Tunisie: arrestation d’un terroriste qui tentait de migrer vers l’Italie

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(Rome, Paris, 28.03.2023). La confirmation vient du porte-parole de la Garde nationale. Les tentatives pour atteindre les côtes italiennes ont doublé pendant le Ramadan

Un extrémiste islamiste tunisien condamné à dix ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » par la Cour d’appel de Tunis, a été arrêté par la Garde nationale du pays d’Afrique du Nord dans la ville côtière de Kelibia, près du Cap Bon, le 24 mars dernier, avant son départ pour les côtes italiennes. C’est ce qu’a confirmé aujourd’hui le porte-parole de l’Administration générale de la Garde nationale, Houssem Eddine Jebabli à la radio «Jawhara FM», sans fournir plus de détails sur l’identité du fugitif tunisien qui s’est retrouvé menotté, ni sur l’organisation terroriste en question. Selon un précédent communiqué de l’Administration générale de la Garde nationale, publié hier via Facebook, l’homme, défini comme un «élément takfiri», un fondamentaliste islamique qui considère les musulmans ne partageant pas son point de vue comme étant des apostats, a été arrêté avec 26 autres personnes (toutes de nationalité tunisienne) lors d’une opération de lutte contre l’émigration clandestine à Keliba vendredi dernier, comme le rapporte l’agence italienne «Nova News».

Les tentatives pour atteindre les côtes italiennes depuis la Tunisie ont doublé depuis le début du mois du Ramadan. Les unités des garde-côtes tunisiens auraient déjoué plus de 100 opérations d’émigration irrégulière vers l’Italie du 23 au 26 mars, soit dans les trois premiers jours du mois de jeûne pour les musulmans. Les trafiquants, dont des « gangs criminels dirigés par des Subsahariens » non spécifiés, dans un objectif d’accélérer le rythme des départs, tentent de profiter de cette période particulière où toutes les activités dans le pays arabe sont réduites.

Entre-temps, des unités des garde-côtes tunisiens ont récupéré 10.200 migrants à destination de l’Italie entre le début de 2023 et 20 mars. Il s’agit d’un chiffre élevé et en constante augmentation. Au cours de l’année 2022, a ajouté le porte-parole, 38.720 personnes ont été appréhendées, 80% d’entre elles secourues en mer lors d’opérations de sauvetage et les autres probablement avant le départ. Jebabli a précisé que les principaux points de départ sont les gouvernorats de Sfax et de Mahdia, sur la côte est. Le phénomène voit également la participation de trafiquants d’êtres humains d’origine subsaharienne, qui achètent et réparent des bateaux, selon le porte-parole. Cela en dépit du fait que le crime de traite des êtres humains peut entraîner une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison, a rappelé M. Jebabli.

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Le 25 mars, des agents de la Garde nationale tunisienne ont récupéré les corps de neuf migrants d’Afrique subsaharienne dont l’embarcation avait coulé alors qu’elle tentait de rejoindre l’Europe. La veille, Faouzi Masmoudi, porte-parole du tribunal de Sfax, avait déclaré qu’au moins 34 personnes étaient portées disparues en mer au large de la Tunisie après le naufrage du bateau sur lequel elles voyageaient. Le bateau était parti de la région de Sfax, dans le centre-est du pays, et se dirigeait vers les côtes italiennes. Selon les données les plus récentes publiées par le Viminale (le ministère italien de l’Intérieur), depuis le début de l’année la première nationalité parmi les migrants débarqués est l’Ivoirienne, avec 3.660 personnes. Viennent ensuite la Guinée (3.177), le Pakistan (1.986), le Bangladesh (1.896) et la Tunisie (1.771).

Selon le porte-parole officiel du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Ramadan Ben Omar, les gangs de trafiquants de migrants en Tunisie profitent de la situation dans le pays à leur avantage intensifiant leurs activités. Ces derniers jours, selon Ben Omar, un afflux important de migrants irréguliers a lieu sur le sol tunisien. Le porte-parole a expliqué que la raison de l’afflux important d’Africains subsahariens de la Tunisie vers l’Italie est, selon lui, principalement due d’une part, aux politiques européennes restreignant le mouvement des migrants, et de l’autre, « la crise que traverse la Tunisie dans sa relation avec ces migrants ». Le porte-parole a expliqué qu’après les « déclarations présidentielles du 21 février 2023 (au cours desquelles la présence excessive d’immigrés irréguliers dans le pays a été dénoncée), la Tunisie est devenue un pays qui rejette les migrants irréguliers d’Afrique subsaharienne présents sur son sol, ce qui a provoqué, pour eux, un sentiment d’insécurité, les a rendu effrayés et déterminés à quitter le sol tunisien ».