(Paris, Rome, 17.04.2023). Le secrétaire d’État américain revient au format Quad. En attendant la visite (imminente) à Washington du ministre italien des Affaires étrangères Tajani
En marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain, et James Cleverly, ministre britannique des Affaires étrangères, ont fait quelques déclarations sur la situation au Soudan. Les deux hommes ont demandé, selon les termes de ce dernier, « l’arrêt immédiat des violences et un retour aux pourparlers » qui conduisent à un gouvernement composé «de civils», rapporte le quotidien italien «Formiche».
Au cours des deux jours à Karuizawa, au Japon, le chef de la diplomatie américaine, accompagné de la sous-secrétaire aux affaires politiques Victoria Nuland, a tenu des entretiens bilatéraux avec ses homologues du Japon (Yoshimasa Hayashi, l’hôte), d’Allemagne (Annalena Baerbock, qui revenait d’un important voyage en Chine où elle a souligné l’engagement européen à défendre le statu quo de Taïwan) et de la France (Catherine Colonna, aux prises avec le lourd fardeau diplomatique en lien aux propos du président Emmanuel Macron sur l’autonomie européenne et les relations avec les États-Unis et la Chine).
Il n’y avait pas lieu de conclure un entretien bilatéral avec Antonio Tajani, vice-Premier ministre et ministre italien des Affaires étrangères. La dernière rencontre entre les deux hommes ayant eu lieu le 24 février, à l’occasion de la mission de Tajani à New York pour la session spéciale d’urgence de l’Assemblée générale des Nations unies sur l’Ukraine au sein du Conseil de sécurité. Les deux ministres se sont entretenus par téléphone le 28 mars, après le panel virtuel « une paix juste et durable en Ukraine » organisé le premier jour du deuxième Sommet sur la démocratie convoqué par le président américain Joe Biden : la conversation était en effet centrée sur la complexité du dossier tunisien.
Le 4 avril, cependant, Blinken, Colonna, Baerbock et Cleverly se sont rencontrés dans le cadre d’une réunion transatlantique quadripartite en marge de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN qui s’est tenue à Bruxelles. Les quatre ministres des AE ont évoqué, lit-on dans une note, le soutien multilatéral à l’Ukraine face à l’invasion russe, le sommet de l’OTAN de juillet en Lituanie et la nouvelle dissuasion de l’OTAN, les risques d’escalade nucléaire iranienne et l’importance de « faire avancer les objectifs communs » de paix, de stabilité et de prospérité dans l’Indo-Pacifique et au-delà » (autrement dit, la Chine). L’Italie était absente à cette occasion.
Le format Quad/Quint fonctionne comme un accordéon, basé sur des événements et des thèmes. Même avec le gouvernement de Mario Draghi, il y avait eu des occasions de réunions à cinq, ainsi qu’avec celui de Giorgia Meloni, la Première ministre ayant participé à l’appel téléphonique du 25 janvier avec les présidents Biden et Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Rishi Sunak.
Les choix du département d’État américain ne semblent pas affecter l’opinion du gouvernement américain sur la présidente Meloni, qui reste positive au vu du fort soutien de Rome à l’Ukraine et malgré l’affaire de la fuite d’Italie d’Artem USS, un magnat russe et fils d’un gouverneur très proche du Kremlin, qui attendait son extradition vers New York. Le tout, cependant, en attendant la décision sur le protocole d’accord sur la « route de la soie » avec la Chine qui est automatiquement renouvelé en mars à moins que Rome (ou Pékin) ne fasse marche arrière d’ici la fin de l’année.
Ce sera l’un des dossiers les plus brûlants de la visite de Tajani à Washington, prévue dans les prochaines semaines, au cours de laquelle le ministre des affaires étrangères aura une rencontre bilatérale avec Blinken au Département d’Etat. Une occasion utile, après quelques brèves rencontres en marge des événements internationaux, de vérifier également si la tendance du Quad transatlantique va se consolider ou si l’Italie trouvera le moyen de renouer avec le Département d’Etat.