(Rome, 06 septembre 2022) L’Egypte a claqué la porte de la 158ème session ministérielle de la Ligue arabe dès que le secrétariat général a confiée la présidence tournante à la ministre libyenne des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire. Ce faisant, Le Caire prend indirectement part au conflit entre Abdelhamid Dbeibeh (GUN) et son successeur Fathi Bashagha. Au-delà de l’enjeu libyen, c’est le sommet arabe d’Alger qui est menacé.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, et la délégation égyptienne à la 158ème session de la Ligue arabe au niveau ministériel, tenue ce mardi 06 septembre au Caire. Par ce retrait, l’Egypte entendait protester contre la présidence de la session confiée à la ministre libyenne des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Najla Mangoush. Celle-ci a regretté la décision égyptienne et affirmé que le Gouvernement d’union nationale (GUN, dirigé par Abdelhamid Dbeibeh) est le seul gouvernement provisoire reconnu par l’ONU. Elle s’est également félicitée que la présidence de la session revienne à la Libye, par ordre alphabétique, pour la première fois depuis 9 ans.
Alors que plusieurs observateurs estiment que le Caire confirme ainsi son soutien au maréchal Khalifa Haftar (Benghazi, Est) face au camp tripolitain de Dbeibeh (Tripoli, Ouest), d’autres sources soulignent que l’Egypte soutient davantage le successeur contesté de Dbeibeh, Fathi Bashagha. Les deux hommes se livrent à de violents accrochages pour contrôler Tripoli. Ce constat laisse penser que l’Egypte et la Turquie poursuivent leur bras de fer par Libyens interposés, Ankara soutenant le GUN.
Le retrait égyptien de la 158ème session de la Ligue arabe menace de faire capoter le sommet arabe d’Alger. Un spécialiste de la zone rappelle à cet égard que « plusieurs dossiers conflictuels pourraient mettre en échec le sommet prévu le 1er et le 2 novembre prochain ». Notre source ajoute que « l’Algérie compte profiter de cet événement pour revenir aux devants de la scène régionale. Mais sa proximité avec l’Iran et sa tentative d’inviter et de réhabiliter Bachar al-Assad malgré l’opposition de l’Arabie et du Qatar, sa rupture avec le Maroc autour du Sahara occidental et son soutien discret à l’Ethiopie face à l’Egypte et le Soudan dans le dossier du barrage de la Renaissance, sont autant de dossiers épineux qui mettent en péril le sommet de la Ligue arabe, qui est déjà agonisante. L’organisation panarabe n’a pas surmonté les divisions arabes depuis l’exclusion de l’Egypte après les accords de Camp David, puis de l’invasion du Koweït par l’Irak, puis de la deuxième guerre du Golfe. Elle n’a jamais réussi à résoudre le moindre conflit arabe, qu’il soit interne aux pays ou impliquant plusieurs pays membres (Liban, Syrie, Yémen, Soudan, Libye, Sahara occidental…).
Paolo S.