Mali: l’ONU accuse l’armée et des soldats «étrangers» d’avoir tué 500 personnes à Moura

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(Rome, Paris, 12.05.2023). L’ONU a accusé aujourd’hui l’armée malienne et des combattants «étrangers» d’avoir exécuté au moins 500 personnes en mars 2022 lors d’une opération anti-djihadiste dans le centre du Mali, rapporte «Swissinfo».

Le rapport n’identifie pas explicitement les « étrangers », mais rappelle des déclarations officielles maliennes sur l’assistance d’«instructeurs» russes dans la lutte contre les djihadistes, et des commentaires attribués au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov sur la présence au Mali de la société de sécurité privée russe, Wagner. L’ONU rapporte les témoignages de ses enquêteurs qui décrivent ces étrangers comme des hommes blancs en uniforme qui parlent une langue «inconnue».

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme « a des motifs raisonnables de croire » qu’au moins 500 personnes, dont une vingtaine de femmes et sept enfants, ont été « exécutées par les forces armées maliennes et des militaires étrangers après que la zone eut été totalement conquise » entre le 27 et le 31 mars 2022 à Moura, lit-on dans le rapport, qui s’appuie sur une enquête menée par la division des droits de l’homme de la mission de maintien de la paix de l’ONU, au Mali depuis 2013.

Le Haut-Commissariat a également « des motifs raisonnables de croire que 58 femmes et filles ont été victimes de viol et d’autres formes de violence sexuelle ». Le rapport fait état d’actes de torture à l’encontre des personnes arrêtées, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre et, « selon les circonstances », des crimes contre l’humanité, a déclaré Volker Türk, haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, dans un communiqué.

L’enquête, selon d’autres médias, a été menée pendant plusieurs mois par le personnel de l’ONU au Mali auprès de victimes et de témoins. Et elle a rassemblé des indications médicales et satellitaires. Les autorités maliennes ont refusé les demandes d’accès au village de Moura, dans le centre du pays.

Comme documenté dans le rapport, les événements de Moura, qui font l’objet de versions contradictoires depuis un an, sont parmi les pires du genre dans un pays qui, depuis 2012, connaît des atrocités commises par des djihadistes et autres groupes armés. Le rapport constitue le document le plus accablant, produit contre les forces maliennes, qui ont été mises en cause pour leurs actions à de nombreuses reprises dans le passé.