(Paris, Rome, 12.06.2023). Le drapeau jaune-bleu de l’Ukraine a de nouveau flotté sur au moins trois petits villages de Donetsk. La localité de Blagodatnoye, dont nous avons eu connaissance dimanche matin, puis celles de Neskuchne et Makarovka, toutes difficiles même à trouver sur Google afin de calculer la profondeur dans les lignes russes.
Au 474e jour de la guerre, ils deviennent ainsi les premiers résultats symboliques mais aussi tangibles, les seuls dont parle Kiev, de la contre-offensive qui est déjà sous les projecteurs du monde entier depuis quatre jours. Et que les Russes « ne parviendront pas arrêter », ont réitéré les forces ukrainiennes après l’annonce selon laquelle l’ennemi a fait sauter un autre barrage sur la rivière Mokry Yaly, dans la région de Zaporizhia, provoquant des inondations sur les deux rives, rapporte le quotidient «Blue News».
Cette opération, cependant, « n’affecte pas les opérations offensives en direction de Tavriyske, dans l’oblast de Kherson », a précisé Kiev.
Manœuvre en tenaille à Bakhmut
Dans le Donbass et, plus au sud, dans la région de Zaporizhia, des combats acharnés ont eu lieu, et le terrain se gagne lentement et au prix fort, selon les observateurs, mais il est poussé dans au moins quatre directions, dont une manœuvre de prise en tenaille qui cherche à serrer la ville martyre de Bakhmout, mètre par mètre.
Des villes que les Russes ont affirmé avoir conquises en mai dernier après plus d’un an de combats qui ont coûté la vie à 66.000 soldats et mercenaires de Wagner : un soldat tué ou blessé pour 48 cm d’avancée, selon un calcul du ministère britannique de la Défense.
Des médailles remises aux soldats Russes qui ont détruit des chars
Moscou, pour sa part, affirme avoir détruit six drones qui, la nuit dernière, auraient tenté d’attaquer l’un des navires de guerre russes en mer Noire, le « Priazovye », qui, avec d’autres unités, « surveillait la situation sur les tracés du pipeline TurkStream et Blue Stream» à 300 kilomètres de Sébastopol et annonce que deux drones sont tombés dans la région de Kalouga au sud de Moscou, également dans la nuit.
Pour contrer la propagande de Kiev, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a remis des médailles aux soldats russes pour avoir « détruit des chars fournis par l’Occident », notamment les panzers Leopard et les blindés américains Bradley.
Mais l’air est lourd au ministère de la Défense à Moscou, les relations devenant de plus en plus tendues avec Wagner : le chef des mercenaires Evgueny Prigozhin s’en prend à nouveau au ministre Choïgou : « il est incompétent », réitérant que ses miliciens ne signeront aucun contrat les liant directement à l’armée régulière russe.
Une démarche des Ukrainiens risquée
Les experts de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) estiment quant à eux que « les forces ukrainiennes tentent actuellement une opération tactique extrêmement difficile : une attaque frontale contre des positions lourdement fortifiées préparées de longue date par les Russes », et ce « sans couverture aérienne ».
Mais ces attaques « ne doivent pas servir de référence pour évaluer les futures opérations militaires », car, bien qu’elle subisse de lourdes pertes, « l’armée ukrainienne n’a pas encore engagé le gros de ses forces pour la contre-offensive et les défenses russes ne sont pas identiques le long du front ».
Le barrage a été détruit par les Russes pour couvrir leur retraite
Selon la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Malyar, les Russes déplacent l’essentiel de leurs forces de la région inondée de Kherson vers les fronts chauds de Zaporizhia et de Bakhmout, ce qui prouverait que la destruction du barrage de Kakhovka était intentionnelle et avait pour objectif de couvrir leur retraite, autrement dit, de rendre difficile une attaque ukrainienne dans la région non défendue.
A Kherson, cependant, l’eau putride des inondations continue de se retirer et la surface inondée a été réduite à environ 77 kilomètres carrés (elle avait atteint 600 après la rupture du barrage). Mais la violence de la guerre ne diminue pas : lors d’un bombardement russe qui a touché de petites embarcations utilisées par les sauveteurs pour évacuer des civils, trois personnes ont été tuées et 13 autres blessées.
Enfin, dans le cadre d’un nouvel échange de prisonniers entre Kiev et Moscou, 95 soldats ukrainiens sont rentrés chez eux, certains d’entre eux capturés au début de la guerre. Parmi eux, selon la présidence de Kiev, figurent plusieurs combattants de l’aciérie Azovstal de Marioupol et de l’île des Serpents.