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La fin tragique des meilleurs soldats de Poutine en Ukraine

(Rome, Paris, 16.01.2023). La 200e brigade séparée de fusiliers motorisés de l’armée russe (une formation militaire du 14e corps d’armée, Ndlr), habituellement affectée au réseau bien connu de bases qui constituent la péninsule fortifiée de Kola, a été décimée au cours du conflit ukrainien. Cela a été rapporté par un envoyé du Washington Post qui, après avoir accédé à certaines informations des services de renseignement ukrainiens, a consacré un long article approfondi aux faits, nous explique Davide Bartoccini dans les colonnes du quotidien «Inside Over».

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Mais pourquoi le Kremlin a-t-il envoyé ses « meilleurs hommes » au front, en première ligne, affectés à la défense des bases qui abritent les fameux sous-marins nucléaires qui terrorisent l’OTAN ainsi que les missiles intercontinentaux entassés dans des bunkers, puis les a laissés se faire décimer dans la région de Kharkiv ?

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Il pourrait s’agir d’une simple erreur stratégique. Ou, comme le soutiennent plusieurs analystes enclins au récit d’une Russie déjà vaincue, bien qu’encore non accepté, il pourrait s’agir d’une manœuvre imprudente qui devrait vraiment nous amener à croire que nous sommes à un pas de l’épilogue de ce qui était supposé être un coup d’État incontrôlable et pourrait plutôt s’avérer être une grande opération spéciale qui a échoué sur tous les fronts.

Les «porte-drapeaux» de Poutine, des bases nucléaires à la ligne de front

Considérée comme l’élite de l’élite, la 200e «Separate Motor Rifle Brigade/brigade séparée de fusiliers motorisés» est toujours restée en garnison de l’arsenal arctique de Moscou qui a intimidé l’Europe pendant toute la durée de la guerre froide. Envoyée avec la première vague d’assaillants qui, dans l’opération lancée le 24 février, a conduit à la conquête de Kharkiv, selon des informations fournies par des responsables du renseignement occidental en contact étroit avec leurs homologues à Kiev, en mai, elle avait déjà été mise à l’épreuve. Engagée alors, dans une tentative de réorganisation avec son commandant D. Yuryevich Kurilo (grièvement blessé) et ayant subi de lourdes pertes en personnel, y compris des morts, des blessés, des prisonniers, des disparus et des renégats.

Déployés à l’aube de l’invasion dans un secteur lourdement défendu de la région de Kharkiv, les défenseurs d’élite de la forteresse de Kola, dotés d’équipements de pointe tels que des chars T-80BVM, des lance-roquettes mobiles et les dernières versions de véhicules blindés de transport d’infanterie mécanisée, avaient subi dès le départ de lourdes pertes en hommes et en matériel. Mais ils se seraient « réorganisés » avant l’été et la contre-offensive ukrainienne qui aurait marqué la perte totale du statut d’élite de cette 200e brigade, reconstituée par des conscrits mal formés qui exhibaient des armes et du matériel qui n’étaient plus à la pointe de la technologie.

Comme le rapportent les sources, qui comprennent également du personnel russe resté anonyme (mais ici, il s’agit d’accorder ou non leur confiance, Ndlr), le sort malheureux de cette 200e brigade représenterait à petite échelle l’échec de la force d’invasion envoyée par le président russe Poutine en Ukraine. Une formation militaire « surfaite » qui a dû renoncer à ses objectifs sur le terrain pour se retrouver décimée, « significativement démoralisée » et progressivement remplacée par des « conscrits inexpérimentés » et des Marins démobilisés de la Flotte du Nord ; lorsque les renforts puisés parmi les nouvelles recrues obligent les vétérans à se battre côte à côte avec des garçons de plus en plus jeunes et non préparés. Tout cela alors que sur les 1.600 hommes actifs lors des premières phases des opérations, 892 sont restés répartis en deux groupes tactiques, comme en témoignent les documents russes photographiés fin mai et manifestement volés « sur le terrain ».

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Le récit du Washington Post résume une attaque (on pourrait même la qualifier de peu chevaleresque) qui infligera par la suite un nouveau et dur coup à la Brigade, lancé par les formations ukrainiennes déployées dans le secteur où s’étaient retranchés les rescapés de la 200e brigade. Démontrant comment cette dernière a été décimée et livrée à elle-même dans le désarroi causé par la retraite. Déjà en septembre, de l’unité initiale de Poutine de « porte-drapeaux », il ne restait pratiquement rien. Ceci du moins ce qu’affirment les officiels ukrainiens et les forces spéciales de l’armée de Kiev engagées dans la reconquête de Kharkiv, qui auraient constaté que la 200e avait perdu sur le terrain « environ 70% de son équipement, dont 32 chars et 100 véhicules » détruits ou capturé ; ainsi que d’avoir intercepté plusieurs communications suggérant l’épilogue d’une unité militaire réduite à l’épuisement au point de manquer de carburant, de négligence et de fréquents cas d’insubordination.

La défaite « particulière » comme exemple généralisé ?

La longue analyse du triste sort de la 200e Brigade, formée le premier jour de décembre du lointain 1997, et décorée de l’Ordre de Koutouzov, est impitoyable, ne montrant aucun trait d’honneur de la part des jeunes soldats qui ont même été « surpris » à l’idée de devoir abandonner leurs positions, où ils protégeaient des segments essentiels de la triade nucléaire qui garantissent la capacité de dissuasion de Moscou, pour partir en guerre. Mais on s’attache à esquisser l’échec des plans du tsar, à démontrer le « général » par le « particulier », à narrer la dissolution de l’une des unités les plus « efficaces et performantes » d’une force armée sans limites (du moins sur le papier et dans les arsenaux) qui ont été décimés en seulement sept mois de combats.

La nécessité de mettre l’accent sur ce que les responsables du renseignement occidental qualifient de « dysfonctionnements systémiques » ne fait que revigorer les thèses qui ont déjà vu sans méfiance les calculs présentés par les stratèges du Kremlin au désormais avéré Vladimir Poutine comme fondamentalement défectueux, ajoute Davide Bartoccini dans le quotidien italien. Le tsar a peut-être gravement « surestimé » les capacités de ses propres forces armées (dans le particulier comme dans le général) en prélude à une « opération militaire spéciale » qui devait se résoudre en seulement « une semaine » par une action de décapitation foudroyante, déguisé en dénazification, et s’apprête à compter un an depuis le début des hostilités.

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Le renseignement occidental s’est occupé du reste et semblait désireux de vérifier et de révéler l’incohérence de l’ours russe; du moins lorsqu’il est contraint de déployer des « bottes sur le sol ».

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