(Rome, 14 août 2022). Commentant les textes du jour, le Saint-Père est revenu sur la radicalité de l’Évangile apporté par Jésus, une parole qui vient brûler nos vieilles certitudes et invite à la conversion? «La foi que je professe et que je célèbre me met-elle dans une tranquillité béate ou allume-t-elle en moi le feu du témoignage ?» a demandé le Pape.
Devant les fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, François est revenu sur l’Évangile de Saint Luc de ce 20ème dimanche du temps ordinaire, dans lequel le Christ explique à ses disciples être venu «apporter un feu sur la terre». De quel feu s’agit-il? « Jésus nous dit donc que l’Évangile est comme un feu, parce que c’est un message qui, lorsqu’il fait irruption dans l’histoire, brûle les vieux équilibres de vie, nous met au défi de sortir de l’individualisme, de vaincre l’égoïsme, de passer de l’esclavage du péché et de la mort à la vie nouvelle du Ressuscité» a expliqué le Pape.
Fort de cette nouveauté radicale, l’Évangile «provoque le changement et invite à la conversion», il «allume une inquiétude qui nous met en route, qui nous pousse à nous ouvrir à nos frères et sœurs» a poursuivi le Souverain pontife. «C’est comme le feu : tout en nous réchauffant avec l’amour de Dieu, il veut brûler notre égoïsme, illuminer les côtés sombres de la vie, consumer les fausses idoles qui nous asservissent».
La foi n’est «pas une berceuse qui nous endort»
Rempli de l’Esprit Saint, Jésus est éclairé de ce feu de l’amour de Dieu, a encore expliqué François. L’Esprit, comparé au feu, qui par sa lumière et sa puissance «révèle le visage miséricordieux de Dieu et donne de l’espérance à ceux qui sont considérés comme perdus ; fait tomber les barrières de la marginalisation, guérit les blessures du corps et de l’âme, renouvelle une religiosité réduite à des pratiques extérieures».
«Que signifie cette parole de Jésus pour nous ?» a ainsi demandé aux fidèles l’évêque de Rome. Cette parole de Dieu nous invite à «raviver la flamme de la foi afin qu’elle ne devienne pas une réalité secondaire, ou un moyen de bien-être individuel». Citant le père Henri de Lubac, François a souligné que la foi en Dieu «nous rassure, mais non pas à notre niveau, non pour nous procurer une illusion paralysante ou une satisfaction béate, mais pour nous permettre d’agir». La foi n’invite en effet pas à la passivité, a insisté le Pape, elle «n’est pas une « berceuse » qui nous endort, mais un feu allumé pour nous maintenir éveillés et actifs même dans la nuit !»
Apporter à tous le feu de l’amour de Dieu
François a ainsi invité à l’introspection, demandant aux fidèles ce que signifie la parole de Dieu dans nos vies. «Suis-je passionné par l’Évangile ? Est-ce que je le lis souvent ? Est-ce que je l’emporte avec moi ? La foi que je professe et que je célèbre me met-elle dans une tranquillité béate ou allume-t-elle en moi le feu du témoignage ? » S’est-il interrogé. «Nous pouvons aussi nous le demander, en tant qu’Église : dans nos communautés, le feu de l’Esprit, la passion de la prière et de la charité, la joie de la foi, brûlent-ils, ou bien nous laissons-nous aller dans la lassitude et l’habitude, le visage terne et la complainte aux lèvres ?»
Le Pape a alors invité à «vérifier ceci, afin que nous puissions nous aussi dire comme Jésus : nous sommes éclairés par le feu de l’amour de Dieu et nous voulons le «lancer» dans le monde, l’apporter à tous, afin que chacun découvre la tendresse du Père et expérimente la joie de Jésus, qui élargit le cœur et rend la vie belle».
Par Olivier Bonnel. (Vatican News)