(Paris, 28 février 2022). La Russie, suite à l’invasion de l’Ukraine, a réduit ses activités en Syrie. Les seuls qui progressent sont ceux liés au renforcement de ses bases militaires
L’invasion russe de l’Ukraine aurait des effets non seulement en Europe mais aussi au Moyen-Orient, explique l’expert en matière de Défense et Sécurité, Francesco Bussoletti, du média italien «Difesa & Sicurezza». Et plus précisément en Syrie, où Moscou est présent depuis plus de six ans. Les raids aériens russes contre les milices entre Idlib et Alep se sont récemment réduits. De même, les patrouilles conjointes avec la Turquie dans les zones de désescalade ont également diminué. Les frappes contre les djihadistes pro-EI à l’ouest de Deir Ezzor dans le désert de Badia al-Sham ont de leur côté diminué, bien que dans une moindre mesure. La seule augmentation a cependant été enregistrée dans les défenses des installations militaires russes : notamment la base aérienne de Hmeïmim et les ports de Tartous et Lattaquié, d’où partent certaines des attaques contre Kiev. En effet, Moscou craint des sabotages ou des incursions ennemies si la crise en Ukraine s’aggravait davantage.
La « distraction » de Moscou risque de provoquer l’expansion de HTS, de la Turquie et des djihadistes pro-EI, ainsi que l’affaiblissement de Damas. Juste au moment où Poutine a besoin de tous ses alliés
La moindre attention de la Russie en Syrie pour se concentrer sur l’offensive en Ukraine risque d’entraîner des effets très dangereux dans ce pays, ajoute Francesco Bussoletti. Surtout si la « distraction » devait se poursuivre en raison d’une guerre de positions en Europe. Au nord (Idlib et Alep) Hayat Tahrir al-Sham (HTS) avec des groupes apparentés, et la Turquie se renforceraient, menaçant davantage la population et les (rares) progrès réalisés jusqu’à présent par l’armée régulière (AAS). Dans le triangle Raqqa-Homs-Deir Ezzor, on assisterait à la poursuite de l’expansion de l’État islamique tant vers l’Euphrate que vers Damas, car il n’y a plus de force qui « tient les terroristes à distance », les empêchant de sortir de leur poche traditionnelle de résistance. De ce fait, le régime de Bachar al-Assad, allié historique de Vladimir Poutine, serait fortement affaibli. Précisément à un moment où la Russie, en raison des sanctions internationales, ne peut se permettre de perdre de partenaires de moins en moins nombreux, sur lesquels elle peut compter.