Russie: l’opposant Vladimir Kara-Murza condamné à 25 ans de prison pour avoir protesté contre l’invasion de l’Ukraine

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(Rome, Paris, 17.04.2023). L’activiste et journaliste, qui a survécu à deux tentatives d’empoisonnement, a été arrêté le 11 avril 2022. Le tribunal de Moscou l’a reconnu coupable de « haute trahison ». Amnesty International Russie : « Cela rappelle la répression stalinienne »

Selon le quotidien italien «Il Foglio», l’activiste et journaliste russe Vladimir Kara-Murza a été condamné à 25 ans de prison pour « haute trahison » et autres crimes politiques pour avoir protesté contre l’invasion de l’Ukraine. L’accusation de « haute trahison » fait référence à la « coopération avec un Etat membre de l’OTAN », consistant à avoir participé à des conférences à Lisbonne, Helsinki et Washington au cours desquelles Kara-Murza avait condamné la guerre de Poutine. Le tribunal de Moscou a également reconnu Kara-Murza coupable d’avoir « sciemment diffusé de fausses informations sur les forces armées russes » lors d’un discours à la Chambre des représentants de l’Arizona, ainsi que d’avoir « mené des activités pour le compte d’une organisation indésirable ».

L’opposant, âgé de 41 ans, père de trois enfants, a été arrêté le 11 avril 2022. Il n’était pas en Russie lorsque Vladimir Poutine a déclaré le début de l’invasion de l’Ukraine mais il y est retourné pour protester contre la guerre, et a été arrêté. En prison, sa santé s’est détériorée : selon ses avocats, il souffre d’une neuropathie aux deux pieds. Kara-Murza était un proche collaborateur de Boris Nemtsov, assassiné dans le centre de Moscou en 2015, et avait coopéré avec l’ancien prisonnier d’opinion Mikhail Khodorkovsky, aujourd’hui en exil, avec des groupes d’opposition, des ONG de défense des droits de l’Homme et des médias indépendants. Il avait soutenu la « liste Magnitsky » et d’autres sanctions ciblées contre des personnes soupçonnées d’avoir commis des violations des droits de l’Homme en Russie. En 2015 et 2017, il a survécu à deux tentatives d’empoisonnement, sur lesquelles les autorités russes n’ont jamais enquêté.

Une condamnation qui a suscité de nombreuses réactions : Le gouvernement allemand a dénoncé ce lundi « avec la plus grande fermeté » la condamnation de l’opposant russe. « Ce jugement, comme beaucoup d’autres, vise à dissuader, à exclure et à empêcher toute voix critique » en Russie, a déclaré lors d’une conférence de presse régulière une porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Andrea Sasse, demandant la « libération immédiate » de Vladimir Kara-Murza.
Londres demande « la libération immédiate » de l’opposant russe Kara-Murza. Le bureau des Affaires étrangères britannique a précisé avoir convoqué dès lundi l’ambassadeur russe, Andreï Kéline, pour lui signifier considérer la condamnation de l’opposant, qui détient la nationalité britannique, comme « contraire aux obligations internationales de la Russie sur les droits humains ».
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Volker Türk a demandé la libération « sans délai » de l’opposant russe Vladimir Kara-Murza condamné lundi à 25 ans de prison. « Personne ne devrait être privé de sa liberté pour avoir exercé ses droits humains, et j’appelle les autorités russes à le libérer sans délai. L’UE dénonce la peine « scandaleusement sévère » infligée à l’opposant russe Vladimir Kara-Murza

Pour Amnesty International, Kara-Murza est un prisonnier d’opinion qui doit être immédiatement libéré. « Cette décision est un autre exemple effroyable de la répression systématique en cours contre la société civile russe, que le Kremlin a encore intensifié et accéléré depuis son invasion de l’Ukraine. Les soi-disant « crimes » dont Kara-Murza a été reconnu coupable, à savoir la condamnation de la guerre et d’avoir défendu les victimes de violations des droits de l’homme, sont en réalité des actes de grand courage. Ce verdict confond à tort l’activisme en faveur des droits humains avec la haute trahison et rappelle la répression de l’ère stalinienne », a déclaré Natalia Zviagina, directrice d’Amnesty International Russie.