Les cinq porte-avions «frères» de l’OTAN patrouillent dans l’Atlantique

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(Paris, Rome, 23 novembre 2022). Cinq porte-avions «frères» de l’OTAN sont tous ensemble en mer dans les grands espaces océaniques de l’Atlantique et de ses mers adjacentes. Un renforcement du contrôle sur le « lac » de l’Alliance qui tire son nom de cet océan et qui voit en ces jours le plein fonctionnement des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de l’Italie, nous explique Andrea Muratore dans le quotidien «Inside Over».

Les deux groupes d’attaque des porte-avions américains George H. W. Bush (CVN-77) et Gerald Ford (CVN-78), lors de sa première mission opérationnelle, leurs flottes aériennes embarquées et leurs escadrons d’escorte navale seront au centre des opérations maritimes des militaires alliés qui opéreront dans l’océan Atlantique Nord et au-delà. Le théâtre d’opérations sera aussi les ramifications de l’océan Atlantique : la mer du Nord et la mer Méditerranée seront en effet concernées par les mouvements des flottes dans les semaines à venir.

Bush et Ford seront en mer aux côtés du HMS Queen Elizabeth (R08) de la Royal Navy britannique, du porte-avions italien Cavour (CVH 550) et du français Charles de Gaulle (R 91). Une telle démonstration de puissance spectaculaire n’a pas été égalée depuis la fin de la guerre froide. Formellement, chaque flotte centrée sur un porte-avions poursuit ses propres objectifs mais doit aussi manœuvrer en coordination avec ceux des pays alliés.

Les cinq «frères» sont en effet considérés comme faisant partie d’un dispositif unique en mouvement synchronisé par « Aviation Report », selon lequel « la coopération avancée montre une unité de finalité vers la défense collective de l’Alliance » dans une période complexe. Il n’a pas échappé à la revue spécialisée que « les unités navales et les ressources des divers alliés et partenaires sont incluses dans les groupements tactiques » opérant dans l’océan le plus « occidental » de la planète. En outre, l’activité de tous les porte-avions est en synergie et coordonnée au quotidien avec les groupes maritimes permanents de l’OTAN, (appelés groupes maritimes permanents 1 et 2 de l’OTAN).

La France et l’Italie se coordonnent davantage dans le cadre de la mission conjointe « Antares » qui a débuté le 15 novembre, étendue à des éléments de la flotte grecque et à des navires de la marine américaine.

Le commandement de l’OTAN fait la sourde oreille et n’indique pas explicitement qu’il mène une mission conjointe, mais « il est difficile de ne pas voir cinq groupes d’attaque opérer simultanément dans une importante démonstration de force maritime à un moment où les frictions géopolitiques dans la région sont à leur paroxysme à un point particulièrement intense autour du conflit en Ukraine ».

La mission a également un sens clair de contrôle des zones d’opération potentielles de la flotte russe et vise à démontrer la capacité de l’OTAN à combler toute lacune potentielle qui pourrait conduire à l’infiltration de flottes, de sous-marins ou de navires espions russes. Pour nous, ajoute Andrea Muratore, les cinq porte-avions représentent une opportunité de maintenir « la posture alliée en référence à la nouvelle stratégie de dissuasion et de défense adoptée suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine ».

Nous ajoutons que de ce point de vue, le point supplémentaire à souligner est le message de cohésion envoyé à la Chine. Les porte-avions en question pourraient potentiellement être appelés à patrouiller en mer de Chine méridionale et à cibler d’éventuelles incursions, dans le Pacifique profond, de la flotte de la République populaire. Une mission à double usage, pour ainsi dire, qui envoie également un signal sur la perspective de cohésion de l’Alliance face à des preuves évidentes. Dans lequel, il faut le souligner, l’Italie est là, désireuse de prendre la mer après la bonne performance de « Mare Aperto 2022 ». Des signes de cohésion, des dividendes politiques doivent être obtenus. Et le constat que la Méditerranée est une pierre angulaire du système de sécurité atlantique est un point de départ sur lequel le gouvernement Meloni doit travailler. Savoir utiliser les moyens militaires en tant que force motrice politique.