de sang annoncé». Convaincus d’avoir fait preuve de détermination à s’opposer au ministère de la Défense, les miliciens de Wagner auraient donc reculé pour deux raisons principales. La première était d’éviter de faire couler inutilement le sang russe. La seconde était que, alors qu’ils avaient lancé la « marche pour la justice » en signe de protestation, ils étaient accusés de vouloir renverser le gouvernement du pays. À ce stade, l’intervention d’Alexandre Loukachenko en tant que médiateur a donné à Wagner l’occasion de reprendre ses activités antérieures sans que la protestation n’ait (apparemment) des conséquences juridiques.

Après ce récit des événements, Prigozhin poursuit son discours, déclarant que la situation de sécurité intérieure était extrêmement fragile, avec des aéroports et des installations militaires incapables de mener tout type d’action ; au contraire, la colonne de Wagner avait réussi à parcourir 780 kilomètres en une seule journée, une distance à peu près équivalente à celle qui séparait Kiev des lignes russes au début du conflit, ce qui implique que si les forces russes avaient eu le même moral et l’organisation de Wagner elle-même, l’opération militaire spéciale aurait peut-être pris fin beaucoup plus tôt.

« Nous vous avons proposé une ‘masterclass’ sur la façon dont les choses auraient dû se passer le 24 février 2022 », a ainsi conclut Evgueny Prigozhin.