Le navire espion russe qui met Londres en alerte

1
797

(Rome, 14 septembre 2021). C’est le navire espion le plus étudié de la flotte russe. Un véritable « observateur spécial » qui navigue des côtes des mers du Nord aux eaux bouillonnantes du golfe Persique. Là où une intervention urgente est nécessaire et liée aux fonds marins, qui ont tendance à être enveloppés de mystère, il est là. Et son arrivée est toujours vue avec inquiétude par les forces de l’OTAN, qui s’interrogent sur les véritables intentions d’un bateau qui, au mieux, n’est là que pour surveiller et provoquer les autres Marines. Dans le pire des cas, cependant, il se positionne là où se trouvent les câbles sous-marins et commence à surveiller les communications, à étudier leurs traces, voire à les saboter.

Le navire en question est le Yantar, et sa présence a été signalée par l’expert H.I. Sutton qui a rebondit sur les grands médias britanniques, comme le rapporte le site «Inside Over». Les journaux du Royaume s’y intéressent car le navire espion russe a été signalé dans les eaux de la Manche. Et après des semaines au cours desquelles il s’est déplacé dans l’Atlantique le long des côtes irlandaises, il s’est maintenant positionné dans cette étendue de mer entre les côtes anglaises et françaises qui est cruciale non seulement pour le passage des navires militaires britanniques, mais surtout pour le présence de câbles sous-marins qui relient à la fois les côtes européennes avec le Royaume-Uni, et l’Europe et la Grande-Bretagne avec les États-Unis. Des canaux de communication d’une importance fondamentale, capables de connecter les principales puissances de l’OTAN ainsi que d’alimenter le système Internet de tout le Royaume.

La présence du Yantar dans une zone comme celle de la Manche n’est pas une affaire secondaire pour Londres. Déjà en août, le navire espion s’était déplacé sur le tracé de plusieurs câbles sous-marins, mettant en alerte les marines impliquées dans le contrôle de ces infrastructures stratégiques, notamment irlandaise. Mais le véritable problème est que personne n’est actuellement en mesure de justifier avec certitude sa présence. D’autant plus que le Yantar, contrairement aux navires formellement « océanographiques », désactive cycliquement son système de localisation par satellite. Pendant des jours, le navire devient complètement invisible, n’apparaissant que lorsqu’il décide d’activer l’AIS et de montrer au monde où il se trouve.

En tout cas, le message envoyé par la Russie au Royaume-Uni semble clair. Même si les véritables intentions de l’équipage du navire espion sont inconnues. Partant de la base d’Olenya Guba, le Yantar est probablement dans la Manche pour deux raisons. D’une part, pour voir comment réagit la Royal Navy ; ce que le Kremlin décide de faire régulièrement, et de l’autre, pour « tester » les réactions de l’armée de l’air britannique lorsqu’elle survole le ciel près de l’Écosse et de la côte Est de l’Angleterre. En revanche, après avoir testé la réaction britannique, le navire semble presque vouloir avertir Londres de la possibilité que Moscou puisse heurter des câbles sous-marins à tout moment. Hypothèse qui ne peut certainement pas être prise à la légère, puisque le navire est également construit dans le but de heurter les fonds marins. Le Yantar, en effet, dispose également d’un petit sous-marin qui, si nécessaire, peut être utilisé pour couper des câbles. Et c’est aussi pour cette raison que, partout où il se trouve, il suscite l’inquiétude de toute Marine impliquée. De celle des États-Unis, qui ont repéré en 2015 le navire russe au large de Cuba, à celle des forces de l’OTAN en Méditerranée, qui ont trouvé en 2016 le joyau russe entre Chypre et la Syrie déterminé à « observer » les eaux bouillonnantes devant Lattaquié. Le dernier épisode, non loin de l’endroit où se trouve actuellement le navire espion, remonte à 2020, lorsque le navire russe s’est présenté devant la base française de Cherbourg peu avant que la Marine nationale ne teste les sous-marins de la classe Suffren. Un «salut » que Paris l’a trouvé certainement désagréable, bien que la Défense française ait nié tout lien.