(Rome, Paris, 11 février 2022). Nouvelle alerte de Washington : « attaque possible de la Russie pendant les JO d’hiver ». La Grande-Bretagne et les États-Unis ont appelé leurs compatriotes à quitter l’Ukraine dans les 24 à 48 heures
En Ukraine, la tension est vive. Dans un climat d’invasion imminente, la Grande-Bretagne et les États-Unis ainsi que d’autres nations ont appelé leurs compatriotes à quitter le pays dans les 24 à 48 heures, tandis que des sources américaines estiment qu’une éventuelle attaque des forces militaires russes, massées le long des frontières orientales de l’Ukraine est plausible (et imminente), comme l’a signalé Federico Giuliani dans le quotidien italien «Il Giornale».
Une invasion russe aux portes ?
Les messages qui ont rebondi entre les États-Unis et l’Europe ces dernières heures ne sont pas des plus encourageants. Le Premier ministre britannique Boris Johnson est allé jusqu’à dire qu’il « craignait pour la sécurité » du Vieux Continent. Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a confirmé ce que Joe Biden avait anticipé : la possibilité que Vladimir Poutine envahisse l’Ukraine à court terme (déjà pendant les Jeux d’hiver de Pékin 2022) est une hypothèse concrète à prendre sérieusement en considération. « Nous sommes dans une situation urgente, et le message que nous envoyons est urgent. Nous ne disons pas que le président Poutine a pris une décision définitive. Ce que nous disons, c’est que nous avons un niveau d’inquiétude assez élevé, d’après ce que nous voyons sur le terrain et sur ce que nos services de renseignement ont appris », a précisé Sullivan lors d’un briefing à la Maison Blanche, ajoutant que l’invasion commencerait par les airs sous n’importe quel prétexte.
Dans la valse diplomatique, Biden pourrait à nouveau rappeler Poutine ; en revanche, un deuxième round de pourparlers entre le chef du Kremlin et Emmanuel Macron est certain. Nous ne savons pas, cependant, si ces rencontres parviendront à diminuer le niveau de l’escalade. Entre-temps, l’Europe a commencé à finaliser les sanctions qui seraient déclenchées en cas d’assaut russe sur Kiev. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a eu un long dialogue avec Biden dans lequel elle a clairement indiqué que l’UE était prête à apporter une réponse « efficace » et « unitaire ». Les représailles comprennent l’exclusion des cinq plus importantes banques russes des affaires avec l’Occident. Il reste à comprendre la phase suivante dans le secteur de l’énergie, étant donné que frapper (par le biais des sanctions) la Russie à ce stade, pourrait générer un effet boomerang dangereux pour les pays européens exportateurs de gaz russe, dont l’Italie.
Entre-temps, le magazine allemand der Spiegel a indiqué que la CIA pense que l’attaque russe contre l’Ukraine pourrait être lancée la semaine prochaine. En particulier, les services américains et l’armée américaine auraient informé le gouvernement allemand et d’autres États de l’OTAN. Selon plusieurs diplomates et militaires, les services ont fourni diverses précisions. « Les itinéraires concrets de l’invasion russe, les unités russes et les tâches qu’elles devraient entreprendre ont été décrits. La date d’un éventuel début de l’invasion est le 16 février », lit-on dans Spiegel. À Berlin, cependant, on considère qu’il est impossible d’évaluer s’il y a réellement une attaque imminente, étant donné qu’une agression militaire à la mi-février était déjà considérée comme plausible depuis un certain temps.
La position de Washington
Depuis la Maison Blanche, Sullivan a poursuivi en décrivant le scénario ukrainien : « Un seul pays a amassé plus de 100.000 soldats à la frontière d’un autre pays avec toutes leurs forces nécessaires pour mener une invasion. Ce pays est la Russie. Ce pays n’est pas les États-Unis ». Selon Washington, le moyen le plus rapide de désamorcer une escalade pour toutes les parties concernées, est que Moscou choisisse de réduire la mobilisation de ses forces. « Les États-Unis réagissent à la concentration active de la pression militaire sur l’Ukraine, nous le faisons main dans la main avec les alliés et les partenaires, et en même temps, nous avons été extrêmement clairvoyants dans notre volonté de nous engager diplomatiquement pour répondre aux préoccupations mutuelles de la Russie, des Européens et des Etats-Unis sur la sécurité en Europe », a poursuivi Sullivan.
Dans le même temps, ajoute Federico Giuliani, les Etats-Unis ont fait savoir que les dirigeants occidentaux, lors de l’appel vidéo organisé par les Etats-Unis sur l’affaire ukrainienne, « ont exprimé leur désir d’une solution diplomatique à la crise ». Au cours de la réunion, à laquelle a participé le président Mario Draghi, Palazzo Chigi (le siège de la présidence du Conseil des ministres, ndlr) a annoncé que les sanctions qui seraient adoptées en cas d’atteinte à l’intégrité territoriale de l’Ukraine avaient été examinées en profondeur et que Draghi soutient l’opportunité de sanctions sérieuses, tout en continuant espérer un dialogue utile.