(Rome, 29 décembre 2021). Les Émirats arabes unis (EAU) ont gelé la commande déjà approuvée par les États-Unis pour la fourniture de 50 chasseurs-bombardiers F-35A et de 18 avions armés sans pilote MQ9B Reaper, dans l’attente de nouvelles évaluations.
Un contrat de 23,4 milliards de dollars autorisé dans la dernière phase de l’administration Trump en guise de «récompense» pour la reconnaissance de l’État d’Israël par Abou Dhabi et l’ouverture de relations bilatérales entre la fédération arabe et Jérusalem (Accord d’Abraham), puis suspendu et finalement réapprouvé par l’administration Biden, qui avait toutefois conditionné la fourniture militaire, qui comprend également des missiles et des bombes guidés, à la réduction des relations entre les Émirats arabes unis et la Chine.
Selon la Rédaction du site italien d’Analyse et Défense «Analisi Difesa», ces relations sont intenses sur le plan commercial, mais qui voient également une forte présence chinoise dans le secteur des communications émiraties avec la société Huawei, qui s’est engagée depuis 2019 dans la création du réseau 5G qui verrait un usage militaire.
Le Congrès de Washington qui avait émis des réserves sur les garanties de secret des armes américaines fournies à Abou Dhabi, juge trop onéreuses les exigences de sécurité établies par les Etats-Unis pour protéger les secrets militaires de l’espionnage chinois.
En novembre, le Wall Street Journal a révélé que les services de renseignement américains soupçonnaient Pékin d’utiliser, à des fins d’espionnage, l’infrastructure de la compagnie maritime chinoise Cosco en construction dans le port Khalifa près d’Abou Dhabi.
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Le gouvernement des Émirats arabes unis a nié que cette infrastructure ait des tâches militaires mais a suspendu sa construction afin de ne pas irriter Washington. Il a en même temps annoncé le gel de la méga-commande dans l’aéronautique. Sans renoncer à la coopération militaire avec les USA, les EAU semblent donc vouloir conserver un maximum d’autonomie dans les décisions stratégiques et d’aucuns soulignent que le renoncement à la commande des F-35 et des Reaper faisait suite à la signature du contrat avec la France pour 80 chasseurs-bombardiers Rafale F4.
Le succès français, considéré par certains analystes comme une «revanche» à la fourniture de 12 sous-marins français à l’Australie, définitivement compromise par l’annonce de Canberra ayant suivi la signature de l’alliance entre les USA, la Grande-Bretagne et l’Australie (AUKUS), pourrait toutefois indiquer que les Émirats arabes unis (comme déjà l’Arabie saoudite), entendent équilibrer leurs relations stratégiques en termes d’acquisitions militaires, pour réduire la dépendance vis-à-vis d’un allié de plus en plus encombrant comme les États-Unis.
Notons que les Émirats arabes unis seraient le premier État arabe à recevoir les F-35, jusqu’à présent accordés uniquement à Israël dans la région du Moyen-Orient.