Les trois mesures de Poutine contre les sanctions occidentales

0
405

(Rome, 31 mars 2022). Le décret sur le gaz, les avions étrangers restant sur le sol russe et l’interdiction d’entrée dans le pays faite aux dirigeants de l’UE. Ce sont les réactions du Kremlin qui modifient encore un cadre international nouveau et en pleine mutation

Pour Moscou, le terrain militaire n’est pas le seul auquel l’Occident doit faire face. Il y a aussi le front diplomatique et celui d’une guerre économique qui s’annonce longue et à laquelle le Kremlin se préparait depuis un certain temps. Le trente-sixième jour des hostilités en Ukraine a également été le jour où Moscou a adopté des mesures importantes qui modifient encore un cadre international nouveau et en évolution rapide.

Le décret sur le gaz

Au lendemain des appels téléphoniques au cours desquels il a expliqué le nouveau mécanisme aux chefs de gouvernement italien et allemand, deux nations qui comptent parmi ses principaux clients européens, le président russe Vladimir Poutine a signé le décret qui impose aux pays « hostiles » de payer leurs fournitures de gaz en roubles.

Il s’agit d’une mesure qui, sur le plan économique, vise à accroître la demande de roubles et à éviter un effondrement de la monnaie russe. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a souligné que les contrats prévoient le paiement en euros et que demander de payer dans une autre devise serait une violation. La solution proposée par Poutine envisage d’effectuer des paiements en euros à Gazprombank, non frappée par les sanctions, qui les échangerait alors contre des euros.

Le décret ne signifie pas qu’aucun des clients de Gazprom ne manquera de gaz demain : la société devrait recevoir ses premiers paiements de gaz en roubles dans le cadre de certains contrats dans la seconde quinzaine d’avril et d’autres en mai, a indiqué une source à l’agence « Ria Novosti ». Paris et Berlin ont toutefois rejeté la proposition, la qualifiant de « chantage ».

Les avions étrangers restent à la maison

Tous les avions étrangers encore présents en Russie y resteront et seront inscrits dans les registres russes, a ainsi expliqué le vice-Premier ministre russe, Youri Borisov. « La plupart des avions Boeing et Airbus de la flotte aérienne russe sont restés en Fédération de Russie et sont inscrits au registre russe », a indiqué Borisov. « La Fédération de Russie a la possibilité de gérer la flotte d’avions étrangers restant dans le pays ».

L’imposition de sanctions occidentales en réponse à la campagne militaire russe en Ukraine a contraint les sociétés de leasing occidentales à mettre fin aux contrats avec les compagnies aériennes russes pour plus de 500 avions, dont plus de 400 sont toujours en Russie.

Interdiction d’entrée pour les dirigeants de l’UE

Certaines autorités de l’UE de premier plan et d’autres personnalités publiques seront interdites d’entrer en Russie en réponse à ce que le Kremlin a qualifié de politiques anti-russes. « Les restrictions s’appliquent aux hauts dirigeants de l’Union européenne ; y compris un certain nombre de commissaires européens et de chefs de structures militaires de l’Union, ainsi qu’à la grande majorité des membres du Parlement européen qui promeuvent des politiques anti-russes », a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères.

Moscou a indiqué que la liste noire comprend également des représentants de certains États membres de l’UE, des personnalités publiques et des journalistes jugés « personnellement responsables de la promotion de sanctions anti-russes illégales, de l’incitation à des sentiments russophobes et de la violation des droits et libertés des russophones ».

(AGI)