(Rome, Paris, 08 février 2022). Le président russe a rencontré Emmanuel Macron au Kremlin lors d’une rencontre qui a duré plus de cinq heures. Des signes de dialogue et des éléments de convergence ont émergé. Le patron de l’Elysée : « Travaillons ensemble pour éviter une escalade »
Eviter la guerre et instaurer la confiance pour un dialogue avec la Russie sur les nouvelles structures de sécurité européennes. C’est le message avec lequel le président français, Emmanuel Macron, est sorti après plus de cinq heures d’entretiens avec son homologue russe, Vladimir Poutine, lors de la première visite d’un dirigeant occidental à Moscou depuis la montée de la tension entre la Russie et l’Occident, qu’il l’accuse de planifier une invasion de l’Ukraine, comme le rapportent Marta Allevato et Cecilia Scaldaferri de l’agence italienne «AGI».
Le risque d’une guerre, dans laquelle les Européens « seraient entraînés malgré eux » a été souligné par Poutine, rappelant qu’un tel scénario « n’aurait pas de vainqueurs ».
A Moscou, après cinq heures de face à face, le ton s’est adouci : le chef du Kremlin a reconnu que « de nombreuses idées, de propositions » de Macron, « dont il est sans doute encore trop tôt pour en parler », peuvent « poser les bases de nouvelles démarches communes ».
Les deux dirigeants ont convenu de s’entretenir après le déplacement du chef de l’Elysée dans la capitale ukrainienne pour échanger « des points de vue à ce sujet ». « Ensemble, je suis sûr que nous parviendrons à un résultat, même si ce n’est pas facile », a-t-il ajouté, soulignant que « les prochains jours seront décisifs et nécessiteront des discussions intenses que nous poursuivrons ensemble ».
Macron a déclaré avoir trouvé des éléments de convergence avec Poutine, tout en soulignant que des divergences subsistaient. La Russie et l’Europe doivent travailler ensemble sur les garanties de sécurité, a poursuivi le Président français : « Une désescalade crédible exige que nous avancions sur des questions fondamentales, et de ces questions dont nous discutons depuis longtemps. Nous devons faire preuve de volonté ensemble d’être prêt à travailler sur des garanties de sécurité, pour construire un nouvel ordre de sécurité et de stabilité en Europe ».
Poutine a, pour sa part, dit espérer une « solution pacifique » à la crise, ajoutent Marta Allevato et Cecilia Scaldaferri, réaffirmant qu’«il n’y a pas d’alternative» aux accords de Minsk pour résoudre le conflit dans l’est de l’Ukraine. Les autorités de Kiev doivent les respecter alors que Moscou est persuadée qu’elles s’emploient à les démanteler : « Il n’y a pas d’avancées sur des questions fondamentales telles que la réforme constitutionnelle, l’amnistie, les élections locales et les aspects juridiques du statut spécial du Donbass ».
Le chef du Kremlin a assuré qu’il ferait « tout pour trouver des compromis convenables pour tous » sur la question de la sécurité en Europe, prévenant toutefois que si l’Ukraine rejoignait l’Otan, « les pays européens seront entraînés dans un conflit avec la Russie ». « La Russie est l’une des principales puissances nucléaires et dans certaines composantes de la modernité, elle en surpasse même beaucoup d’autres », a-t-il souligné, « il n’y aura pas de vainqueur ». « Vous vous retrouverez impliqué dans ce conflit contre votre gré ».
Depuis Washington, le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz se sont dits « unis » et « alignés » sur la crise ukrainienne, rappelant que la Russie paiera « le prix fort » si elle envahit son voisin mais laissant la porte ouverte à une solution diplomatique : « La meilleure voie à suivre pour toutes les parties », a souligné le chef de la Maison Blanche, se disant « prêt à poursuivre de bonne foi les pourparlers avec la Russie ».
Biden a toutefois « promis » de fermer le gazoduc Nord Stream 2 si Moscou devait bouger : « nous sommes prêts, toute l’Otan est prête » à réagir, a-t-il prévenu.
Une unité d’intention sur les sanctions également confirmée par le chancelier allemand, selon lequel « les mesures à prendre contre la Russie si nécessaire, ont été convenues ».
« Il est clair que nous nous sommes bien préparés, ce sont des mesures larges, que nous mettrons en œuvre avec nos alliés, également avec les États-Unis. Et vous pouvez être sûrs que nous n’agirons pas différemment les uns des autres. Nous serons unis, nous avons les mêmes vues, et nous prendrons les mêmes mesures », a-t-il assuré.