(Rome, Paris, 23 novembre 2021). « L’ampleur stupéfiante de la crise doit être un signal d’alarme. Il est urgent d’agir pour qu’aucun enfant ne souffre de la faim, ne tombe malade ou ne soit obligé de travailler au lieu de recevoir une éducation. » Yukie Mokuo, représentante d’UNICEF.
En l’absence de tout signe de relâchement de la crise au Liban, l’impact sur les enfants s’aggrave progressivement. Un nouveau sondage montre une augmentation du nombre d’enfants qui ont faim, qui doivent travailler pour subvenir aux besoins de leur famille et qui ne reçoivent pas les soins de santé dont ils ont besoin. Telles sont les conclusions du rapport d’UNICEF publié aujourd’hui et intitulé « Survivre sans l’essentiel ; l’impact toujours plus grave de la crise libanaise sur les enfants ».
Les chiffres montrent une détérioration spectaculaire des conditions de vie en six mois, plus de la moitié des familles ayant au moins un enfant qui a sauté un repas en septembre, contre près de 37 % en avril. Plus de 30 % des familles interrogées ont fait état de coupes dans les dépenses d’éducation (contre 26 % en avril).
De graves répercussions sur la santé des enfants
Face à une inflation galopante, une pauvreté croissante et des emplois de plus en plus rares, 40 % des familles ont dû vendre des articles ménagers (contre 33 % auparavant). Sept personnes sur dix ont dû acheter de la nourriture à crédit ou emprunter de l’argent pour pouvoir se nourrir, contre six sur dix en avril.
La crise a également de graves répercussions sur la santé des enfants. Près de 34 % des enfants qui avaient besoin de soins de santé primaires n’en ont pas bénéficié, contre 28 % en avril. Les prix des médicaments ont augmenté massivement, laissant de nombreuses familles dans l’incapacité de payer des soins de santé appropriés pour leurs enfants, alors que le pays est confronté à une pénurie de médicaments essentiels. Les prix ont encore augmenté après que le gouvernement a commencé, le 16 novembre, à lever progressivement les subventions sur certains types de médicaments, notamment les médicaments contre les maladies cardiaques, l’hypercholestérolémie et l’hypertension artérielle.
De nombreux ménages se sont vus contraints de recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs qui mettent souvent les enfants en danger. Près de 12 % des familles ayant participé à l’évaluation rapide d’UNICEF envoyaient les enfants au travail en septembre, contre près de 9 % en avril.
De la nécessité de mesures urgentes
Pour aggraver la situation, la crise de l’eau constitue une menace pour la santé publique. Plus de 45 % des familles n’ont pas eu suffisamment d’eau potable au moins une fois au cours des 30 jours précédant l’enquête, contre moins de 20 % en avril, dans 35 % des cas en raison du coût (contre 28 % auparavant).
Le Liban lutte simultanément contre l’une des pires dépressions économiques de l’histoire moderne, la pandémie de COVID-19 et les conséquences des explosions massives du port de Beyrouth en août 2020.
Des estimations récentes montrent que plus de 8 personnes sur 10 vivent dans la pauvreté et 34 % dans l’extrême pauvreté. Les chiffres sont encore plus sombres pour les familles de réfugiés syriens, avec près de 9 personnes sur 10 vivant dans l’extrême pauvreté.
« Le gouvernement doit prendre des mesures rapides pour préserver l’avenir des enfants. Il faut pour cela mettre en œuvre une expansion majeure des mesures de protection sociale, garantir l’accès à une éducation de qualité pour chaque enfant et renforcer les soins de santé primaires et les services de protection de l’enfance », déclare Yukie Mokuo, représentante d’UNICEF au Liban.