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Une espionne russe qui a infiltré la base de l’OTAN à Naples, démasquée

(Rome, Paris, 26 août 2022). Une femme de 30 ans, cosmopolite et impertinente, a réussi à infiltrer le personnel de la base de l’OTAN et de la 6e flotte américaine à Naples. Cela a été révélé par une enquête journalistique qui reconstruit l’histoire de Mata Hari moderne

Une trentenaire cosmopolite et sûre d’elle, parlant six langues, qui a créé une entreprise de production de bijoux, puis elle est entrée dans les cercles mondains de Naples et a finalement réussi à infiltrer le personnel de la base de l’OTAN et de la 6e flotte américaine : le sommet opérationnel de la puissance militaire occidentale en Europe, comme le rapporte le site de la «Rai News». « Une Mata Hari moderne, qui s’est fait remarquer par ses manières séduisantes et a laissé une traînée de cœurs brisés avant de disparaître dans les airs », écrit la Rai News citant le journal italien «La Repubblica», à la suite d’une enquête menée pendant dix mois en collaboration avec le site d’investigation Bellingcat, l’hebdomadaire Der Spiegel et The Insider. Pas à pas le récit de la « mission secrète menée pendant près de dix ans par une femme mystérieuse, à l’identité aussi complexe que fausse : Maria Adela Kuhfeldt Rivera, née au Pérou d’un père allemand ».

La femme « s’impose dans la vie citadine entre vernissages et événements », inaugure une « galerie concept » à laquelle participent de nombreuses personnes. Elle parvient à entrer au «Lions Club Napoli Monte Nuovo», un club « fondé par des officiers de la base de l’OTAN à Lago Patria, même le logo reprend le symbole martial de la Force interarmées alliée ». Les membres sont pratiquement tous des militaires, employés et techniciens de l’Alliance atlantique ou de la VI flotte américaine. Il s’agit bien des commandements qui gèrent les missions de l’OTAN et les activités de la marine américaine en Europe ». Un club qui « est la parfaite toile d’araignée dans laquelle l’agent GRU (l’acronyme de Glavnoje Razvedyvatel’noje Upravlenije, ou les services secrets militaires russes) a accroché de nombreux officiers de l’OTAN, tissant ainsi un vaste réseau de relations ».

« Nous ne savons pas si elle a réussi physiquement à entrer dans la base de l’OTAN ou dans le commandement américain, mais il y a de fortes indications de sa présence lors de certaines cérémonies : les bals annuels de l’OTAN, les bals du Corps des Marines, plusieurs soirées caritatives », écrit le quotidien «La Repubblica»… «Notre enquête n’a pas permis de reconstituer les informations obtenues par l’espionne, ni si elle a pu « semer » des virus informatiques dans les téléphones et les ordinateurs de ses amis ». Cependant, elle est entrée en contact avec des personnages clés de l’OTAN et de la marine américaine : aucun agent russe n’avait jamais été capable de pénétrer aussi profondément le sommet de l’Alliance atlantique ».

La principale trace qui la relie aux services secrets de Moscou, note le quotidien italien, est le passeport russe utilisé pour entrer en Italie : il appartient à la même série spéciale utilisée par le 007 du GRU, le renseignement militaire aux ordres du Kremlin, ceux qui ont tenté d’empoisonner, avec du gaz Novichok, Sergey Skripal et le fabricant d’armes bulgare Emilian Gebrev. Au total, trois passeports russes sont utilisés – un national et deux pour l’expatriation – tous portant des numéros similaires à ceux utilisés pour les couvertures d’agent de Moscou. Le 14 septembre 2018, Bellingcat et The Insider ont démasqué l’équipe de tueurs en publiant leurs documents. Et le lendemain, Maria Adela a soudainement quitté Naples sur un vol en direction de Moscou, pour ne plus jamais réapparaître.

Comme il avait déjà été découvert de l’autre côté de l’océan, son nom, en outre, était une invention ; En août 2005, un avocat de Lima a demandé la reconnaissance de la citoyenneté péruvienne pour Maria Adela Kuhfeldt Rivera, en produisant un acte de naissance signé à Callao le 1er septembre 1978 et un acte de baptême de la paroisse de Cristo Liberador. Mais que cette église n’existait pas à l’époque : elle n’a été construite que neuf ans plus tard. L’erreur conduit les autorités péruviennes à rejeter la demande et à ouvrir une enquête pénale. A Moscou, ils s’en moquent : peut-être pensent-ils que personne n’ira vérifier en Amérique du Sud, et décident de poursuivre l’opération. En 2006, un passeport russe a été délivré, la présentant comme une technicienne universitaire d’État avec une adresse de résidence à Moscou où – comme nous l’avons vérifié – personne ne s’en souvient d’elle, lit-on dans le quotidien italien.

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