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Manœuvres de l’OTAN en Lituanie: défendre la Baltique en temps de guerre

(Paris, Rome, 11.06.2023). L’agence italienne «AGI» a été témoin des exercices « Baltops 23 », en vigueur depuis 53 ans mais jamais aussi délicates qu’aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine en toile de fond et l’enclave russe de Kaliningrad qui plane sur Vilnius. Avec en vedette le «San Marco» de la marine italienne, impliqué dans une opération amphibie complexe

Klaipeda est l’une des stations balnéaires les plus appréciées des Lituaniens. Il y a quelques années, nous aurions trouvé la plage bondée de touristes russes. Aujourd’hui avec un passeport de Moscou, si vous n’êtes pas diplomate ou dissident, vous ne pouvez plus entrer dans le pays balte. Cependant, nombreuses sont les familles locales qui, de loin, regardent avec curiosité l’exercice militaire de l’OTAN qui se déroule sur une partie de la côte délimitée mais non fermée, nous explique Francesco Russo dans les colonnes de l’agence italienne «AGI».

Cette fois-ci, ce n’est pas la routine

Le véhicule qui conduit les journalistes sur la zone de manœuvre croise le chemin d’un camping. A l’ombre des arbres, les soldats de l’armée de Vilnius exposent armes et véhicules à la caméra. Parmi eux, des enfants très excités s’enveloppent dans des filets de camouflage ou regardent à travers le viseur des canons. La plage grouille d’hommes et de femmes en uniforme ; Polonais, Anglais, Américains, Italiens, Portugais, Espagnols, Canadiens. Et de nombreux Roumains, qui composent l’équipage de l’ORP Torun de la marine de Varsovie (c’est ce qu’on appelle « l’interopérabilité ») impliqué, avec notre (navire) San Marco, dans l’opération amphibie au centre de l’édition 2023 de la manœuvre annuelle « Baltops », un exercice régulier qui, après l’agression russe contre l’Ukraine, est bien plus qu’une routine.

Les navires profilent à l’horizon. Un avion de chasse passe au-dessus. Plus au sud se trouve l’enclave russe de Kaliningrad, une épine dans le pied de l’OTAN. Au sud-est, le couloir de Suwalki, une bande frontalière entre la Lituanie et la Pologne coincée entre l’Oblast contrôlé par le Kremlin, l’ancien Königsberg que l’Armée rouge a arraché au IIIe Reich, et la Biélorussie, l’un des endroits les plus incandescents du monde. Une manœuvre conjointe de Moscou et de Minsk isolerait les trois pays baltes du reste de l’Alliance atlantique. Une éventualité qui, au cours des premiers mois convulsifs de la guerre en Ukraine, était devenue bien plus qu’une sinistre hypothèse. « Dans le scénario actuel, le débarquement de ces véhicules a pour but de garantir la sécurité et la protection de la côte », souligne un officier lituanien, ne cachant pas que le conflit en cours rend la préparation encore plus importante.

L’opération « Storm Strike »

Les quatre véhicules de l’armée lituanienne qui étaient stationnés sur le sable, à droite du centre de presse, se mettent en route. C’est le début de l’exercice « Storm Strike » des marines lituaniens, pierre angulaire de la stratégie de défense nationale de Vilnius, inscrite cette année dans le cadre de « Baltops », la grande manœuvre de l’OTAN dans la Baltique, vieille de 53 ans, conçue, comme une évidente dans différents secteurs, lorsque la Lituanie faisait encore partie de l’URSS.

Le scénario est la reconquête d’une zone déjà occupée par l’ennemi, en attente de renforts. Les tirailleurs descendent de leurs véhicules, tirent, avancent, passent la plage de Nemirseta, entrent dans les bois. La fumée enveloppe le rivage, au milieu du bruit des rafales. Puis des canots pneumatiques avec des camarades arrivent de la mer. C’est la première vague du débarquement. Des démineurs se trouvent à bord. Ce n’est que lorsque la zone est jugée exempte de pièges et d’obstacles que tout est prêt pour l’arrivée des alliés, dont le soutien aérien est crucial. Les jets mobilisés viennent de Belgique, du Danemark, de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la République Tchèque, de Roumanie, d’Espagne, de Turquie et des USA. Et encore des trois nations baltes. Leur déploiement est permanent. Ils sont prêts à intervenir à tout moment.

Un effort « complexe et dangereux »

Puis l’officier lituanien impose alors des lunettes de protection aux personnes présentes. Et le bruit caractéristique d’un hélicoptère qui approche se fait entendre. C’est un EH-101 de la marine italienne. Il soulève un nuage de sable qui aveugle les objectifs des caméras. Les marines se détachent d’une corde. « Baltops 23 » bat son plein. Italiens, Polonais et Roumains poursuivent l’opération d’infiltration, renforçant les hommes de « Storm Strike ».

L’objectif est de « renforcer l’interopérabilité avec les alliés », explique Tadas Jablonskis, commandant de la flotte de la marine lituanienne, « notre renseignement a signalé une escalade de la situation et nous avons renforcé notre préparation ». « La zone d’opérations est très vaste à couvrir pour les forces disponibles, la situation présente de nombreux dangers et nous avons sélectionné une zone propice pour le débarquement d’adversaires potentiels », poursuit Jablonskis, « le débarquement amphibie est une opération très complexe et dangereuse » car elle nécessite un degré élevé de coordination entre les forces navales, terrestres et aériennes ».

Le prochain hélicoptère est destiné aux journalistes. Hayon ouvert, « comme dans les films », du moins pour ceux qui n’ont vu la guerre, réelle ou simulée, qu’au cinéma. Destination notre San Marco.

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