«L’islamophobie est une politique d’Etat en France»: nouvelles tensions entre Paris et Ankara

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(Rome, 10 février 2022). « L’islamophobie ? En France, c’est devenu une politique d’Etat ». Mevlut Cavusoglu, ministre turc des Affaires étrangères qui, au cours d’une interview accordée à la chaîne de télévision TRT, a sévèrement attaqué le gouvernement français, attisant de nouvelles tensions entre Paris et Ankara, selon Federico Giuliani du journal italien «Il Giornale».

L’attaque de Cavusoglu

Par le passé, la Turquie avait déjà pointé du doigt la France, demandant à plusieurs reprises aux autorités françaises de lutter contre l’islamophobie croissante. Aujourd’hui, Ankara revenu à la charge, affirmant, par la mâchoire de Cavusoglu, que Paris ne respecte pas la campagne contre l’islamophobie promue par le Conseil de l’Europe, en violation des droits de l’homme. Et que, malgré cela, n’est pas rappelé par Strasbourg.

Les propos du ministre arrivent à un moment particulier. Depuis plusieurs jours, en effet, le parlement turc réclame que des mesures concrètes soient prises contre le racisme, la xénophobie et l’islamophobie. « Nous sommes tous préoccupés par l’augmentation inquiétante du racisme, de la xénophobie, de l’islamophobie et l’incitation à la haine dans le monde, et par la grave menace qu’elle fait peser sur la paix et l’harmonie de nos sociétés », a déclaré Moustafa Sentop, président de la Grande Assemblée nationale de Turquie. Sentop a ensuite expliqué que l’islamophobie est devenue l’une des formes les plus courantes de racisme au cours des 20 dernières années, espérant que divers gouvernements adopteront des mesures concrètes pour étouffer dans l’œuf les « tendances à l’incitation à la haine ».

Mais si d’un côté il y a la bataille menée par la Turquie pour contrer l’islamophobie, de l’autre, se trouvent des tensions entre Ankara et l’Union européenne qui ne se sont jamais apaisées. Le sentiment est alors que les hauts représentants turcs soulèvent parfois des questions sensibles telles que les préjugés envers l’islam en réponse aux accusations portées par Bruxelles.

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Sans surprise, en octobre dernier, la Commission européenne a rejeté (l’adhésion de) la Turquie dans son intégralité, expliquant que le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan n’avait pas progressé vers les principes démocratiques pour entrer dans l’UE.

La Turquie et la condamnation de l’islamophobie

Revenant plutôt à la relation entre la France et la Turquie ; rappelons par exemple ce qui s’est passé en 2015 après l’assassinat de 12 personnes au siège de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo. A l’époque, Ankara avait condamné l’attentat et toutes les formes de terrorisme, mais avait demandé à l’Europe de lutter contre les vagues d’islamophobie qui, selon les autorités turques, visaient l’islam. C’est Cavusoglu lui-même qui s’est exprimé, reprenant un thème cher au président Erdogan, et expliquant que le terrorisme et l’islamophobie croissante sur le Vieux Continent étaient des phénomènes « interconnectés ». « Nous devons lutter contre la montée du racisme, de la xénophobie et de l’islamophobie en Europe, qui menacent toutes nos valeurs. Nous devons également lutter contre toutes les formes de terrorisme », a déclaré Cavusoglu. Sept ans plus tard, le ministre est revenu pour aborder les mêmes thèmes.

Plus récemment, en 2020, la tension entre Paris et Ankara a probablement atteint son point culminent, ajoute M. Giuliani dans son décryptage. Suite à la décapitation d’un professeur français d’histoire et de géographie qui avait montré des caricatures de Charlie Hebdo de Mahomet à ses élèves en classe, le président français Emmanuel Macron s’est lancé dans une défense acharnée de la liberté d’expression. Erdogan a promptement réagit, et à cette occasion, il a accusé Macron d’être mentalement instable et d’avoir lancé une sorte de chasse aux sorcières contre les musulmans en France.

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« Les musulmans font l’objet d’une campagne de lynchage similaire à celle menée contre les juifs en Europe avant la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le président turc.

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