(Paris, Rome, 18.06.2023). « Seuls les ennemis de l’islam, dirigés par le régime sioniste (Israël), sont gênés par les progrès de la coopération bilatérale et régionale entre l’Iran et l’Arabie saoudite », a déclaré le président iranien
Le président iranien Ebrahim Raïssi, a profité de la rencontre historique qui a eu lieu hier à Téhéran avec le ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, le prince Fayçal bin Farhan, pour lancer une nouvelle et lourde attaque en règle contre Israël. Le Royaume arabe sunnite et la République islamique chiite ont annoncé en mars qu’ils étaient parvenus à un accord, négocié par la Chine, visant à rétablir les relations diplomatiques après sept ans sans liens formelles. « Seuls les ennemis de l’islam, dirigés par le régime sioniste (Israël), sont contrariés par les progrès de la coopération bilatérale et régionale entre l’Iran et l’Arabie saoudite », a déclaré Raïssi au prince Fayçal, comme l’a rapporté l’agence de presse officielle iranienne Irna », citée par «Nova News». Raïssi a également exprimé son opposition aux efforts visant à normaliser les relations avec Israël, déclarant : « Le régime sioniste n’est pas seulement l’ennemi des Palestiniens, c’est une menace pour tous les musulmans. La normalisation des relations avec Israël non seulement ne favorise pas la sécurité, mais va également à l’encontre des opinions d’al Oumma islamique/en arabe (الأمة الإسلامية) ».
Il convient de rappeler que les déclarations «incendiaires» interviennent après que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a soulevé l’opposition de son pays à un retour à l’accord nucléaire initial de 2015 (JCPOA) et a souligné que le pays déployait de gros efforts pour tenter d’arrêter programme de l’Iran.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères, pour sa part, ne fait aucune mention du dossier israélien, malgré le fait que les États-Unis tentent d’amener Riyad à normaliser ses relations avec l’État hébreu. Selon des informations en provenance de Riyad, les entretiens entre le prince Fayçal bin Farhan et le président Raïssi ont porté sur « l’examen des relations bilatérales et l’exploration des moyens de renforcer et d’élargir la coopération dans divers secteurs ». Les deux hommes ont également échangé « sur les récents développements de la situation régionale et internationale », soulignant « les efforts en cours dans ces domaines », a ajouté le dicastère. Auparavant, le chef de la diplomatie saoudienne avait rencontré son homologue iranien, Hossein Amir-Abdollahian. Les deux hommes ont eu des entretiens bilatéraux au siège du ministère iranien des Affaires étrangères, suivis de déclarations conjointes à la presse, avec un petit mystère : il semble que la partie saoudienne ait demandé de changer la salle de conférence en raison de la présence, dans les bureaux où les deux dirigeants devraient s’exprimer, d’un portrait du général Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods des Gardiens de la révolution islamique, éliminé lors d’un raid aérien américain à l’aéroport de Bagdad le 3 janvier 2020.
Le prince bin Farhan a qualifié de «positives» les discussions avec son collègue iranien et a déclaré qu’elles « ont mis l’accent sur la nécessité de ne pas s’interférer dans les affaires intérieures » (des deux pays). Le ministre saoudien a également déclaré que Riyad espère que le rétablissement des relations avec Téhéran aura un impact positif, tant au niveau régional qu’international. « Je tiens à souligner l’importance de la coopération entre les deux pays pour la sécurité régionale, en particulier celle de la navigation maritime (…) et l’importance de la coopération entre tous les pays de la région pour s’assurer qu’elle est exempte d’armes de destruction massive ». Pour sa part, Amir-Abdollahian a déclaré que les deux parties avaient exploré la possibilité de mettre en place un « comité économique, politique et frontalier conjoint ».
Les chefs de la diplomatie des deux pays se sont rencontrés le 2 juin au Cap, en Afrique du Sud, en marge du sommet des « amis des BRICS » (le groupe d’économies émergentes qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et les pays du Sud Afrique), discutant de la possibilité d’élaborer un plan de rétablissement complet des relations diplomatiques bilatérales et de renforcer la coopération économique entre les deux pays. Le 6 juin, l’Iran a rouvert son ambassade à Riyad après sept ans. L’Arabie saoudite n’a pas encore précisé quand elle rouvrira ses postes diplomatiques en Iran, mais la chaine «Al Arabiya» laisse entendre que l’ambassade saoudienne à Téhéran et le consulat à Mashhad reprendront leurs activités après la fête musulmane de l’Aïd al Adha. Les relations entre le Royaume arabe sunnite et la République islamique chiite se sont rompues en 2016, lorsque le religieux chiite Nimr Baquér al Nimr a été exécuté en Arabie saoudite et que par la suite, l’ambassade saoudienne à Téhéran a été prise d’assaut par une foule en colère.