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Mer Ionienne: un sous-marin russe menace l’Italie

(Rome, Paris, 05 septembre 2022). Un sous-marin nucléaire russe naviguerait dans les eaux siciliennes, entre Malte et la mer Ionienne, comme l’affirme «Naval News», qui fait état de l’augmentation des vols d’avions de patrouille maritime américains localisés en Italie entre le 1er et le 2 septembre. Une circonstance confirmée par «ItamilRadar», qui a mentionné au moins trois vols effectués par autant de Boeing P-8A Poseidon de l’US Navy qui ont décollé de la base de Sigonella pour tamiser ce bras de mer avec leurs capteurs. Par ailleurs, deux Poseidon de la RAF britannique viennent d’arriver en renfort à Sigonella, au départ de la base écossaise de Lossiemouth, comme le rapporte le média italien «Libero Quotidiano».

Le P-8A Poseidon, une version militaire du 737 civil, est l’un des avions les plus sophistiqués pour la chasse aux sous-marins, ou « antisom », avec son équipement de radar, de bouées sonars pouvant être larguées en mer, de torpilles, de bombes de profondeur et de missiles antinavire Harpon. Les experts conviennent que si de tels avions devaient être déployés, il doit y avoir un sous-marin russe dans la mer Ionienne.

Selon Naval News : « Pour l’heure, on ne sait pas de quel type de sous-marin il s’agit. Nous sommes sûrs qu’il est à propulsion nucléaire. La Russie a déjà déployé des sous-marins à propulsion nucléaire en Méditerranée, mais pas fréquemment. Dans le contexte actuel, il est lié à la guerre en Ukraine, également aux récentes tensions entre la Serbie et le Kosovo ». L’unité aurait été déployée en Méditerranée en relais avec le croiseur Marshal Ustinov, qui patrouillait dans nos eaux pendant que les Italiens étaient en vacances, puis quittait le détroit de Gibraltar le 24 août en remontant vers l’Irlande. La Russie fait ainsi pression sur les États-Unis et l’OTAN, et plus particulièrement sur l’Italie en période électorale, pour qu’ils ne soutiennent pas l’Ukraine, montrant ainsi qu’il faut regarder aussi vers le Sud, et non seulement vers l’Est. Mais cela peut représenter un soutien symbolique à la Serbie, toujours en conflit avec le Kosovo, dont elle ne reconnaît pas l’indépendance, protégée par l’OTAN. Ces jours-ci, des tensions entre Belgrade et Pristina ont eu lieu, sur la question des documents d’identité et des plaques d’immatriculation de la minorité serbe du Kosovo, que la mère patrie considère comme discriminée par les Albanais.

LE K-266 OREL

On ne sait pas de quel type de sous-marin s’agit-il. Selon le journal ukrainien «Black Sea News», il s’agirait du puissant K-266 Orel, une unité de classe nommée Oscar II par l’OTAN, mais appelée Antey par les Russes. L’Orel («Aigle» en russe) a été lancé en 1992, juste après la fin de l’Union soviétique et modernisé en 2017. Long de 154 mètres, il déplace 24.000 tonnes sous l’eau et est propulsé par 2 réacteurs nucléaires. Sa propulsion atomique le rend théoriquement capable de rester en mer pendant des années et le seul point de faiblesse est le ravitaillement de 107 hommes d’équipage. L’armement se compose de 24 torpilles, plus 72 missiles de croisière anti-navires P-800 Oniks, qui depuis la rénovation de 2017, ont remplacé les 24 précédents missiles P-700 Granit plus volumineux. Les Oniks sont des missiles perfides, ils peuvent s’élancer à seulement 10 mètres au-dessus de la mer à une vitesse de 2.700 km/h et atteindre 800 km de portée.

 L’ogive peut être conventionnelle que nucléaire, et certaines ogives atomiques peuvent être prêtes à être utilisées sur le bateau. Il serait également conçu pour lancer des missiles Kalibr, qui peuvent également être munis d’armes nucléaires. Une autre hypothèse est que le sous-marin est une unité plus petite mais plus récente, le B-602 Magadan, opérationnel à partir de 2021 et limité à 73 mètres pour 3.000 tonnes. Il est alimenté par un moteur diesel-électrique, mais doté de missiles Kalibr, il pourrait également transporter des ogives nucléaires. En tout cas, c’est un avertissement de Moscou à nos portes.

Enfin, pour essayer de comprendre le type d’unité sous-marine russe naviguant en Méditerranée à ces heures-ci, nous ne pouvons qu’observer l’activité des moyens anti-sous-marins et de patrouille de l’OTAN: si celle-ci se déplace vers la Crète et de là, plus à l’est, il est raisonnable de supposer qu’il s’agit d’une ou plusieurs classe Kilo qui alterneront ceux présents à Tartous, si au contraire, elle se trouve pas loin de la zone où se croise le Csg (Carrier Strike Group) du porte-avions Bush, il pourrait s’agir d’un SSN ou SSGN envoyés pour talonner les unités américaines afin de donner un signal politique fort à l’Occident.

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