(Rome, Paris, 11 décembre 2021). Une annonce qui est passée inaperçue mais qui confirme cette guerre latente, une guerre « discrète », qui se livre dans les mers du Moyen-Orient entre l’Iran, les Etats-Unis et Israël. Comme le rapporte Lorenzo Vita dans le quotidien «Il Giornale/Inside Over», le ministère américain de la Justice a annoncé la saisie par la marine américaine de deux cargaisons massives de missiles iraniens et d’environ un million de barils de produits pétroliers. Selon la justice américaine, les opérations de saisie ont toutes deux eu lieu en mer d’Arabie. Selon Washington, le chargement d’armes – dont 171 missiles – était destiné aux combattants Houtis au Yémen. La cargaison de produits pétroliers, quant à elle, était conditionnée dans quatre pétroliers à destination du Venezuela. Le carburant confisqué a ensuite été vendu par le gouvernement américain lui-même pour environ 26 millions de dollars, qui ont été transférés au fonds pour les victimes du terrorisme.
Selon le procureur américain, il s’agit de la « plus grande confiscation jamais effectuée par le gouvernement américain de cargaisons de carburant et d’armes en provenance d’Iran ». Le procureur général adjoint Matthew G. Olsen a rapporté que ces deux actions ont frappé « de manière retentissante » le gouvernement iranien et le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, les Pasdaran. La date de la saisie de la cargaison de dérivés du pétrole n’a pas été précisée. Quant aux armes, le ministère de la Justice a révélé qu’il s’agit de confiscations effectuées entre 2019 et 2020. Sur le pétrole en revanche, aucun autre détail n’a été communiqué hormis celui sur les revenus de la confiscation. Un fleuve de dollars qui a atteint les coffres de l’administration américaine grâce aussi à l’intervention du FBI.
L’annonce des saisies d’armes et de pétrole intervient à un moment particulièrement complexe des relations triangulaires entre l’Iran, Israël et les États-Unis. Les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran se poursuivent à un rythme lent, même si la nouvelle de la reprise des négociations est arrivée le 9 décembre. Comme l’a confirmé Reuters, le département d’État américain a annoncé que l’envoyé spécial américain pour l’Iran, Rob Malley, arrivera à Vienne ce week-end. Et la nouvelle de la reprise des pourparlers a également été relayée par le délégué de l’Union européenne, Enrique Mora. Il s’agit de rencontres indirectes, étant donné que l’Iran refuse d’organiser des sommets avec les délégués américains, mais c’est néanmoins un premier signe de dialogue.
Le gouvernement israélien, dirigé par Naftali Bennett, a clairement fait savoir qu’il était irrité par ce qui a été réalisé au cours de ces mois de négociations et n’a pas caché sa colère face aux démarches de l’exécutif iranien. Les commandements des Forces de défense israéliennes ont émis des messages très précis sur les lignes rouges que l’Iran, selon eux, ne peut franchir, sous peine d’une montée de la tension dans l’ensemble de la région. Cette semaine, les médias d’État syriens ont signalé un bombardement du port de Lattaquié par des avions de chasse israéliens. Entre-temps, le ministre de la Défense Benny Gantz et le chef du Mossad David Barnea sont arrivés à Washington. Le but de la visite est d’étudier un plan alternatif en cas d’échec des négociations.
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Il s’agit peut-être d’une démarche visant à forcer l’Iran à négocier d’une manière plus concrète, une sorte de diplomatie parallèle alors que les négociations sur la reprise du format 5+1 se déroulent à Vienne, mais en tout cas, il s’agit d’un avertissement clair à l’establishment de Téhéran. Enfin, ajoute Lorenzo Vita dans son décryptage, une nouvelle indiscrétion vient également d’Israël. La chaine Kan, bien informée de ce qui se passe dans la défense du pays, a révélé que Tsahal prépare un maxi-exercice en Méditerranée au printemps prochain. L’utilisation de dizaines d’avions et la simulation d’un scénario très similaire à celui d’une éventuelle attaque visant les sites du programme nucléaire iranien, sont prévus. Comme le rapporte l’agence Agi, la chaine israélienne a également révélé que les combattants utilisés dans les manœuvres devraient parcourir la même distance qui existe entre l’État hébreu et l’Iran.