La marine américaine dans le détroit de Bab el-Mandeb

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(Rome, 23 octobre 2021). Pour la première fois depuis 7 ans, des dragueurs de mines de l’US-Navy ont effectué un passage dans le détroit stratégique de Bab el-Mandeb, en direction de la mer Rouge. L’opération intervient dans un contexte de multiplication d’attaques de plus en plus fréquentes au Yémen.

Selon la chaine «al-Arabiya English», le 21 octobre, le transit a été effectué pour affirmer les efforts internationaux visant à protéger la navigation et les routes maritimes et commerciales, malgré l’intensification des agressions de la milice houthie du Yémen. Selon Maria Grazia Rutigliano, analyste de recherche à l’Observatoire de la sécurité internationale «Sicurezza Internazionale», les navires anti-mines USS Sentry et USS Gladiator sont arrivés en mer Rouge lundi, marquant le premier transit en sept ans de la 5e flotte du Golfe vers la mer Rouge, a rapporté ainsi la 5e flotte le 20 octobre dans un message posté sur Twitter, faisant référence au lundi 18 octobre. « Sentry et Gladiator mènent des opérations de sécurité maritime et d’entraînement avec des partenaires régionaux », a ajouté le message.

Quant à l’opération américaine, il est important de souligner que le détroit de Bab el-Mandeb est un passage stratégique dans la région, reliant la mer Rouge au golfe d’Aden et à l’océan Indien. Sur la côte africaine, d’un côté, se trouve Djibouti et de l’autre, le Yémen. L’importance de ce détroit s’est considérablement accrue avec l’ouverture du canal de Suez en 1869, puis à la suite de la découverte du pétrole dans la péninsule arabique et enfin avec la croissance du commerce en provenance d’Asie de l’Est.

Bab el-Mandeb est aujourd’hui l’une des principales artères commerciales, reliant l’Europe à l’océan Indien et à l’Asie en général, en passant par l’Afrique de l’Est. En outre, compte tenu de sa situation géographique, la région, dont le Yémen, constitue une part importante de l’initiative chinoise «Belt and Road», également connue sous le nom de «nouvelle Route de la Soie». Une autre puissance régionale, les Émirats arabes unis, est entrée en scène, ce qui complique davantage la situation et empêche le gouvernement déchu du Yémen de traiter directement avec Pékin.

Concernant le transit de moyens militaires américains, il faut ajouter que c’est la première fois que le Pentagone effectue une opération avec ce type de navire de guerre dans la zone, depuis le début de la guerre entre le gouvernement yéménite internationalement reconnu et les milices Houthis, soutenues par l’Iran. Ce conflit a commencé le 21 septembre 2014, avec le coup d’État des rebelles chiites. Par ailleurs, depuis le 26 mars 2015, l’armée pro-gouvernementale est assistée par une coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite, également formée par les Émirats arabes unis, l’Égypte, le Soudan, la Jordanie, le Koweït et Bahreïn.

Enfin, il est important de souligner que l’opération s’inscrit dans le contexte des tensions accrues dans le pays, notamment dans la région de Ma’arib, située à l’est de la capitale Sana’a, qui est le théâtre, depuis une quinzaine de mois, d’une violente offensive. Celle-ci a été lancée par les rebelles Houthis, qui ont été accusés de vouloir résoudre militairement le conflit au Yémen. En effet, les attaques se sont intensifiées depuis le 21 septembre, lorsque des militants chiites ont imposé un siège sévère au district d’al-Abadiya, situé dans la région de Ma’rib, qui est le dernier bastion du gouvernement yéménite déchu.

Dans ce contexte, le 21 octobre, la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite a annoncé avoir lancé une opération militaire contre les Houthis directement sur la capitale Sanaa. Selon le communiqué du porte-parole de la coalition, le colonel Turki al-Maliki, cité par l’agence de presse saoudienne SPA, les forces armées de Riyad et leurs alliés tenteraient d’empêcher les rebelles chiites d’attaquer des civils et de mener des offensives contre des cibles clés du Royaume. Toutefois, il n’est pas exclu que l’opération dans la capitale s’inscrive dans le cadre de l’offensive en cours sur Marib, qui est désormais devenue l’épicentre du conflit.