(Rome, 24 août 2022). En partenariat avec l’hebdomadaire Challenges, La Dépêche du Midi dévoile la grande enquête réalisée par Harris Interactive « Le cœur des Français 2022 ». Comment ils voient la France, son avenir et le leur, leur optimisme et leurs inquiétudes, leur détermination et leurs colères. Une enquête essentielle pour comprendre l’état de la société en cette rentrée compliquée.
Quel est l’état d’esprit des Français ? Comment nos concitoyens voient la France, son avenir et le leur ? Quel est le degré de leur optimisme et de leurs inquiétudes, de leur détermination et de leurs colères ? Après une longue séquence électorale – élections présidentielle puis législatives – quel est leur rapport à la démocratie ? Quels sont les sujets qui les préoccupent le plus concernant le futur du pays, leur propre situation et celle des jeunes ou de leurs enfants ?
Pour répondre à ces questions, l’institut Harris Interactive a mené une très vaste enquête pour le magazine Challenges auprès de 10.020 personnes représentatives des Français âgés de 18 ans et plus, en partenariat avec Challenges, qui sort un numéro spécial intitulé « L’État de la France en 2022 », La Dépêche dévoile les résultats de cette étude intitulée « Le cœur des Français 2022. Trajectoires et perspectives partagées par les Français en 2022 ».
Niveau de vie : une certaine satisfaction qui ne durera pas
Car cette foisonnante étude, réalisée pendant la première semaine de juillet, apporte des éclairages essentiels pour comprendre l’état de la société, alors que la rentrée s’annonce compliquée et anxiogène avec une inflation galopante, l’installation de la guerre en Ukraine dans le temps long, les craintes d’une crise énergétique cet hiver, l’irruption concrète des conséquences du réchauffement climatique cet été ou la persistance de l’épidémie de Covid-19.
L’atténuation de la pandémie, justement, participe à l’évolution de l’état d’esprit des Français depuis la précédente enquête l’an passé. Harris a ainsi mesuré un état d’esprit plus positif, avec une remontée de la détermination (+15 points à 43 %) et de l’optimisme (+17 points à 43 %), quand bien même le sentiment d’inquiétude reste partagé par plus d’un tiers des Français (37 %, en baisse de 16 points).
30 % des Français estiment même que la joie et l’enthousiasme les caractérisent. Mais entre 10 et 15 % ressentent de la frustration, de la résignation, de la colère ou de la peur. Les fractures françaises sont donc bien toujours là. Si 2 Français sur 3 s’estiment satisfaits de leur niveau de vie actuel, une proportion stable depuis la dernière vague – 29 % estimant même que leur niveau de vie va s’améliorer, un sentiment plus partagé par les moins de 35 ans – 34 % n’entrevoient aucun changement sur leur niveau de vie (-6 points) quand 36 % (+ 2 points) pensent qu’elle va se dégrader…
« De fortes inquiétudes sont exprimées concernant le futur, que cela soit à travers le dérèglement climatique, l’avenir des jeunes ou de ses enfants, et les questions économiques (pouvoir d’achat, niveau des impôts et des taxes). Les questions économiques inquiètent plus nettement cette année : le pouvoir d’achat constitue le deuxième sujet d’inquiétude (85 %, +14 points). En parallèle, la pandémie de Covid inquiète beaucoup moins, ainsi que le chômage », note Harris. « Dans le détail, la dégradation du pouvoir d’achat est ressentie par l’ensemble des catégories socioprofessionnelles. Cette année, les catégories aisées déclarent une plus grande dégradation de leur situation par rapport à la dernière vague (gommant ainsi les écarts dans les perceptions) ».
À l’inverse, les Français jugent que la situation s’est améliorée à propos de la recherche scientifique, de l’égalité femmes-hommes mais aussi à propos de la puissance militaire de la France.
En dépit de ces constats équilibrés entre inquiétudes et espoirs, les Français sont particulièrement pessimistes puisque 60 % estiment que la France est en déclin ; une vision décliniste qui progresse plus chez les catégories populaires et les classes moyennes, et qui est plus forte chez les sympathisants du Rassemblement national (81 %) et de Reconquête (88 %), deux partis d’extrême droite qui ont martelé ce thème lors de la dernière présidentielle.
Les Français ont d’ailleurs leur idée sur les responsables de ce déclin : près de la moitié d’entre eux considère que les associations et l’armée contribuent au progrès de la France tandis que les responsables politiques sont désignés comme participant au déclin de la France pour deux tiers des répondants…
Défi démocratique…
Une piètre opinion des hommes et femmes politiques qui se retrouve sur la perception de la démocratie en France : 26 % des sondés jugent que la France est un régime autoritaire, soit une augmentation de 8 points depuis la dernière vague, réalisée avant les élections présidentielles et législatives. Dans le détail, le sentiment de vivre dans un régime autoritaire est plus marqué et en nette progression chez les catégories populaires (33 %, +14 points) et les sympathisants d’extrême gauche et d’extrême droite. 55 % des Français (+9 points) estiment que la démocratie ne fonctionne pas bien. 89 % trouvent que « trop de décisions sont prises à Paris par des personnes qui ne connaissent pas la réalité de l’ensemble du pays » et, à l’inverse, 77 % voudraient donner plus de pouvoir aux élus locaux. Cette défiance démocratique va aussi plus loin puisque 81 % des Français considèrent que les élections ne sont pas toujours justes, dont 11 % estimant qu’elles sont toujours ou presque faussées… Alors que l’Assemblée reflète mieux le paysage politique, 85 % disent qu’ils pourraient participer à au moins un mouvement de protestation.
Comme un avertissement à l’exécutif qui a fait ce mercredi sa rentrée dans un contexte tendu et qui, d’évidence, est attendu sur le dérèglement climatique, sujet n° 1 d’inquiétude.
… et climatique
Si Emmanuel Macron a ainsi déclaré en Conseil des ministres que la situation supposera « des efforts » et « des sacrifices » des Français, ces derniers considèrent dans l’enquête, à 69 %, que les pouvoirs publics n’agissent pas assez en faveur de l’environnement, un avis de plus en plus présent et homogène parmi toutes les catégories de la population. 48 % des sondés estiment que l’écologie relève en priorité de la responsabilité de l’État, à quasi-égalité avec les citoyens. Autrement dit, les Français attendent que les efforts soient équitablement répartis.
Par Philippe Rioux. (LA DEPECHE)