Le tribunal révolutionnaire de Téhéran a reconnu Mohsen Shekari coupable d’avoir dégainé « son arme avec l’intention de tuer, de provoquer la terreur et de troubler l’ordre et la sécurité de la société ». La France a exprimé jeudi sa « condamnation la plus vive ».
Pour la première fois depuis le début des manifestations qui secouent le pays, l’Iran a exécuté, jeudi 8 décembre, un homme accusé d’avoir blessé un paramilitaire après avoir bloqué la circulation sur une avenue de Téhéran. « Mohsen Shekari, un émeutier qui avait bloqué le 25 septembre le boulevard Sattar Khan et poignardé avec une machette un Bassidj, a été exécuté jeudi matin à Téhéran », a annoncé l’organe de l’autorité judiciaire Mizan Online.
Le tribunal révolutionnaire de Téhéran a reconnu, le 1er novembre, Mohsen Shekari coupable d’avoir dégainé « son arme avec l’intention de tuer, de provoquer la terreur et de troubler l’ordre et la sécurité de la société ». Son appel a été rejeté par la Cour suprême le 20 novembre rendant la peine exécutoire.
La République islamique est le théâtre d’un mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs. Cette dernière lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique imposant notamment le port du voile pour les femmes.
Au moins 28 personnes risquent d’être exécutées
Cette première exécution a été dénoncée par des militants des droits humains à l’étranger. Elle « doit susciter de vives réactions, sinon nous serons confrontés à des exécutions quotidiennes de manifestants », a prévenu Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de «Iran Human Rights (IHR)», basé à Oslo. Mohsen Shekari a été « condamné à mort dans des procès-spectacles », a-t-il encore dénoncé. « Cette exécution doit avoir des conséquences pratiques rapides au niveau international ».
Plus de 2.000 personnes ont été inculpées, selon les chiffres officiels de la justice iranienne. Au moins 28 personnes, dont trois mineurs, pourraient être exécutées en lien avec la contestation, a affirmé Amnesty, qui dénonce des « simulacres de procès » et accuse les autorités d’utiliser la peine de mort comme « outil de répression politique dans le but d’instiller la peur parmi la population et de mettre fin » à la contestation.
« Le mépris du régime iranien pour l’humanité est sans limite », a dénoncé l’Allemagne en réagissant à cette première exécution, la France exprimant de son côté « sa condamnation la plus vive ». Paris a noté que « cette exécution vient s’ajouter à d’autres violations graves et inacceptables ».
(Francetvinfo)