Irak: Moustafa al-Kadhimi visé par une tentative d’assassinat aux drones piégés

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(Rome, 07 novembre 2021). Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kadhimi a été la cible dans la nuit de samedi à dimanche à Bagdad d’une tentative d’assassinat aux drones piégés dont il est sorti indemne mais qui a blessé six de ses gardes du corps, a-t-on appris de sources sécuritaires
Dans une courte vidéo diffusée sur son compte Twitter, le chef du gouvernement, assis à son bureau et vêtu d’une chemise blanche, a appelé au calme et assuré qu’il allait bien. L’armée irakienne a confirmé dans un communiqué que Moustafa al-Kadhimi était « en bonne santé », sans plus de détails. Une information corroborée par deux responsables gouvernementaux qui ont précisé que la résidence du Premier ministre avait été visée par au moins une explosion. Six gardes du corps, qui se trouvaient à l’extérieur de la résidence, ont été blessés, selon les sources de l’agence Reuters. Un porte-parole du ministère irakien de l’Intérieur cité par l’agence officielle INA a précisé que trois drones avaient été utilisés pour l’attaque : deux ont été neutralisés par les forces de sécurité et un troisième a touché la résidence.
Les Etats-Unis offrent leur assistance
Les Etats-Unis ont rapidement condamné cette attaque, la première à viser la résidence de M. al-Kadhimi, au pouvoir depuis mai 2020. « Nous sommes soulagés d’apprendre que le premier ministre est indemne. Cet acte apparent de terrorisme, que nous condamnons fortement, visait le cœur de l’Etat irakien », a affirmé dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat, Ned Price. « Nous sommes en contact étroit avec les forces de sécurité irakiennes chargées de faire respecter la souveraineté et l’indépendance de l’Irak et avons offert notre assistance dans l’enquête sur cette attaque », a-t-il ajouté.
Fortes tensions politiques
L’attaque contre M. al-Kadhimi survient alors que le pays est traversé par de fortes tensions politiques liées aux élections législatives anticipées du 10 octobre. Depuis le scrutin, tous les partis négocient en coulisses la constitution de blocs parlementaires, la formation d’un gouvernement et, in fine, la désignation d’un premier ministre. Mais al-Kadhimi n’est pas officiellement candidat à sa succession, et certains responsables politiques le voient comme un recours crédible au cas où aucune autre personnalité n’émergerait des tractations.
Les «Unités de la Mobilisation populaire», al Hachd Al-Chaabi (UMP), une influente coalition de paramilitaires pro-iraniens, a contesté avec véhémence les résultats du scrutin et accuse le premier ministre de « complicité » dans la « fraude » électorale qui a vu la déroute de sa vitrine politique, la coalition Al-Fatih («la conquête»), lors des législatives du 10 octobre. Des partisans des UMP ont lancé deux sit-in à deux entrées de la « zone verte » en signe de protestation contre les élections. Qaïs Al-Khazali, le chef d’Asaïb Ahl al-Haq, l’un des principaux groupes pro-Iran des UMP, a condamné l’attaque qui a visé le premier ministre et demandé que ses auteurs soient « traduits en justice ».
La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, a condamné l’attaque dans une déclaration, soulignant que la France rejette « toute forme de déstabilisation du pays, de violence et d’intimidation ». Le président irakien, Barham Salih, a dénoncé sur Twitter un crime haineux. « Nous ne pouvons accepter que l’Irak soit (re)plongé dans le chaos ». L’influent leader chiite irakien Moqtada Al-Sadr a condamné pour sa part un attentat visant à « ramener l’Irak dans un état de chaos sous le contrôle de forces non étatiques ». La résidence du chef du gouvernement, au pouvoir depuis mai 2020, est située dans la « zone verte » de la capitale irakienne, enclave hautement sécurisée où se situent les ambassades étrangères et les bâtiments gouvernementaux.
Des diplomates occidentaux ont dit avoir entendu des explosions et des tirs dans ce secteur. Un porte-parole du chef d’état-major des forces armées irakiennes a déclaré que la situation sécuritaire était stable dans la zone verte depuis l’attaque. Des images diffusées par l’agence INA montrent les dégâts matériels causés à la résidence du Premier ministre, ainsi qu’une voiture endommagée, qui était garée devant la maison. L’attaque contre Moustafa al-Khadimi n’a pour l’heure pas été revendiquée.
Téhéran condamne (!!!) l’attentat
Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Ali Shamkhani, a condamné l’attaque contre le Premier ministre irakien sur Twitter, évoquant « une nouvelle sédition » liée à « des groupes étrangers ». Abou Ali Al-Askari, un responsable du Hezbollah irakien (Kata’ib Hezbollah), milice chiite soutenue par l’Iran, a démenti sur Telegram toute implication des groupes pro-iraniens hostiles à Moustafa Al-Kadhimi.