(Paris, 24 avril 2022). Le gouvernement de Bonn, invoquant son statut de pays neutre, a mis son veto à la livraison de ses armes : le «SonntagsZeitung» écrit que les véhicules «Marder» produits par «Rheinmetall» (un conglomérat industriel allemand spécialisé dans l’armement et l’équipement automobile, dont le siège social et la direction générale se trouvent à Düsseldorf, ndlr) utilisent des munitions que la même entreprise allemande fabrique en Suisse. Pendant ce temps, le débat en Allemagne sur l’envoi d’armes lourdes se poursuit et la pression sur Scholz augmente
Comme le rapporte le journal italien «Il Fatto Quotidiano», l’Allemagne ne peut pas fournir de munitions fabriquées en Suisse à l’Ukraine. Le gouvernement de Bonn, invoquant son statut de pays neutre, a en effet opposé son veto à l’exportation de ses armes vers Kiev. Cette interdiction inclut donc également les munitions utilisées dans les chars «Marder», produites par «Rheinmetall», une société basée à Düsseldorf. Pour révéler la nouvelle, le «SonntagsZeitung» écrit : « Désormais, les Suisses pourraient également être tenus pour responsables du fait que l’Allemagne n’a pas livré d’armes lourdes à l’Ukraine ». Depuis des semaines à Berlin, on discute de la possibilité d’aider Kiev en envoyant des chars : une voie pourtant bloquée par le chancelier Olaf Scholz. D’une part, le chef du gouvernement allemand a justifié son choix par les besoins de l’armée allemande (elle-même dépourvue d’armes lourdes), de l’autre, il a souligné les risques d’une escalade du conflit : « Je fais tout pour éviter une troisième guerre mondiale ».
Toutefois, selon le «SonntagsZeitung», les raisons de la retenue de l’Allemagne pourraient être suisses. Le géant allemand de l’armement «Rheinmetall» produit en effet des munitions sur le territoire suisse. Un porte-parole du Secrétariat d’État à l’économie (Seco) à Bonn a déclaré au journal que deux demandes de l’Allemagne pour le transfert de munitions de fabrication suisse vers l’Ukraine avaient été rejetées « en référence à la neutralité suisse et aux critères de rejet obligatoires de la législation sur le matériel de guerre ». Berlin a besoin du consentement de la Suisse pour la livraison d’armes, comme stipulé dans le contrat de vente. Le bureau suisse a refusé de préciser quel type de munitions l’Allemagne avait cherché à exporter vers l’Ukraine.
Il est certain que les chars allemands utilisent des munitions suisses. Vendredi, comme l’a révélé «Die Welt», une filiale de «Rheinmetall» a déposé une demande d’autorisation auprès du ministère allemand de l’Economie pour livrer à court terme 100 véhicules blindés «Marder» à l’Ukraine : le chancelier Olaf Scholz, qui a jusqu’à présent nié la livraison directe d’armes lourdes à Kiev, et a subi de fortes pressions en Allemagne, devra se prononcer sur la question dans les prochains jours. Selon «Rheinmetall», la livraison d’une première tranche pourrait déjà avoir lieu «d’ici quelques semaines».