La Russie va produire des drones iraniens (Maison Blanche). Macron appelle Téhéran à arrêter l’aide militaire à Moscou

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La Russie « reçoit du matériel d’Iran pour construire une usine de drones » sur son sol et ce site « pourrait être pleinement opérationnel au début de l’année prochaine », a averti vendredi un porte-parole de la Maison Blanche. Ce samedi, Emmanuel Macron a alerté samedi son homologue iranien Ebrahim Raïssi sur la gravité des conséquences sécuritaires et humanitaires de la livraison par Téhéran de drones à la Russie. Cette semaine, les Etats-Unis ont pris des sanctions contre plusieurs sociétés de Chine et de Hong Kong, accusées de soutenir le programme iranien de missiles balistiques.

Nouvelle illustration de la montée en puissance des partenariats militaires entre la Russie et l’Iran. Selon les Etats-Unis, qui s’appuient sur les informations du renseignement américain, Moscou « reçoit du matériel d’Iran pour construire une usine de drones » sur son sol et ce site « pourrait être pleinement opérationnel au début de l’année prochaine ».

Usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga

Le gouvernement américain a diffusé une image satellite de l’emplacement prévu selon ses services de renseignement pour cette usine de drones, dans la zone économique spéciale d’Alabouga, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou. Il a également publié une carte de l’itinéraire qu’empruntent, selon les Américains, les drones iraniens aujourd’hui utilisés par l’armée russe en Ukraine : au départ du port iranien d’Amirabad sur la mer Caspienne et à destination de celui de Makhatchkala en Russie, avant de transiter jusqu’aux bases aériennes russes de Primorsko-Akhtarsk (au bord de la mer d’Azov) et de Seshcha (près de la frontière avec le Belarus).

Washington estime que jusqu’en mai dernier, la Russie a reçu des «centaines» de drones d’attaque iraniens, et l’accusent de les avoir utilisés récemment pour «attaquer Kiev et terroriser la population ukrainienne», a indiqué John Kirby. Selon ce dernier, le partenariat va dans les deux sens et Kirby l’Iran cherche à obtenir des équipements militaires russes «pour plusieurs milliards de dollars».

Il a en particulier rappelé que l’Iran avait conclu un accord pour acheter des avions de combat russes, et assuré que Téhéran voulait également acquérir des hélicoptères d’attaque ou encore des radars. Téhéran a, à plusieurs reprises, jugé «sans fondement» les accusations américaines de fournitures d’armes à la Russie, en affirmant ne pas être partie prenante dans le conflit ukrainien.

La Maison Blanche a emis vendredi une notice d’information à destination des gouvernements et des entreprises étrangères, pour leur permettre, selon lui, de «mieux comprendre les risques» du programme de drones iraniens et leur éviter ainsi d’y contribuer «par inadvertance».

Entretien Macron-Raïssi

Ce samedi, lors d’un entretien téléphonique de 90 minutes avec le président iranien Ebrahim Raïssi, Emmanuel Macron a appelé l’Iran « à mettre immédiatement fin au soutien » à la Russie dans la guerre en Ukraine en cessant ses livraisons de drones, a indiqué l’Elysée.

Le chef de l’État français a «alerté sur la gravité des conséquences, à la fois sécuritaires et humanitaires, de la livraison par l’Iran de drones à la Russie et appelé Téhéran à mettre immédiatement fin au soutien qu’il apporte ainsi à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine», selon un communiqué.

Emmanuel Macron et Ebrahim Raïssi «ont discuté de la manière de promouvoir les relations, en particulier des négociations en cours (sur le nucléaire) et des développements régionaux», a rapporté pour sa part un responsable iranien.

Selon la présidence française, Emmanuel Macron a aussi « fait état de son inquiétude quant à la trajectoire actuelle du programme nucléaire iranien», et «rappelé la volonté de la France et de ses partenaires européens de trouver une solution diplomatique à cette question».

«Il a souligné l’importance que Téhéran prenne des mesures de désescalade concrètes et vérifiables, et mette en œuvre, pleinement et sans délai, ses obligations internationales, ainsi que les engagements pris auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique» le 4 mars dernier, ajoute l’Élysée. La conversation entre les deux présidents survient à un moment où les négociations entre l’Iran et la communauté internationale pour ranimer l’accord sur le nucléaire iranien sont au point mort. Connu sous l’acronyme JCPOA, l’accord limitait les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.

En outre, Emmanuel Macron a redit «son soulagement à la suite de la libération, le 12 mai, de deux ressortissants français détenus en Iran». Mais «il a également réitéré sa profonde préoccupation concernant la situation des quatre ressortissants français toujours retenus en Iran et a demandé à nouveau leur libération immédiate». Quatre Français restent détenus en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés le 7 mai 2022, Louis Arnaud, arrêté le 28 septembre et une autre personne dont l’identité n’a jamais été rendue publique. Paris dénonce des détentions arbitraires et estime qu’ils sont des «otages d’État».

Des sociétés chinoises impliquées, selon Washington

Ce coup de pression sur les projets iraniens intervient alors que mardi dernier, les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions contre plusieurs sociétés de Chine et de Hong Kong, accusées de soutenir le programme iranien de missiles balistiques. Le Trésor américain affirme que les sociétés chinoises ont envoyé des centrifugeuses, des métaux non ferreux pouvant être utilisés à des fins militaires et du matériel électronique à des branches du gouvernement et des sociétés privées d’Iran impliquées dans la fabrication des missiles et déjà sous le coup de sanctions.

Washington s’inquiète que Téhéran n’envisage de développer des armes nucléaires qui pourraient être placées sur des missiles balistiques et menacer Israël et d’autres pays. Les sociétés mentionnées incluent Beijing Shiny Nights Technology Development, Qingdao Zhongrongtong Trade Development, Hong Kong Ke.Do International Trade Co, Lingoe Process Engineering Limited et Zhejiang Qingji Ind. Co. Le Trésor vise aussi l’attaché militaire iranien à Pékin Davoud Damghani, l’accusant d’avoir coordonné l’achat de matériel chinois pour l’industrie de défense iranienne. Les sanctions interdisent aux sociétés et aux ressortissants américains, ainsi qu’aux compagnies internationales ayant des succursales aux Etats-Unis, de faire des affaires avec les noms placés sur la liste noire.

(La Tribune)