Irak: le courant de Moqtada al-Sadr obtiendrait la majorité relative au Parlement

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(Rome, 11 octobre 2021). Le courant sadriste, du nom du leader chiite Moqtada al-Sadr, a revendiqué lundi 11 octobre 2021 la première place pour ses troupes au Parlement irakien, au lendemain de législatives anticipées marquées par une forte abstention. Des résultats préliminaires allant dans ce sens ont été communiqués en soirée. Ils peuvent encore évoluer.

La victoire du nationaliste Moqtada al-Sadr était attendue. Elle est aujourd’hui écrasante, rapporte la correspondante de RFI à Bagdad, Lucie Wassermann.

Pour l’heure, à la vue de ces premiers résultats, l’influent religieux chiite ne semble plus avoir de concurrent, alors qu’il était au coude-à-coude avec d’autres blocs en 2018.

«Le peuple doit célébrer cette victoire du plus gros bloc (…) sans causer de désagréments», s’est félicité dans une allocution télévisée M. Sadr.

En soirée, place Tahrir dans le centre de Bagdad, des sadristes se sont rassemblés munis de drapeaux nationaux, de fanions de leur mouvement et de portraits du chef.

Selon un responsable du courant sadriste, interrogé par l’Agence France-Presse, ce courant aurait obtenu « un nombre approximatif de 73 sièges », sur 329 au total.

Un responsable de la commission électorale, qui a requis l’anonymat, avait confirmé à l’AFP que le courant sadriste était « en tête », sur la base de résultats préliminaires.

Lors de la précédente mandature, le courant sadriste, déjà premier, détenait 54 députés au Parlement. Si ces résultats se confirment, ce serait une progression importante.

Ce lundi, la commission a publié petit à petit les résultats préliminaires dans chacune des 18 provinces d’Irak, dessinant la composition de ce Parlement à une chambre.

Les autres tendances de ces législatives

À noter la percée de l’Alliance de l’État de droit de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, qui espère 37 sièges, selon un responsable de ce mouvement.

Quant aux novices des nouveaux partis politiques, issus de la contestation de 2019, ils remporteraient une dizaine de sièges au Parlement. Personne ne l’envisageait.

Ces partis ont dû compter sur le soutien du mouvement, quand bien même fracturé. Une véritable force d’opposition pourrait donc peser, certainement une première.

En revanche, la deuxième force du Parlement sortant, la coalition du Hachd al-Chaabi, arrivée en 2018, semble perdre la moitié de ses troupes, selon des observateurs.

C’est un coup dur pour ce bloc du Fatah, soutenu par des groupes paramilitaires proches de l’Iran, et dont les leaders sont parmi les plus puissants du pays.

Le temps d’après-guerre contre Daech, qui leur avait profité en 2018, semble ainsi révolu. La base partisane de cette coalition s’est visiblement effritée.

Enfin, la commission a annoncé un taux de participation « préliminaire » de 41% sur plus de 22 millions d’électeurs irakiens inscrits, contre 44,52% officiellement en 2018.

Ces élections auraient dû avoir lieu en 2022. Elles ont été avancées après la contestation de 2019 contre la corruption, le marasme économique et la défaillance des services publics, un mouvement violemment réprimé.

Il s’agissait des cinquièmes législatives depuis 2003 et le renversement du dictateur Saddam Hussein, après l’invasion de l’Irak sous l’impulsion de George W. Bush.

(Radio France Internationale)