Iran: trois journalistes arrêtées ces dernières 48 heures. Qui sont Melika, Saideh et Mehrnoush

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(Rome, Paris, 24.01.2023). Non seulement les manifestants mais aussi les journalistes. La République islamique continue d’arrêter des journalistes qui ont écrit sur les manifestations antigouvernementales, ayant éclaté en Iran il y a plus de quatre mois. Entre samedi et dimanche, trois femmes journalistes ont été emprisonnées. L’une d’elles, Melika Hashemi, de l’agence Shahr, a été placée en détention dès son arrivée au tribunal de la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran, dite prison des dissidents politiques, où elle avait été convoquée pour « certaines explications ». La journaliste Saideh Shafiei s’est également retrouvée en prison à Evin, tandis que la reporter Mehrnoush Zareï Hanzaki a été conduite en prison après avoir été emmenée directement de son domicile, comme cela était déjà arrivé à d’autres journalistes arrêtés depuis que de grandes manifestations antigouvernementales ont éclaté dans plusieurs villes iraniennes en septembre, après la mort de Mahsa Amini, la jeune femme de 22 ans d’origine kurde qui a perdu la vie après avoir été placée en garde à vue par la police des mœurs parce qu’elle ne portait pas correctement le voile.

Selon le quotidien «Il Mattino», citant le journal réformateur Etemad, au moins 79 journalistes iraniens ont été emprisonnés depuis lors. Nombre d’entre eux ont ensuite été libérés sous caution, mais 33 sont toujours derrière les barreaux et déjà en octobre plus de 300 reporters iraniens avaient signé une lettre ouverte critiquant le gouvernement pour avoir « arrêté (leurs) collègues et les avoir privés de leurs droits », dont l’accès à leurs avocats. Les autorités de la République islamique ont commencé à arrêter des journalistes seulement quelques jours après le début des manifestations anti-gouvernementales au cours desquelles des dizaines de milliers de manifestants ont été emprisonnés. Plus de 19.500 personnes ont été placées en garde à vue lors des manifestations selon les données de l’agence des militants iraniens des droits de l’homme Hrana (Human Rights Activists News Agency), qui dénonce également la mort de 525 personnes lors de violents affrontements avec la police. Parmi les manifestants emprisonnés, beaucoup ont écopé de lourdes peines de prison mais aussi de la peine avec pendaison qui a déjà été exécutée pour quatre d’entre eux, alors que la Cour suprême d’Iran a confirmé hier l’appel contre la peine de mort à laquelle il a été condamné Mohammad Ghobadlou, 22 ans, accusé d’avoir participé au meurtre d’un policier lors des manifestations. Selon Amnesty International, le jeune homme, atteint de trouble bipolaire depuis son adolescence, a été torturé en prison et les aveux qui ont conduit à sa condamnation lui ont été arrachés. La Cour suprême a également confirmé l’appel d’un autre condamné à mort, Mohammad Boroughan, 19 ans, qui devait être pendu aux côtés de Ghobadlou après avoir été reconnu coupable d’avoir agressé et blessé un policier et d’avoir incendié le bureau du gouverneur à Pakdasht, près de Téhéran. La réaction sévère de la République islamique aux manifestations a été régulièrement critiquée par le monde occidental ces derniers mois, déclenchant la colère des ayatollahs qui se sont insurgés contre l’Europe et les États-Unis, les accusant d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran. Téhéran a vivement contesté l’amendement récemment approuvé par le Parlement européen qui demande l’inclusion des Gardiens de la révolution dans la liste des organisations considérées comme terroristes par l’Union européenne en raison de la répression des manifestations. Hier, le vice-président de la Commission parlementaire des affaires intérieures Mohammad Hassan Asfari a fait savoir que l’Iran envisageait « de toute urgence » de fermer le détroit d’Ormuz aux navires commerciaux européens en représailles à la décision approuvée par Strasbourg envers les pasdaran.