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Une force opérationnelle dirigée par les USA pour arrêter l’envoi d’armes iraniennes au Yémen

(Paris, 20 avril 2022). Les États-Unis cherchent à rassurer l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis avec la formation d’une force opérationnelle maritime qui aura pour tâche d’arrêter le trafic d’armes arrivant aux rebelles Houthis et passées en contrebande depuis l’Iran

La marine américaine a annoncé qu’elle mettait en place une nouvelle force opérationnelle multinationale qui ciblerait la contrebande d’armes dans les eaux autour du Yémen, comme le rapporte Emanuele Rossi dans le quotidien italien «Formiche». Dans le pays, les Houthis, après avoir renversé le gouvernement régulier, se battent depuis près de sept ans contre une coalition dirigée par l’Arabie saoudite, et moins explicitement par les Émirats arabes unis. Les rebelles reçoivent des armes de contrebande des Pasdaran. Ces dernières semaines, des signes d’un dialogue constructif ont été observés, qui pourrait conduire à la fin des hostilités, mais les espoirs restent limités car le conflit a été manipulé par les Iraniens afin de mener des attaques par procuration contre les deux pays rivaux.

Désormais, la situation entre les blocs géopolitiques de la région, la République islamique chiite d’Iran et les monarchies sunnites du Golfe, s’est partiellement améliorée, des espaces de dialogue se sont ouverts, mais les activités des Houthis suivent un agenda personnel, tout comme l’aide militaire des Pasdaran, envoyée par des composantes qui ont intérêt à ce que les différentes formes de conflits perdurent.

Des roquettes et des drones explosifs ont été tirés à plusieurs reprises sur des villes saoudiennes et émiraties, ce qui constitue un élément d’inquiétude profond car cela renvoie une image d’insécurité pour les deux royaumes. Et un environnement précaire n’occasionne pas la centralité géostratégique qu’Abou Dhabi et Riyad entendent avoir entre le présent et l’avenir. Pour cette raison, ils ont demandé à plusieurs reprises aux États-Unis, leur principal allié, d’augmenter les formes d’assistance à la défense et à la sécurité.

Mais l’administration Biden trace une ligne dure avec les deux pays, y compris sur la guerre au Yémen, dont Washington s’est désengagé, car lors des affrontements, les Houthis n’ont pas été les seuls à violer les droits.

Avec la nouvelle task force, les Américains, via le Pentagone, tentent de rassurer l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui craignent les effets du désengagement américain dans la région. Ce soutien militaire supplémentaire intervient après que ces derniers mois, les attaques aux missiles et aux drones menées contre les pays du Golfe se sont intensifiées, notamment en termes de qualité des cibles touchées. Les États-Unis ont déjà envoyé des systèmes Patriot supplémentaires.

Le vice-amiral Brad Cooper, commandant de la cinquième flotte (qui couvre géographiquement le Moyen-Orient), a déclaré que la force opérationnelle, dans les jours à venir, assurera une présence de forces et une posture de dissuasion le long de la mer Rouge, dans le centre de thalassocratie de Bab al-Mandab et dans le golfe d’Aden.

« Ce sont des eaux stratégiquement importantes qui méritent notre attention », a déclaré Brad Cooper lors d’un appel téléphonique avec des journalistes, ajoutant que les trafics d’êtres humains et de drogues feront également partie des cibles.

Les eaux entourant le Yémen constituent un passage clé pour le commerce mondial, y compris l’approvisionnement en pétrole, et les navires ont par le passé été pris pour cible par les Houthis, ainsi que par d’autres forces. Ils représentent la remontée de l’Est vers l’Europe, ils sont le trait d’union entre la Méditerranée et l’Indo-Pacifique, en d’autres termes, entre deux quadrants stratégiques pour les USA et l’Europe. Il y a plus de dix ans, l’intensification des patrouilles navales a permis d’endiguer les attaques de pirates contre les navires commerciaux naviguant le long de ces routes.

Comme l’a déclaré un responsable américain à Reuters, les eaux entre la Somalie, Djibouti et le Yémen sont des « routes de contrebande » connues pour les armes destinées aux Houthis. Selon le vice-amiral Cooper, la force opérationnelle augmentera les capacités d’intervention contre la contrebande d’armes et diminuera ainsi la capacité d’action des Yéménites.

Les Houthis ont critiqué le déploiement dirigé par les États-Unis, arguant qu’il s’agissait d’une ingérence et qu’il risque de compromettre les délicates négociations en cours.

La nouvelle force navale dont l’US Navy sera la colonne vertébrale, devrait être composée d’un contingent variant de deux à huit navires provenant des Forces maritimes combinées, un groupement de 34 nations basé à Bahreïn et créé avec des fonctions contre le terrorisme et la piraterie. La force maritime combinée est également commandée par Cooper et compte déjà trois autres forces opérationnelles dans les eaux voisines opérant dans la mer d’Oman et le long du golfe Persique.

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