«Un dialogue avec ceux qui veulent la paix», a dit Vladimir Poutine aux dirigeants africains

1
325

(Paris, Rome, 18.06.2023). Sept pays africains à la Cour du Tsar pour une mission quasi impossible : présenter une initiative de paix – encore une autre – pour des négociations sur l’Ukraine

Six chefs d’État, dont le plus important, le sud-africain Cyril Ramaphosa, ont été reçus par Vladimir Poutine en compagnie du Premier ministre égyptien au palais Konstantinovsky, anciennement l’une des résidences des empereurs à Saint-Pétersbourg. Quelques heures plus tôt, ils avaient rencontré à Kiev, sous les bombes, le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui avait été clair en rejetant leurs propositions, comme le rapporte le quotidien «Blue News».

A lire : Volodymyr Zelensky: voici le plan de paix en 10 points, il sera présenté le 24 février (anniversaire de l’invasion) (23 décembre 2022)

La délégation n’a pas renoncé

La délégation n’a pas baissé les bras et a également soumis aujourd’hui à Poutine un plan dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il est divisé en dix points. « Le moment est venu d’entamer des négociations et de mettre fin à la guerre », a déclaré Ramaphosa à Poutine. Ce dernier a assuré que la Russie « est ouverte au dialogue avec quiconque demande la paix », et que ce sont les Ukrainiens qui n’en veulent pas.

Le président est revenu sur l’accord de cessez-le-feu qui, selon les Russes, Kiev avait déjà signé à Istanbul fin mars 2022, mais qu’il a renié après le retrait des troupes russes de la région de Kiev. En effet, ils l’ont jeté « dans les poubelles de l’histoire », comme l’a dit Poutine lui-même, dépoussiérant la fameuse expression utilisée par Trotsky contre les mencheviks.

Poutine a souligné, selon une source locale, que le conflit avait été déclenché par Kiev et l’Occident bien avant que la Russie n’envoie ses forces armées de l’autre côté de la frontière avec l’Ukraine en février de l’année dernière.

Les déclarations les plus marquantes de Poutine aux dirigeants africains, présentent un ensemble en le réduisant à l’essentiel, ajoute notre source :

  • L’Occident, et non la Russie, est responsable de la forte augmentation des prix alimentaires mondiaux au début de l’année dernière, les pays africains étant les plus durement touchés.
  • Les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports de la mer Noire que la Russie a autorisées au cours de l’année écoulée, n’ont rien fait pour atténuer les difficultés auxquelles l’Afrique est confrontée alors que les prix des denrées alimentaires montent en flèche, car la majeure partie est allée aux pays riches.
  • La Russie n’a jamais refusé de discuter avec la partie ukrainienne, et c’est Kiev qui l’en empêche.
  • Moscou est ouvert à un dialogue constructif avec tous ceux qui veulent une paix fondée sur les principes de justice et la reconnaissance des intérêts légitimes des deux parties.

Il convient de rappeler que la Russie a déclaré à plusieurs reprises que tout règlement (de la crise) doit tenir compte des «nouvelles réalités», en d’autre terme, sa déclaration d’annexion de cinq régions ukrainiennes, dont quatre qu’elle administre partiellement.

Zelensky, cependant, a réaffirmé qu’il ne peut y avoir de négociations tant qu’il n’y a pas un retrait complet des troupes russes. Le dirigeant ukrainien, qui avait déjà déclaré qu’il n’avait pas besoin de la médiation du Vatican, a déclaré hier, lors d’une conférence de presse conjointe avec les invités africains qu’il ne comprenait même pas pourquoi ils voulaient se rendre en Russie.

Un dialogue de sourds

Un dialogue entre sourds, en somme, qui confirme la distance sidérale entre les parties. Et sans doute aussi des intentions différentes. Pour Poutine, en effet, le pèlerinage des chefs d’Etat africains à Saint-Pétersbourg est une nouvelle confirmation pour montrer au monde que la Russie n’est pas isolée.

Plus d’information

Que le soi-disant « sud global » continue de résister aux pressions visant à couper les liens avec Moscou, comme en témoignent les réunions de ces derniers jours avec les présidents des Émirats arabes unis et de l’Algérie, Ramaphosa a également eu un entretien bilatéral avec lui aujourd’hui.

Et il est impossible qu’ils n’aient pas évoqué le sommet des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) que Pretoria doit accueillir en août, avec le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre du président russe pour crimes de guerre. Un ordre que l’Afrique du Sud, en tant que membre de la CPI, serait tenue d’exécuter.

Sur le champ de bataille, rien ne change

Sur le terrain, rien ne change, du moins dans le récit des deux camps. Les Russes continuent de dire qu’ils repoussent les attaques ukrainiennes, tuant des centaines de soldats de Kiev et détruisant des chars et des véhicules blindés de transport de troupes. Les Ukrainiens assurent que la contre-offensive se poursuit, bien que lentement, face à la résistance farouche des forces de Moscou.

Les difficultés semblent aussi émerger des derniers bilans de Zelensky, selon lesquels « chaque position reprise aux occupants et chaque site récupéré par nos forces constituent de nouveaux arguments pour le monde que l’Ukraine peut gagner ».

Pendant ce temps, quatre personnes ont été tuées par un missile russe qui a touché la voiture dans laquelle elles voyageaient dans un village de la province de Kharkiv, au nord-est du pays.

Le sommet de l’OTAN suscite de plus en plus d’attente

Sur le front occidental, l’attente du sommet de l’OTAN qui se tiendra le mois prochain à Vilnius se fait de plus en plus importante, où l’Ukraine attend des engagements clairs pour son admission dans l’Alliance. Joe Biden a précisé que, pour Kiev, il n’y aurait pas de parcours bonifié que les procédures normales.

« Non, parce qu’ils doivent respecter les mêmes normes », a répondu le président américain à ceux qui lui demandaient si le chemin vers l’adhésion au Pacte atlantique serait plus facile pour l’Ukraine. Une possibilité à laquelle l’Allemagne, en revanche, s’était montrée ouverte et qui, selon « Politico », pourrait aussi trouver l’approbation de la Maison Blanche.

Pendant ce temps, Biden est revenu sur l’annonce de Poutine hier selon laquelle certaines ogives nucléaires tactiques russes ont déjà été déployées en Biélorussie et que le transfert prévu des autres sera achevé d’ici la fin de l’année. Le locataire de la Maison Blanche a qualifié cette décision de « totalement irresponsable ».