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Bruxelles: les Vingt-Sept s’entendent sur un nouveau paquet de sanctions drastiques

Les dirigeants européens ont réussi à trouver tard dans la nuit de lundi à mardi un accord sur un nouveau train de sanctions vis-à-vis de la Russie en raison de la guerre menée en Ukraine. Cet accord doit notamment permettre la mise en place d’un embargo sur le pétrole russe.
C’est un compromis très important qui a été conclu lundi soir à Bruxelles, indique Valérie Gas, envoyée spéciale à Bruxelles. Les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Union européenne ont négocié pendant plusieurs heures et c’est au milieu de la nuit que la fumée blanche est sortie de ce conclave de dirigeants politiques avec une annonce très attendue : un accord pour mettre fin à environ 90% des importations de pétrole en provenance de Russie d’ici la fin de l’année.  L’accord porte sur l’arrêt progressif des importations qui arrivent par voie maritime, soit les deux tiers des achats, auquel s’ajoute l’engagement des Allemands et des Polonais de stopper leur approvisionnement terrestre d’ici début 2023.
La Hongrie obtient ses garanties
Puis, les réticences de la Hongrie très dépendante du pétrole russe ont fini par être levées. En arrivant au sommet, le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait réclamé des assurances en cas de coupure de l’oléoduc Droujba qui approvisionne son pays en passant par l’Ukraine. Il a exigé que son pays puisse être alimenté en pétrole russe par voie maritime si l’arrivée par oléoduc venait à être arrêtée. « C’est la garantie dont nous avons besoin », avait lancé M. Orban. La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole acheminé par Droujba.
Budapest a donc obtenu un délai et des garanties sur son approvisionnement pour accepter de s’engager et permettre l’adoption du nouveau paquet de sanctions contre la Russie.
Cet embargo sur le pétrole brut dans les six mois et les produits raffinés dans les huit mois est la mesure phare mais aussi la plus épineuse du sixième paquet de sanctions contre Moscou. « Cela va couper une énorme source de financement de la machine de guerre de la Russie », a tweeté le président du Conseil européen, Charles Michel.
Neuf milliards d’euros de prêts à l’Ukraine
D’autres sanctions vont être mises en place. La première banque russe, la Sberbank, va par exemple être sortie du système Swift par lequel transitent notamment les ordres de paiement entre les banques. Trois chaines de télévisions russes vont aussi être interdites et des mesures contre des individus impliqués dans la guerre vont être prises. Le sixième paquet de sanctions prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités, dont le chef de l’église orthodoxe russe, le patriarche Kirill.
Les dirigeants ont aussi approuvé l’octroi de neuf milliards d’euros au gouvernement ukrainien pour couvrir ses besoins immédiats en liquidités afin de faire fonctionner son économie. Kiev a chiffré ses besoins à cinq milliards de dollars par mois. Les financements européens prendront la forme de « prêts à longue maturité » avec des taux d’intérêts bonifiés, a-t-on précisé de source européenne.
Le sommet de deux jours doit aussi aborder mardi la transition énergétique du continent pour se passer du gaz russe et la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine qui menace en particulier le continent africain.
L’objectif affiché notamment par la France, c’est de contraindre la Russie « à réévaluer le coût de la guerre ». Cet accord va dans le sens de ce que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait réclamé lundi après-midi dans un message vidéo adressé aux dirigeants européens dans lequel il appelait l’Europe à « montrer sa force » à la Russie.
En s’accordant sur ces nouvelles sanctions, l’Europe a donc réussi à surmonter ses divisions pour afficher sa solidarité avec l’Ukraine. (Radio France Internationale)

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