(Paris, Rome, 18.02.2023). Xi Jinping pourrait préparer les grandes lignes d’un « discours de paix » à l’occasion de la date qui marque le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février. C’est ce qu’a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, commentant sa réunion avec le chef du Bureau de la Commission centrale des Affaires étrangères du Parti communiste chinois, Wang Yi.
Selon la déclaration de M. Tajani sur Rai Radio 1, le haut diplomate chinois aurait fait savoir que Xi « fera un discours de paix à l’occasion de la première année de guerre ». « J’ai demandé au chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, d’exercer toute la force d’un grand pays, qu’est la Chine, envers la Russie pour qu’elle s’assoie à la table des négociations de la paix afin de garantir l’indépendance de l’Ukraine », a-t-il expliqué, comme le rapporte le quotidien italien «Inside Over».
« J’ai présenté nos idées : une zone neutre autour de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, pour maintenir les couloirs verts des céréales », a ajouté Tajani, soulignant que l’invité chinois « a insisté sur la paix » et a indiqué que « la Chine veut la paix ». « J’espère que la Chine exercera une véritable pression sur Moscou », a-t-il conclu, rappelant que Wang « a prononcé de nombreuses paroles de paix » et fait savoir que « Xi Jinping prononcera un discours de paix à l’occasion de l’anniversaire du conflit ».
La position de la Chine
Au-delà de l’éventuel discours de Xi, dont il n’existe pour l’heure aucune formalité, il est essentiel de s’interroger sur la position de la Chine face à la guerre en Ukraine. Certains indices à cet égard sont venus directement de Pékin.
Interrogé sur les commentaires de Tajani, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré qu’il n’était pas en mesure de fournir des informations à ce sujet. « La position de la Chine sur la situation en Ukraine a été cohérente et claire », a déclaré le porte-parole lors d’un point de presse.
Et quelle est la position chinoise ? Depuis que Moscou a lancé son « opération militaire spéciale », Pékin n’a jamais voulu ternir son image d’un « pays responsable », comme le répètent de hauts responsables chinois, en soutenant l’initiative du Kremlin. Il est vrai que, dans les coulisses, le géant asiatique ne peut que se réjouir d’être témoin de l’implication – bien qu’indirecte pour le moment – des États-Unis dans le conflit, dans un événement qui, dans les intentions du Dragon, pourrait aider à cerner la puissance mondiale de Washington.
Dans le même temps, cependant, la guerre de Vladimir Poutine contre Kiev a dévasté les riches investissements chinois en Ukraine et sapé l’initiative « la Ceinture et la Route » en Europe de l’Est. Et encore : Pékin n’a jamais explicitement condamné la Russie, avec laquelle elle a noué un partenariat quelques jours avant le déclenchement du conflit ukrainien, et a en effet pointé du doigt l’activité de l’OTAN en Europe de l’Est.
Dans tout cela, le gouvernement chinois pèse soigneusement ses mots, étant donné que parler d’indépendance ukrainienne pourrait créer, au sein du Parti communiste chinois, un court-circuit sur la question taïwanaise.
L’éventuel discours de Xi
En supposant, et non acquis, que Xi décide de faire un discours le 24 février, quels sujets le président chinois pourrait-il aborder ? S’interroge Federico Giuliani du même média italien. Le sentiment est que Xi peut continuer à marcher sur le fil du rasoir, comme il le fait d’ailleurs depuis un an. En d’autres termes, il est peu probable que la Chine tape du poing sur la table pour exiger que Poutine arrête sa «mission» en Ukraine.
D’autant que Pékin est bien conscient qu’il figure sur la « liste noire » des États-Unis et de l’OTAN, qui considèrent la République populaire de Chine comme un rival systémique encore plus dangereux que la Russie. Et puis, pourrait-on se demander, pourquoi Xi devrait-il se lamenter pour faire plaisir à ceux qui, quelques heures auparavant, accusaient la Chine d’être une menace pour l’humanité ?
Cependant, un éventuel gadget diplomatique de la part du Dragon ne peut être exclu. Le dirigeant chinois pourrait parler de paix de manière générale, en reprenant les mots-clés adoptés jusqu’ici par son gouvernement, sans toutefois entrer dans le fond, allant jusqu’à proposer des solutions concrètes. À ce stade, la Chine pourrait dire qu’elle a tenté de parvenir à la paix mondiale. Et réaffirmer que, s’il n’est pas possible d’arrêter la guerre, ce sont les États-Unis qui en seront responsables. Une telle reconstruction pourrait jouer en faveur de Pékin. Cela obtiendrait ainsi le maximum avec un minimum d’effort.