La crise énergétique freine la croissance chinoise

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Confronté aussi à une crise énergétique, le pays a réduit la fourniture d’électricité à de nombreuses industries alors que des foyers ont fait face à des coupures soudaines.

Du charbon plus rare, des limitations environnementales et des usines à plein régime : la Chine fait face à des coupures de courant qui pourraient freiner sa croissance économique.

Depuis plusieurs mois, les coupures se généralisent, pénalisant des millions de foyers ainsi que de nombreuses usines, dont des fournisseurs de grandes entreprises mondiales. Et à l’approche de la saison froide, la pénurie inquiète les autorités. Lors d’une réunion la semaine dernière, le gouvernement a appelé à « stabiliser les prix des matières premières afin de garantir l’approvisionnement en électricité et en gaz naturel pendant l’hiver ».

Au cours des derniers mois, au moins 17 régions, représentant 66% du PIB du pays, ont imposé des coupures d’électricité sous une forme ou sous une autre, mais visant principalement l’industrie, selon la banque de données Bloomberg Intelligence.

Limites aux émissions polluantes

Alors que le pays dépend à 60% du charbon pour sa production électrique, l’approvisionnement en houille est réduit par un embargo que Pékin a de facto imposé l’an dernier aux importations australiennes, dans le cadre des tensions bilatérales entre les deux pays. Parallèlement, le gouvernement a édicté des limites aux émissions polluantes des industriels dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Mais avec la reprise économique mondiale, nombre d’usines chinoises tournent à plein régime. Résultat, la demande d’électricité a dépassé au premier semestre ses niveaux d’avant la pandémie, selon l’Administration nationale de l’énergie. Quant aux prix du charbon, ils ont atteint en septembre des niveaux record. Et l’industrie chinoise comme étrangère est pénalisée.

Le taïwanais Unimicron Technology, fournisseur d’Apple, a ainsi révélé que ses sites dans deux régions de Chine continentale devaient stopper leur production de dimanche jusqu’à jeudi. Un sous-traitant du fabricant américain de voitures électriques Tesla a reçu un ordre similaire, selon un communiqué boursier.

Les courses à la bougie

Face à ce contexte, plusieurs banques internationales ont abaissé leur prévision de croissance économique : dans une note publiée mardi, l’américaine Goldman Sachs dit tabler désormais sur 7,8% pour la Chine cette année contre 8,2% auparavant, du fait des « importantes pressions » sur les industries lourdes. Dans les villes, les coupures se généralisent. À Pékin, les services d’alimentation en électricité ont annoncé des suspensions de service dans les prochains jours dans certains quartiers, évoquant des « travaux d’entretien » qui seraient sans lien avec la pénurie. Ces coupures pourront durer 10 heures dans certains cas. Mais c’est la « ceinture de la rouille », dans le nord-est du pays, avec ses milliers de cimenteries et d’usines sidérurgiques énergivores, qui semble parmi les régions les plus affectées. Dans une usine du Liaoning, 23 ouvriers ont été hospitalisés d’urgence pour une asphyxie au monoxyde de carbone, les ventilateurs ayant cessé de fonctionner à la suite d’une coupure de courant, a rapporté la télévision nationale.

Dans la capitale provinciale, Shenyang, des vidéos montrent des automobiles avançant dans l’obscurité, sans éclairage public ni feux de circulation. « Des coupures huit fois par jour et ça fait quatre jours que ça dure. Je n’en reviens pas », écrit un habitant sur les réseaux sociaux. Un autre internaute se plaint que les centres commerciaux ferment plus tôt et qu’une supérette doive s’éclairer à la bougie. « On se croirait en Corée du Nord… », écrit-il. (BFMTV)