Le Parlement européen en deuil, son président l’Italien David Sassoli est mort

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(Rome, Paris, 11 janvier 2022). L’Italien David Sassoli, président du Parlement européen depuis 2019, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 65 ans, a annoncé son porte-parole. Il était hospitalisé depuis quinze jours dans son pays pour une « complication grave » de son état.

Le président du Parlement européen, le social-démocrate Italien David Sassoli, est décédé dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 janvier au CRO (centre de référence d’oncologie) d’Aviano, en Italie, où il était hospitalisé depuis fin décembre, a annoncé son porte-parole Roberto Cuillo sur Twitter. Il était âgé de 65 ans.

« La date et le lieu des funérailles seront communiqués dans les prochaines heures », a-t-il ajouté, comme le rapporte la chaine «France24».

Le responsable social-démocrate, dont le mandat s’achevait ce mois-ci, avait été admis à l’hôpital le 26 décembre « en raison d’une complication grave due à un dysfonctionnement du système immunitaire », a fait savoir, lundi, son porte-parole dans un communiqué. « En conséquence, toutes les activités officielles du président du Parlement européen (avaient) été annulées ».

En raison de sa maladie, David Sassoli n’avait pas été en mesure d’assurer ses fonctions ces dernières semaines.

Sa santé était son talon d’Achille. Ayant souffert par le passé d’une leucémie, il avait déjà été hospitalisé cet automne pour une pneumonie qui l’avait tenu éloigné du Parlement pendant plusieurs semaines.

Deux passions : la politique et le journalisme

Né le 30 mai 1956 à Florence, en Toscane, David Sassoli a choisi le journalisme après des études de sciences politiques. Il a commencé à collaborer avec de petits journaux et des agences de presse puis, en 1992, a intégré la RAI, la chaîne publique de radio-télévision, dont il est devenu un des présentateurs vedette de la première chaine.

Le coup de foudre pour la politique s’est produit en 2009, quand l’ancien maire de Rome de gauche, Walter Veltroni, organise la fusion de deux grands partis de gauche et de centre gauche, un projet auquel David Sassoli se rallie, et qui donne naissance au Parti démocrate (PD).

Candidat aux élections européennes, il est élu sur une liste du PD avec plus de 400.000 voix, un succès qui l’éloigne définitivement des écrans et qui lance sa carrière politique au sein du Parlement.

Chef de la délégation du PD au sein de cette institution, il tente une incursion sur la scène politique nationale en se présentant aux primaires de ce parti pour le poste de maire de Rome en 2013, mais est devancé par Ignazio Marino qui sera élu plus tard à la mairie. Depuis cette tentative avortée, ce père de deux enfants se consacrait à l’Assemblée européenne. Réélu en 2014, il était devenu vice-président du Parlement en charge du budget et de la politique euro-méditerranéenne.

Il revendiquait la paternité de « la plus importante réforme ferroviaire de l’Union européenne – la loi européenne Sassoli-Dijksma – qui a été adoptée en 2017 après trois années de négociations compliquées » sur l’ouverture à la concurrence des marchés nationaux de transport de passagers.

Un mandat plombé par le Covid-19

Peu enclin aux éclats mais tenant d’une main ferme les débats dans l’hémicycle, cet ancien présentateur de journal télévisé en Italie avait pris la présidence du Parlement européen à l’issue de tractations entre grandes forces politiques et gouvernements pour les présidences des trois institutions européennes en 2019.

La Commission était allée au PPE (droite pro-européenne) avec Ursula von der Leyen, le Conseil aux libéraux avec Charles Michel et le Parlement aux socialistes avec David Sassoli. Sa nationalité, son parti et sa connaissance de l’institution, dont il a été un des vice-présidents pendant la précédente législature, avaient fait de lui, à la dernière minute, l’homme de la situation.

Il a vu son mandat de deux ans et demi plombé par la crise sanitaire. Mais l’attention portée à ses équipes, mises en télétravail, son sens de l’organisation, avec un système de vote à distance, et sa capacité à résister aux pressions françaises pour faire revenir les élus à Strasbourg, siège du Parlement, lui ont valu le respect de l’institution.

Signe de solidarité en pleine pandémie, il avait mis à disposition les locaux désertés du Parlement, tant à Strasbourg qu’à Bruxelles, pour la préparation de repas destinés aux familles dans le besoin et installer un centre de dépistage du Covid-19.

Son mandat expirait ce mois-ci, à la moitié de la législature quinquennale.

Dans sa déclaration citée par le quotidien italien «Avvenire», le Président Sergio Mattarella a dit que « la mort inattendue et prématurée de David Sassoli me fait une profonde peine. Sa mort ouvre un vide dans les rangs de ceux qui ont cru et construit une Europe de la paix au service des citoyens et représente une source de tristesse profonde pour le peuple italien et pour le peuple européen ».

« Son engagement clair, constant, passionné a contribué à faire de l’Assemblée de Strasbourg un protagoniste du débat politique dans une phase très délicate, donnant la parole aux attentes des citoyens européens, poursuit le chef de l’Etat. Sassoli, avec les autres dirigeants européens, a su accompagner un tournant décisif pour l’avenir de l’Europe : des droits civils et sociaux, au dialogue avec les autres pays, à commencer par la Méditerranée. Avec aussi l’engagement de la Conférence sur l’avenir de l’Union ».

« Homme politique passionné, dirigeant loyal et rigoureux, il a su nourrir de sa culture une initiative politique au service des personnes et des institutions. Homme de dialogue, il a fait de la méthode de la confrontation la clé de sa relation avec ses interlocuteurs, en quête du bien commun. Des qualités qu’il avait également su exprimer dans son activité de journaliste, a conclu Mattarella. A sa famille, nous adressons la sympathie et les condoléances de ceux qui l’ont connu et le sentiment de gratitude de la République pour son œuvre précieuse, expression d’une intense passion civile ».

« Reste en paix, mon cher ami »

En guise d’hommage, la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, postait quelques heures après le décès de David Sassoli une photo où on les voit tous les deux se serrer chaleureusement les mains, accompagnée de ces quelques mots en anglais : « Stay in peace David, my dear friend » (Reste en paix David, mon cher ami).