Macron réélu président. Mario Draghi: «une merveilleuse nouvelle pour l’Europe»

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(Paris, 24 avril 2022). Les bureaux ont fermé en France. Avec plus de 70% des votes dépouillés, les chiffres officiels du ministère français de l’Intérieur confirment la réélection d’Emmanuel Macron avec plus de 58% des voix. L’ambassade américaine craint des troubles

Les bureaux de vote ont fermé en France pour désigner le prochain président de la République. Selon les dernières projections, le président sortant Emmanuel Macron avait remporté 58,60 %, tandis que Marine Le Pen était bloquée à un peu plus de 41 %, comme le rapporte Lorenzo Vita dans le quotidien italien «Il Giornale».

Le président s’est présenté au Champ de Mars, à Paris, avec son épouse Brigitte. Le chef de l’Etat, confirmé par les premières projections, s’est adressé aux supporters, en remerciant les électeurs. « Je remercie tous les citoyens français, vous m’avez donné confiance pour l’avenir, pour une France plus libre et une Europe plus forte. Nous ferons de la France une grande nation écologique », a déclaré Macron. Pour le chef de l’Elysée, il y a aussi un aveu de responsabilité sur le chemin parcouru jusqu’ici et sur la signification de ce deuxième tour électoral : « Je sais que beaucoup ont voté pour moi non pas parce qu’ils partagent mes idées, mais pour faire barrage à l’extrême droite. Je remercie ces gens, ils me donnent de l’énergie, et il faut aussi écouter le message qui vient de l’abstention ». « A partir de maintenant, je ne suis plus le candidat d’un parti, mais le président de tous les citoyens français, même de ceux qui ont voté pour Le Pen. Je sais que pour ceux qui ont choisi l’extrême droite, il faut trouver une réponse à la colère. C’est ma responsabilité, nous devons répondre aux difficultés de leur vie », a déclaré le Président français. M. Macron s’est également penché sur le monde et son programme de grandeur : « Nous vivons une époque tragique en raison de la guerre en Ukraine. La France doit faire entendre sa voix ».

Le parcours du combattant de Macron

Pour Macron, c’est une victoire qui intervient à un moment particulièrement complexe. Non seulement pour la France, mais aussi pour le monde et en particulier pour l’Europe. Le résultat du scrutin, qui a en tout cas vu une forte fragmentation de l’électorat, surtout au premier tour, couronne un chef d’État qui est longtemps apparu faible, à tel point que certains analystes soupçonnaient même qu’il ne représenterait pas. La crise du coronavirus, avec même celle des gilets jaunes, le terrorisme islamiste et les graves dissensions internes au pays, semblaient condamner le chef de l’Elysée à un dirigeant de plus en plus faible. Mais ces derniers temps, grâce aussi à une position forte sur le plan international, Macron semblait en mesure de retrouver un certain consensus notamment au sein du front modéré. Celui-ci continue toutefois de faire défaut parmi les jeunes et les classes populaires, comme en témoigne l’exploit de la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon et par le nombre de voix, non négligeable, que le challenger de droite a obtenu s’il était combiné, en particulier, avec le résultat d’Eric Zemmour.

Les sondages « secrets »

Le journal belge Le Libre a donné à Macron un avantage compris entre 55 et 58 % des voix. Le journal du « voisin » français cite plusieurs sondages. Alors qu’un journaliste français, Maurice Szafran, lors d’une émission en direct de la chaine «LCI» avait révélé par avance les résultats des territoires français d’outre-mer, brisant ainsi le silence électoral. Dans ce cas, les premiers sondages de sortie des urnes des territoires ont donné dans cette partie de la France un net avantage à Le Pen.

Le Pen accepte la défaite mais parle de victoire

« Malgré deux semaines de méthodes injustes, brutales et violentes, les idées que nous représentons atteignent de nouveaux sommets », a déclaré la cheffe de la droite française. Pour Madame Le Pen, le résultat du second tour de l’élection présidentielle témoigne d’une « grande méfiance du peuple Français ». Et d’avouer ne pas éprouver de « ressentiment ou de rancœur ». « Un grand vent de liberté aurait pu souffler sur le pays. Le destin des urnes en a décidé autrement », a jugé la présidente du Rassemblement national, qui vise désormais les prochaines élections législatives sur la base d’un résultat pourtant historique. Un objectif aussi de Mélenchon, qui a déjà réuni ses électeurs : « Les 12 et 19 juin, en vous appelant à m’élire comme Premier ministre, je vous appelle vraiment à nous aider à vivre un nouvel avenir commun ». A cet égard, un sondage Ipsos révèle que 42% des électeurs qui ont donné leur vote à la gauche radicale au premier tour, ont ensuite décidé de voter pour Macron au second tour. Seuls 17% auraient voté pour Le Pen.

La réaction de l’Europe

L’Union européenne semble pousser un soupir de soulagement général. L’ensemble des représentants à Bruxelles, de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ont réitéré leur joie de la victoire de Macron, réaffirmant la portée pro-européenne du résultat électoral en France. Le sommet de l’exécutif européen a adressé un message au président français disant : « Je me réjouis de poursuivre notre excellente coopération. Ensemble, nous ferons avancer la France et l’Europe ». Du même avis sont les représentants politiques italiens les plus proches du centrisme pro-européen de Macron, ce qui pour plusieurs membres de la majorité gouvernementale indique un cap précis à suivre également lors des prochaines élections législatives. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré qu’en « cette période de turbulences, nous avons besoin d’une Europe solide et d’une France totalement engagée en faveur d’une Union européenne plus souveraine et plus stratégique », concluant : « Nous pouvons compter sur la France pour cinq années supplémentaires ».

Un bonheur également exprimé par le Premier ministre britannique, Boris Johnson, qui a écrit sur Twitter : « La France est l’un de nos alliés les plus proches et les plus importants. Je me réjouis de continuer à travailler ensemble sur les questions qui comptent le plus pour nos deux pays et pour le monde ». Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est adressé directement au président français : « Vos électeurs ont envoyé aujourd’hui un signal fort en faveur de l’Europe. Je suis heureux de poursuivre notre bonne coopération ! ».

Draghi se réjouit de la victoire de Macron

« La victoire d’Emmanuel Macron aux élections présidentielles françaises est une excellente nouvelle pour l’ensemble de l’Europe ». Le Premier ministre Mario Draghi n’a pas mâché pas ses mots, se félicitant de la confirmation du chef de l’Elysée, rappelle que « l’Italie et la France s’engagent côte à côte, de concert avec tous les autres partenaires, pour la construction d’une Union européenne plus forte, plus solidaire et plus juste, capable de jouer un rôle de premier plan visant à surmonter les grands défis de notre temps, à commencer par la guerre en Ukraine ». Le Premier ministre s’est ensuite dit « prêt à continuer immédiatement à travailler ensemble, avec ambition et détermination, au service de nos pays et de tous les citoyens européens ».