Des manifestations ont éclaté tôt ce dimanche matin à Shanghaï, alors que les habitants de nombreuses villes de Chine ont exprimé leur colère contre les longs confinements imposés par les autorités face au COVID-19.
De nombreux Chinois se sont insurgés contre les autorités après qu’un incendie a fait dix morts jeudi dans un immeuble résidentiel d’Urumqi, la capitale régionale du Xinjiang. Alors que les autorités affirment que les occupants de l’immeuble avaient la possibilité de descendre par les escaliers, des vidéos montrant les efforts des pompiers partagées sur les réseaux sociaux chinois ont amené de nombreux utilisateurs à supposer que les habitants n’avaient pas eu le temps de fuir en raison du confinement en vigueur dans une partie du bâtiment, comme rapporté par le quotidien français «l’Indépendant».
« Levez les confinements dans toute la Chine ! »
À Shanghaï, des habitants se sont rassemblés samedi pour participer à une veillée, qui s’est transformée en manifestation aux premières heures de dimanche. « Levez les confinements à Urumqi, levez les confinements dans le Xinjiang, levez les confinements dans toute la Chine! », pouvait-on entendre la foule crier dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Selon des témoins et des vidéos, de nombreuses personnes ont également crié: « A bas le Parti communiste chinois, à bas Xi Jinping, libérez Urumqi! » Un grand nombre de policiers observait les manifestants, essayant parfois de les disperser.
La Chine est aux prises avec une résurgence de l’épidémie de COVID-19 ce qui a poussé les autorités à ordonner des confinements et d’autres restrictions, alors que Pékin applique une politique de « zéro COVID ».
Selon Luca Veronese du quotidien italien «Il Sole 24 Ore», Face à la colère du public, les autorités d’Urumqi ont été contraintes de lever le confinement dans plusieurs quartiers de la ville. La police locale a réprimé les voix contestataires, annonçant l’arrestation d’un jeune militant pour avoir diffusé en ligne de « fausses informations » sur le nombre de victimes.
« Au cours des deux premières années de la pandémie, les gens ont fait confiance au gouvernement, estimant que les meilleures décisions étaient prises pour protéger la population du virus. Aujourd’hui, explique Dali Yang, politologue à l’Université de Chicago, les citoyens chinois posent de plus en plus de questions difficiles et hésitent à suivre les ordres des autorités ».
Des manifestations ont également eu lieu à Pékin samedi, alors que ces dernières semaines des émeutes organisées contre les mesures Zero-Covid avaient impliqué l’usine d’iPhone de Foxconn à Zhengzhou, dans le Henan.
Le président Xi Jinping, poursuit le quotidien italien, insiste sur la politique Zéro-Covid qu’il juge nécessaire pour éviter l’effondrement du système de santé et sauver des vies, malgré les lourds dégâts causés aux activités économiques. Près de 35.000 nouvelles contaminations au Covid ont été recensées vendredi : un record, le troisième consécutif, pour la Chine. Shanghai, le centre financier le plus important de Chine, qui était en lock-out depuis deux mois plus tôt cette année, a également repris samedi des mesures de durcissement contre Covid.
« Les semaines à venir seront très difficiles pour la Chine tant pour l’économie que pour le système de santé », a déclaré Mark Williams de « Capital Economics », soulignant comment « les nouvelles épidémies vont nécessiter de nouveaux confinements localisés dans de nombreuses villes et freiner l’activité économique ».