Qui applaudit et qui n’applaudit pas l’accord ZEE entre Israël et le Liban

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(Rome, Paris, 11 octobre 2022). Pour les partisans de l’accord : il améliore les relations entre les deux parties et cimente la stabilité macro-régionale. Pour les détracteurs : il amplifie le rôle d’éventuels déstabilisateurs comme le Hezbollah et donne un fil conducteur aux velléités iraniennes

Vers une plus grande liberté dans la production de gaz en Méditerranée : il ne manque plus que les signatures de l’accord maritime entre Israël et le Liban, qui ont atteint la dernière courbe. Il s’agit d’un accord historique entre les deux pays car il résout non seulement le différend maritime, mais facilite probablement la résolution du casse-tête lié au gaz dans la «mare nostrum», comme le souligne Francesco De Palo dans le quotidien italien «Formiche».

L’accord

Le champ gazier de Karish, situé dans la zone contestée de la mer Méditerranée, était depuis longtemps revendiqué par Beyrouth, mais Tel-Aviv l’a considéré comme exclu des négociations car il se trouve entièrement dans ses eaux. Donc, si le premier (Karish) devait passer sous contrôle israélien, le second, (Kana), sous contrôle libanais. Le Premier ministre Lapid parle d’une réalisation historique qui « renforcera la sécurité d’Israël, injectera des milliards dans l’économie israélienne et assurera la stabilité de notre frontière nord ».

« Toutes nos demandes ont été satisfaites, les modifications que nous avons exigées ont été corrigées. Nous avons protégé les intérêts de sécurité d’Israël et sommes sur la bonne voie pour un accord historique », a déclaré le conseiller israélien à la sécurité nationale Eyal Hulata.

Un rôle décisif et technique a été joué par le médiateur américain Amos Hochstein qui a mené des discussions entre le Liban et l’équipe de négociation israélienne conduite par le chef du Conseil de sécurité nationale Eyal Hulata, le directeur général du ministère de l’Énergie Lior Schillat et le directeur général du Ministère des affaires étrangères Alon Ushpiz.

Sur le front libanais, le changement le plus urgent concernait la reconnaissance de la « ligne des bouées », une frontière de cinq kilomètres qu’Israël avait précédemment délimitée de manière unilatérale. Elle est désormais définie comme une frontière officielle, tandis que les Libanais ont demandé à reconnaître la ligne « de facto ».

Qui applaudit et qui n’applaudit pas

Le président libanais Michel Aoun a donné son feu vert au projet final reçu par l’envoyé américain Amos Hochstein. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n’a pas commenté les détails des propositions tenues au cours de la réunion, mais a déclaré qu’il serait d’accord avec la position du gouvernement libanais.

Selon la Farnesina (le ministère italien des Affaires Etrangères), l’accord sur la frontière maritime améliore les relations entre les deux pays avec des retombées importantes en termes de stabilité et de prospérité régionales. « L’Italie salue (applaudit) les efforts des parties concernées et la médiation américaine et espère que l’accord qui vient d’être annoncé pourra être finalisé dans les plus brefs délais ».

Parmi les sceptiques figure certainement l’ancien Premier ministre Bibi Netanyahu, qui a accusé Lapid et le ministre de la Défense Benny Gantz de « céder au chantage du Hezbollah ». Ils transfèrent des ressources stratégiques israéliennes au Hezbollah à des prix de liquidation ». Sa thèse est que le Hezbollah utilisera des milliards (provenant) du gaz pour s’armer de missiles et de roquettes contre les citoyens d’Israël et que l’Iran se positionnera face à «Rosh Hanikra» et aux gisements de gaz israéliens : « Ce gouvernement intérimaire faible et amateur n’a aucun mandat pour prendre une décision aussi dangereuse dans l’obscurité, à quelques jours des élections ».

Sur ce point, arrive l’avertissement du ministre de la Défense Benny Gantz : « Si le Hezbollah commet cette erreur et attaque Israël, de quelque manière que ce soit – par terre, par mer ou par air – Israël se protégera, il les attaquera et si cela devient plus grave, nous détruirons le Liban ».

Les scénarios

Les signatures sur l’accord débloquent nettement l’impasse gazière. Hier déjà, le gouvernement libanais a demandé à TotalEnergies de démarrer l’exploration gazière, après le sommet décisive entre le Premier ministre intérimaire libanais, Najib Mikati, et une délégation du géant français qui dispose d’une licence d’exploration depuis 2018. Pourtant, la situation du pays reste difficile : le PIB s’est verticalement effondré depuis 2018, passant de 55 milliards de dollars à 20,5 milliards en 2021. La crise et le Covid, avec entre les deux, la tragique explosion du port de Beyrouth en août 2020, qui a causé des milliards de dollars de dégâts, ont impacté la vie quotidienne des citoyens, caractérisée par les pires taux d’inflation alimentaire au monde. Cela ne veut pas dire que dès demain, le gaz pourra inverser la tendance, mais l’accord marque un possible point de départ pour tous.