(Rome, 05 mars 2022). Selon des médias panarabes, citant des sources à Damas, les combattants syriens, que la Russie pourrait mobiliser, se comptent par dizaines de milliers et appartiennent à des formations armées locales, certaines dissoutes ces derniers mois, d’autres toujours actives. L’ANSA n’a cependant pas pu trouver jusqu’à présent de confirmation de ce phénomène dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien
Selon le quotidien italien «Il Fatto Quotidiano», les émissaires russes et leurs clients locaux à Damas ont commencé à recruter des milliers de mercenaires syriens à envoyer sur le front de l’Europe de l’Est, comme cela s’est produit il y a deux ans pour les miliciens pro-russes de Damas, envoyés en Libye et dans le Caucase. Selon des médias panarabes, citant des sources dans la capitale syrienne, les combattants syriens que la Russie pourrait mobiliser se comptent par dizaines de milliers et appartiennent à des formations armées locales, certaines dissoutes ces derniers mois alors que d’autres sont toujours actives. Cependant, l’agence ANSA n’a jusqu’à présent pu trouver de confirmation de ce phénomène dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien.
L’enrôlement de miliciens syriens, irakiens, afghans et libanais pour les envoyer sur les fronts de guerre autour de la Méditerranée et du Moyen-Orient n’est pas nouveau. Et la Russie n’est certainement pas le seul acteur de la région à puiser à bon compte dans le réservoir de jeunes et de moins jeunes de la région, prêts à tout, pour gagner un salaire en devises fortes. En l’occurrence, comme le rapporte le quotidien panarabe Al-Charq al-Awsat, le salaire proposé aux aspirants mercenaires est de mille dollars américains par mois, à condition toutefois que le combattant s’engage à rester au front pendant sept mois, jusqu’en octobre prochain. Dans le texte du contrat, cité par le journal panarabe, le motif du recrutement est cité comme : « Protéger les infrastructures en Ukraine ». Une formulation qui rappelle des expressions similaires utilisées par Moscou pour enrôler des combattants syriens à envoyer sur le front libyen ou caucasien, dans les tranchées entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
La Syrie continue d’être un pays fragmenté en territoires contrôlés par plusieurs armées étrangères et milices locales. La Russie est intervenue militairement à l’automne 2015 mais son alliance stratégique avec Damas remonte à la fin des années 1960. Au cours des sept dernières années et grâce à des bases militaires en Syrie, Moscou a étendu son influence au Moyen-Orient et en Méditerranée. Aujourd’hui ses unités navales contrastent avec celles de l’OTAN dans la confrontation régionale qui dépasse largement le théâtre ukrainien.
En Syrie, les effets désastreux de la guerre et la pire crise économique de ces dernières décennies ont rendu la population syrienne encore plus exposée à l’exploitation imposée par les pays étrangers.
Selon l’ONU, souligne le quotidien italien, 90% des Syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Et plus de la moitié de la population est menacée par l’insécurité alimentaire, tandis que l’accès à l’eau potable et à l’électricité est sévèrement compromis depuis des années dans de nombreuses régions du pays. À la lumière de la forte dévaluation de la livre syrienne, ceux qui parviennent aujourd’hui à toucher un salaire de mille dollars par mois peuvent ainsi assurer leur famille pendant au moins trois mois. Selon des sources citées par les médias, le contrat de recrutement est stipulé directement entre les représentants russes en Syrie et les combattants, sans l’intervention des autorités de Damas. Toutefois, ceux qui rejoignent les brigades mercenaires syriennes en Ukraine peuvent bénéficier du report de la conscription (nationale) obligatoire dans une Syrie en pleine guerre.