Kazakhstan: des véhicules blindés et des soldats envoyés par Moscou ont fait irruption sur la place principale d’Almaty

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(Rome, 06 janvier 2022). Plusieurs véhicules blindés et des dizaines de fantassins, envoyés par Moscou, ont pénétré sur la place principale d’Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, où des centaines de personnes protestent contre le gouvernement pour le troisième jour, a rapporté l’agence Reuters. Des coups de feu ont été entendus alors que les soldats s’approchaient de la foule. En effet, le site de la chaine italienne «Rai News» citant l’agence Tass, a rapporté qu’une « fusillade intense » a lieu entre militaires et hommes armés devant la mairie d’Almaty. « Les troupes sont arrivées sur la place et ont commencé à évacuer les émeutiers », indique le reporter de l’agence russe. Les manifestants ont pris d’assaut et occupé le bâtiment de la municipalité, brisant les vitres et réussissant à pénétrer dans la mairie. Depuis hier, la police kazakhe a lancé à plusieurs reprises des grenades assourdissantes sur les milliers de manifestants qui sont descendus dans les rues. « La nuit dernière, des forces extrémistes ont tenté de prendre d’assaut les bâtiments administratifs, le département de police de la ville d’Almaty, les bureaux du district et les postes de police », a déclaré le porte-parole de la police Saltanat Azirbek à la télévision Khabar-24, « des dizaines d’assaillants ont été éliminés et leurs identités sont en train d’être d’établies. Le porte-parole a également exhorté les habitants à « éviter de quitter leur domicile pour assurer leur sécurité ».

Les manifestants s’étaient rassemblés sur une place de la ville et se dirigeaient vers le bâtiment principal de l’administration locale. Selon la police, qui a fait appel à la Garde nationale et à l’armée, ce sont des « extrémistes » en action qui ont pris le relais, et ont battu plusieurs centaines de civils. Le président Kassym-Jomart Tokayev contredit la version de la police, arguant qu’il existe des gens manipulés par des « puissances étrangères » qui veulent « faire exploser la stabilité » dans le pays et « briser l’unité » du peuple. Le président a appelé à l’intervention des casques bleus de l’OTSC, l’organisation du traité de sécurité collective, composée de six anciennes républiques soviétiques et dirigée par Moscou. L’annonce a été faite par le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan, l’actuel président de l’organisation. Une décision, a-t-il expliqué, prise par le conseil de sécurité collective de l’OTSC. Les casques bleus resteront au Kazakhstan « pour une période de temps limitée, dans le but de contribuer à la stabilisation et à la normalisation de la situation dans le pays ». Dans un communiqué, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) estime que les troubles en cours au Kazakhstan sont « en partie dus à une intervention étrangère ». Outre la Russie et le Kazakhstan, l’OTSC comprend l’Arménie, la Biélorussie, le Kirghizistan et le Tadjikistan. L’organisation a annoncé sa décision d’intervenir pour « stabiliser et normaliser la situation dans le pays » face aux « menaces pesant sur la sécurité nationale et à la souveraineté du Kazakhstan », causées « en partie par une intervention étrangère ». Le communiqué n’a pas fourni de détail quant au nombre de troupes envoyées ni sur les pays qui ont envoyé des militaires.

Les services Internet ont été bloqués dans l’ensemble du territoire, selon la société de surveillance britannique NetBlocks. La banque centrale kazakhe a suspendu les opérations des banques et des bourses du pays afin de protéger « la santé et la vie du personnel du secteur financier » tandis que des « opérations antiterroristes » sont en cours pour mettre fin aux troubles dans le pays, a indiqué l’attaché de presse de la Banque nationale Olzhas Ramazanov. L’arrêt n’est actuellement prévu que pour aujourd’hui, a-t-il ajouté.

Selon la chaine «france24» qui décrit une scène de chaos, l’uranium, dont le Kazakhstan est l’un des principaux producteurs mondiaux, a vu son prix fortement augmenter, tandis que le cours des actions des entreprises nationales s’est effondré à la bourse de Londres. Le pays est une place forte du « mining » de Bitcoin, qui connaît également une forte chute. Les affrontements ont fait plus d’un millier de blessés, d’après les autorités qui ont procédé à environ 2.000 arrestations à Almaty, ajoute la chaine française.

Dans la capitale kazakhe Nour-Soultan, en revanche, la situation est calme, où de longues files d’attente sont créées aux distributeurs automatiques pour tenter de retirer de l’argent, après que la banque centrale a annoncé la suspension des opérations, a rapporté l’agence Tass. Les rues sont bondées mais aucune protestation n’a eu lieu et la police patrouille dans la ville, ajoute le correspondant de l’agence russe.